Interview Rogers Sithole “Notre objectif est de créer une génération compétente et éduquée, prête à contribuer au futur du continent”
OneConnect propose des services et des solutions technologiques de pointe aux petites, moyennes et grandes entreprises en Afrique du Sud et à travers l'Afrique. Une initiative portée, avec passion, par Rogers Sithole, qui partage avec ANA sa vision et ses aspirations pour l'éducation en Afrique.
Propos recueillis par Dounia Ben Mohamed, à Kigali
Vous participez, cette année encore à eLearning Africa. Quel impact a eu cet événement sur vos activités ?
Au début, notre participation était modeste car nous n’étions pas sûrs. Pour les deux dernières éditions, nous avons beaucoup investi. L’impact est double : générer un pipeline de clients pour et l’impact réel de l’événement pour le continent. J’admire les organisateurs qui cherchent à promouvoir l’usage de la technologie pour une éducation avancée, ce qui est notre objectif. Ce qui est parfaitement aligné avec notre vision.
Justement, quelle était votre vision quand vous avez lancé OneConnect en 2009 ?
OneConnect est une entreprise africaine, née en Afrique du Sud. Nous comprenons les défis du continent car nous les avons vécus. Nous collaborons avec des partenaires pour personnaliser nos solutions pour l’Afrique. Nous avons des bureaux en Afrique du Sud, au Mozambique et au Kenya, et nous travaillons aussi au Ghana et au Nigéria.
Démocratiser l’éducation en Afrique est ma priorité. Chaque enfant doit avoir accès à une éducation de qualité, où qu’il soit. Nous devons utiliser la technologie pour combler le fossé entre les zones rurales et urbaines. Cela nécessite la collaboration des secteurs privé et public. Notre objectif est de créer une génération compétente et éduquée, prête à contribuer au futur du continent.
Quels sont les défis rencontrés pour “démocratiser” l’elearning en Afrique et comment vous y répondez ?
J’ai grandi avec les difficultés du continent. J’ai grandi en allant à l’école dans des environnements difficiles.J’ai compris en même temps l’importance de l’éducation. Je suis ici aujourd’hui avec vous parce que quelqu’un m’a sacrifié pour que je puisse aller à l’école. Donc je comprends ces défis. je suis dans une très bonne position pour comprendre les solutions que nous devons apporter au continent. Parce que j’y ai vécu.
Donc, en tant qu’Africains, nous développons nos solutions, en tant que “connecté”, on collabore avec des partenaires différents du reste du monde, il est important pour nous de customiser ces solutions pour l’Afrique. Et c’est ce que nous faisons.
Concrètement, vous développez ces solutions où, comment et avec quel impact ?
Notre siège est en Afrique du Sud, mais nous avons aussi un bureau à Maputo, au Mozambique. Nous avons aussi un bureau à Nairobi depuis 2013 pour servir le bloc d’Afrique australe. Nous travaillons aussi au Ghana et au Nigéria.
Vous travaillez avec… Donc, pour nous, c’est l’éducation.
Nous soutenons ce que nous appelons l’apprentissage de vie. Nous soutenons ce voyage d’apprentissage.
Nous collaborons à ce titre avec les universités sur le continent, avec les écoles sur le continent, avec les gouvernements, ou même les entreprises qui délivrent des formations également. Nous opérons ainsi dans le domaine de l’éducation, de l’enseignement et de l’apprentissage, pour tout le cycle de l’enseignement.
Pour généraliser l’elearning, le rôle du secteur public est indispensable. Comment convaincre l’enseignement “traditionnel” d’inviter la technologie dans l’école ?
Au début, il était difficile d’expliquer l’importance du digital dans l’éducation. Il faut impliquer les décideurs pour surmonter les défis, car l’éducation de qualité est la clé pour développer l’économie et résoudre d’autres problèmes comme la santé.
L’Unesco a indiqué que pour que l’Afrique atteigne ses objectifs,elle va devoir trouver 15 millions de professeurs. Cela renvoie à la formation des enseignants. D’où vont-ils venir ? Nous devons les former et les valoriser.
L’IA est en train de transformer le monde. 80% des métiers qui existent aujourd’hui vont disparaître. Comment l’elearning peut aider l’Afrique à répondre à ce défi ?
En Afrique, nous avons besoin d’emplois. Et laissez-moi vous dire, nos gouvernements, nos responsables publics, nos enseignants ont peur du changement. On doit comprendre que la technologie, l’IA, ne va pas supprimer des emplois, mais créer de nouveaux emplois. d’emplois. Aujourd’hui, nous pouvons avec l’IA générer un cours. Si vous êtes un professeur, vous n’avez plus à formuler votre cours. L’IA peut le faire pour vous. Mais votre travail maintenant, c’est d’évaluer la qualité de ce qui a été produit, et de se concentrer sur la distribution de l’enseignement et de l’apprentissage, ce qui est votre principal mission. Plutôt que de dire non, nous ne voulons pas que cette IA prenne notre travail, tâchons de nous y adapter. Nous devons nous former pour comprendre quels sont ces emplois. Et il faut prendre en compte le fait que l’on doit embrasser l’innovation, embrasser la technologie, pour ouvrir les possibilités de création d’emplois.
Pour conclure, parlons de votre futur. Quelles sont vos perspectives, vos ambitions pour l’année prochaine, vos priorités, vos défis ?
Ma perspective, ma vision et mes espoirs ne changent pas. Mon objectif est de démocratiser l’éducation en Afrique. Même à mon niveau, à petite échelle, nous devons le faire. Démocratiser l’éducation. Qu’est-ce que cela signifie ? Nous devons nous assurer que chaque enfant dans le continent ait accès à une bonne éducation de qualité, indépendamment de l’endroit où il se trouve sur le continent, y compris dans les zones rurales. Si nous demandons aux gouvernements, aux entreprises, d’y construire des écoles, cela va très cher, sans parler de l’impact de l’environnement, mais nous pouvons le faire avec la technologie. Nous pouvons utiliser la technologie pour limiter ce fossé entre les zones urbaines et les zones urbaines. Que les deux puissent avoir accès à la même éducation de qualité. Et si nous pouvons faire cela, nous créerons une génération d’individus éduqués et compétents qui seront utiles à notre continent qui seront le futur de notre continent. Nous sommes connus comme le continent avec le plus de ressources, nous avons une population jeune. Mais d’un point de vue d’éducation, de sa qualité, nous ne sommes pas au standard avec le reste du monde. Et nous allons avoir besoin de le faire. Et la seule façon de le faire, c’est si des entités privées, des entités publiques, viennent ensemble en partenariat pour se concentrer sur la démocratisation de l’éducation pour le pays. Je continue à plaider pour cela. Et nous allons continuer d’investir dans le continent, pour nous assurer que nous puissions démocratiser l’éducation. C’est ma vision.