Elu à la tête du Club des Hommes d’Affaires Franco-burkinabè le 1er février dernier, Philippe Prudent, directeur général de Total Burkina, a initié le 15 mars, un diner-débat entre les membres de son club et le ministre délégué au Budget. A cette occasion, il a confié, en exclusivité à ANA, les défis qu’il entend relever au cours de son mandat dans un contexte sécuritaire difficile au Burkina Faso.
Propos recueillis par Ibrahima Sanou, à Ouagadougou
Pouvez-vous nous présenter votre Club ?
Le Club, comme son nom l’indique, est une mise en commun, un rapprochement. C’est la diversité dans le monde économique. En fait, nous cherchons à recueillir les préoccupations de nos membres qui sont tous très actifs dans l’économie de ce pays. Puis à l’occasion de rencontres, tels que ce dîner-débat, nous échangeons avec les autorités, les membres du gouvernement de façon ouverte. La discussion de ce soir était particulièrement directe et transparente. Nous apportons nos préoccupations pour obtenir des réponses. C’est le but principal et à côté de cela, on a toujours plaisir à se retrouver, à échanger entre hommes d’affaire et élargir le cercle de nos membres.
Au cours du diner-débat, vous avez évoqué la question de la dette intérieure. Dans quelle mesure le sujet préoccupe le Club des hommes d’affaires Franco-burkinabè ?
Parmi les membres de ce Club, il y a bon nombre de sociétés qui sont directement concernées. C’est un sujet d’actualité. Madame le ministre du Budget nous a rassuré que d’énormes efforts sont entrepris pour essayer de combler le gap. Je crois que les membres du Club sont rassurés sur la motivation et l’engagement du gouvernement à traiter ces sujets-là.
Quels sont les défis que votre bureau entend relever au cours de votre mandat ?
D’abord, je remercie mon prédécesseur Mathieu Bayala pour le travail abattu au cours des deux dernières années qui a permis au Club de se porter convenablement et de poursuivre sa dynamique. Nous prévoyons de travailler sur quelques notions, la dynamique, l’attractivité du club, la visibilité, le côté social, … En somme faire du Club une référence pour l’extérieur. Nous prévoyons la mise en place d’un comité qui va prospecter de nouveaux membres pour permettre de renforcer notre présence dans le tissu économique et de renforcer notre représentativité. Nous voudrions mettre aussi en place un cadre de concertation des membres tout simplement pour savoir ce que nos membres attendent de cette organisation. Certes, nous avons déjà quelques idées mais nous pensons que ce cadre sera le lieu idéal pour permettre au plus grand nombre de participer à l’élaboration de notre feuille de route pour les deux années qui viennent. Nous n’avons pas encore défini, ni le format, ni le contenu mais on ne manquera pas le faire connaitre très vite. Pour la partie visibilité, nous avons un programme de visites assez conséquent. Nous avons lancé des demandes d’audiences auprès de différents ministères, partenaires, et cela suit son cours. Nous avons pour ambition de tisser des liens très forts avec d’autres clubs, ce qui a déjà commencé. Pour le volet social, nous imaginons un diner gala pour la levée des fonds afin de soutenir une cause qui reste à définir. Nous souhaitons aussi être un point d’entrée, un support pour d’éventuels investisseurs qui auraient besoin d’informations dans tel ou tel domaine. C’est un vaste programme qui reste à affiner. Toutes les bonnes volontés sont les bienvenus. Il suffit de se manifester, je sais que certains se sont déjà proposés pour participer activement à toutes ses réflexions et à l’orientation à donner à notre club.
Quel a été l’impact de la visite du président Macron sur les entreprises françaises au Burkina Faso ?
D’abord, je dirai que le fait que le président Macron ait choisi le Burkina Faso pour sa première véritable première visite officielle, est significatif et nous en avons tous été très fiers, en tant que membres de la communauté française. C’est pour nous un honneur de voir notre président commencer son périple par le Burkina Faso. Rien que pour ça, cela donne du boom au cœur. Je pense que sa visite a été un succès si j’en crois ce que j’entends, et pas uniquement au sein de la communauté française, mais chez les Burkinabès et les autres communautés étrangères. Unanimement, les gens ont apprécié la qualité de ses interventions. Du coup en tant que Français et responsable d’un grand groupe français, je suis satisfait de son passage et je pense que cela ne peut que conforter les relations qui existent entre les deux pays et l’intégration de nos sociétés d’origines françaises dans la société burkinabè.
On dit que l’argent a horreur du bruit. Vous en tant qu’homme d’affaire dans quel état d’esprit comptiez-vous mener vos activités dans un contexte sécuritaire difficile ?
C’est une bonne question qui va malheureusement être d’actualité pendant un bon moment parce que comme on dit, on n’est pas sorti de l’auberge même si ce matin (le 15 mars) le ministre du commerce et de la sécurité ont tenu un discours plutôt rassurant à l’endroit de la communauté économique lors de la réunion à la chambre de commerce. Force est quand même de constater que cela n’est pas forcément évident. Nous évoluons dans un contexte un peu instable en matière de sécurité. Je parlerai pour ma société, je constate que dans mon domaine d’activité, les autres grands groupes internationaux ont tous quitté le pays et le continent. Total est toujours là malgré les obstacles et tous ces problèmes de sécurité. Nous sommes là et restons débout. Le Burkina est débout et restera débout et nous serons là pour aider à ce que ce pays le reste.