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Interview Moustapha Sow « L’Afrique que nous voulons est l’Afrique que sa jeunesse construira !! »

La trentaine, Moustapha Sow appartient à cette nouvelle génération de leader africain, décomplexée, ambitieuse et résolument panafricaine. Fort d’une riche expérience dans le secteur bancaire international, ce dernier aurait pu se contenter d’une carrière confortable au Canada. Mais en 2012, il fait le choix du retour au pays, au Sénégal, pour contribuer au développement socio-économique du continent. Ancien Directeur Afrique d’ICIEC ; une filiale du groupe de la Banque Islamique de Développement, il vient de créer SF Capital, une banque d’affaires. Sa fondation également. Son leitmotiv : encourager l’entreprenariat des femmes et des jeunes. 

Propos recueillis par Dounia Ben Mohamed

 

Avant de revenir au Sénégal et de créer SF Capital, vous étiez installé au Canada où une carrière prometteuse vous attendait … Pourquoi ce choix du retour au pays ?

Parce que c’était le projet initial. Je suis né au Sénégal, j’ai grandi à Kaolack où j’ai fait mes études jusqu’au bac puis je suis  parti aux États-Unis. Le hasard a ensuite fait, alors que je n’avais pas pu obtenir mon visa d’étudiant, qu’une opportunité s’est offerte à moi, au Canada. J’y ai décroché un bachelor en sciences économiques à l’université de Montréal, et deux ans après un MBA en finance à l’université McGill.

J’avais alors déjà débuté ma carrière de banquier au sein de Citibank. Mais dès le départ, les choses étaient claires pour moi : je devais rentrer au Sénégal. Ce que j’ai fait, en 2012. Un choix difficile mais résolu. Après avoir passé plus de 4 ans en tant que Directeur Afrique d’ICIEC ; une filiale du groupe de la Banque Islamique de Développement,  j’ai alors créé SF Capital, un cabinet spécialisé dans le conseil en structuration de projets de développement et du commerce en Afrique. Un outil qui nous permet de prendre les choses en main, de construire l’Afrique que nous voulons. En parallèle, compte tenu du milieu d’où je viens, je voulais être impliqué dans le social et je viens à ce titre de créer la fondation Moustapha Sow, dont la vocation est d’aider les plus vulnérables dans un premier temps, à Kaolack, puis dans l’ensemble du pays, et ensuite en Afrique.

Vous avez fait une grande partie de votre carrière dans la finance. A ce niveau le paysage africain a beaucoup évolué. Mais le défi de l’inclusion financière reste entier…

Si on regarde le paysage africain aujourd’hui, les challenges sont encore énormes. Que ce soit d’ordre institutionnel, en terme de leadership, d’infrastructures, d’échange intra-Afrique… Mais tout est question de volonté et priorités. En ce qui concerne le leadership, on assiste à l’émergence d’une troisième génération de dirigeants.  La première étant arrivée aux affaires à l’indépendance, la deuxième est intermédiaire, et l’actuelle, incarnée par des personnalités telles que Paul Kagame, Nana Kufo-Addo, qui ont une lecture différente du continent, fait clairement évoluer les choses. Reste un défi, le besoin de financer notre développement. Avec deux volets, les infrastructures et le commerce. Sur les infrastructures, les progrès sont indéniables. Par exemple, au Sénégal, si on regarde sur ces dernières années, il y a eu d’importantes réalisations. Mais le challenge est toujours là…L’Afrique a besoin de 100 millards $ par an, 50 milliards à notre disposition sur lesquelles 70% sont financés par les États. Ils restent 50 milliards à aller chercher. Ils sont disponibles comme j’ai l’habitude de le dire. Mais le défi est de mettre en place des projets bancables. Le problème de notre continent c’est que trop souvent les projets sont mal ficelés. D’où l’importance de l’implication des banques d’affaires. A ce niveau les pays anglophones sont plus en avance, parce qu’ils ont cette culture de l’utilisation des banques d’affaires. L’Afrique a besoin aujourd’hui, beaucoup plus qu’avant, de cabinets de conseil pour mieux structurer les projets. Et cela, c’est le rôle des banques d’affaires. Nous avons le continent qui affiche le plus fort potentiel, la population la plus jeune, l’essentiel des ressources naturelles, la plus importantes terre érable au monde … Notre challenge désormais est de produire et surtout transformer ce que nous consommons. L’Afrique a besoin de s’industrialiser, d’exporter ses produits transformés localement. Et nous devons nous inspirer des dragons asiatiques.

Encore faut-il consommer ce que produit le voisin. Le commerce intra-Afrique, de l’ordre de 12%, est encore très faible…

C’est le second volet. Les échanges inter-Etats sont inférieurs à 15% ; très faible comparé au 50-60% dans les autres continents. Car nous sommes divisés. Nous devons trouver un mécanisme pour unifier le continent. Pour permettre au Sud-Africains d’investir au Sénégal, et vice-versa. Il y a un facteur historique, la colonisation qui a créée cette perception qu’il était impossible pour un Nigérian de faire du business au Sénégal parceque c’est un pays francophone. Les pays de l’Union Européenne ne partagent pas la même langue et ce n’est pas un frein. La langue n’est pas un problème, c’est un faux débat. Si aujourd’hui, nous Africains, n’avons pas la possibilité de commercer ensemble, les autres vont continuer à profiter de nous et de nos richesses. Pour que le commerce intra-Afrique puisse connaître l’évolution que nous souhaitons, le secteur public a le rôle le plus important, il a la responsabilité de mettre en place la législation adéquate. Les infrastructures également. Pour que le Sénégalais puisse aller en Côte d’Ivoire facilement. Que la marchandise puisse quitter le port de Tanger pour Lagos rapidement. Or, aujourd’hui cela coûte autant de faire Dakar-Abidjan que presque Dakar-Dubai. Ce qui est scandaleux ! Idem, il n’y a pas de route directe pour le transport de marchandise du Nigéria au Sénégal, pourtant nous sommes dans la même zone de libre échange économique. Le secteur privé doit également jouer son rôle. J’ai l’habitude d’interpeller mes amis Nigérians : « pourquoi vous ne voulez pas investir dans les pays francophones ? » Ils me répondent : « la barrière linguistique ». Ce qui pour moi, et je l’ai expliqué, n’est pas un problème. La volonté doit aussi émaner de l’acteur privé. En dehors de Dangote et quelques banques, nous n’avons pas d’hommes d’affaire Nigérians qui investissent au Sénégal ou ailleurs dans région. Ils doivent pourtant comprendre que leur marché, c’est l’Afrique ! A ce titre la politique du Maroc, volontaire et ambitieuse, est exemplaire.

Dans ce domaine, la Communauté des Etats d’Afrique de l’Est, avec un marché commun, une politique commune et bientôt une monnaie, s’affiche comme un modèle ? 

Nous avons deux exemples très différents. Celui de l’UEMOA, et l’EAC avec d’importantes différences entre les deux institutions. Les pays de l’UEMOA sont essentiellement liés par la langue, mais surtout la monnaie, le FCFA. On voit qu’il existe aujourd’hui un challenge énorme en termes d’échange. Avec un taux d’intégration de 9%, on est très loin de l’Afrique de l’Est avec ces 20%. En partie grâce à leurs infrastructures régionales. Le billet d’avion entre Nairobi et Kigali est à peine à 150 $, c’est dix fois plus entre les capitales d’Afrique de l’Ouest. Le travail mis en place par le secteur public dans cette région, matérialisé par les investissements nécessaires, leur donne une avance très importante. L’Afrique, en matière d’intégration a beaucoup à apprendre de cette région.

Vous évoquez le  Franc CFA. Considérez-vous, comme certain, qu’il est l’heure de passer à une nouvelle monnaie ? L’indépendance africaine passe-t-elle par la souveraineté monétaire ? 

Dire que le problème de l’Afrique se résume à la question monétaire est faux.  L’Union européenne,  avant de parler de l’euro, était déjà une zone avec un taux d’intégration très important. Le challenge n’est pas la monnaie. Il ne faut pas oublier que la monnaie commune vise en priorité à faciliter l’échange. Or comment échanger si les infrastructures ne sont pas disponibles. Nous en revenons au même problème.  Ce débat, autour du FCFA, reflète cette réalité. Je ne dis pas qu’on ne devra pas en parler, mais comme souvent en Afrique on met la charrue avant les boeufs. Le vrai défi est de définir nos priorités. Le FCFA, comme toute monnaie, apporte des avantages et des inconvénients. L’avantage étant bien évidemment la stabilité monétaire. On a pu voir ses dernières années que, les pays africains qui ont des monnaies flottantes comme le Nigeria, le Ghana, l’Ethiopie, le Kenya ou ceux dont l’économie est dépendante des matières premières notamment, ont connu des difficultés contrairement aux pays d’Afrique francophone. Le risque de transfert de change ou de convertibilité n’existe pas avec le CFA. Mais il faut voir aussi les limites. On a besoin d’importer et de s’industrialiser, aujourd’hui il est clair qu’une monnaie forte ne le favorise pas. Le fait que notre monnaie est arrimée à l’Euro, monnaie forte, pose un défi pour la transformation de nos économies. Il faudra rééquilibrer le mécanisme de l’arrimage pour permettre à l’Afrique de garder cette stabilité monétaire importante mais en même temps d’avoir une politique monétaire. Sur ce sujet, nous sommes tous concernés, nos Etats, le secteur, la France… Il faudra nous mettre autour d’une table pour revoir le mécanisme. Car, ce qui a été mis en place à l’indépendance n’est plus d’actualité, le monde a changé entre temps….

Restons sur les indépendances. A sa création l’OUA, devenu l’UA, avait pour objectif de porter l’indépendance des Etats africains naissants. Le bilan est plus que déplorable. L’heure de la réforme a sonné ? 

En ce qui me concerne, je suis arrivé à un stade où je commence à être confiant. Compte tenu de mon expérience ces dernières années en Afrique, j’ai vu les choses évoluer en Afrique. Et dans le bon sens. Y compris concernant l’Union Africaine. La ZLEC – Zone de Libre Echange Economique intra-Afrique ratifiée récemment est l’œuvre de l’UA. La route est longue certes. Depuis les indépendances, l’UA n’a pas joué un grand rôle, c’est certain. Si on continue à se tourner vers l’étranger, que ce soit la France, les Etats-Unis, ou l’Union Européenne, pour régler nos problèmes, c’est que l’UA a failli à sa mission. Là est le challenge ! Les problèmes des Africains doivent être réglés par les Africains. Ceci dit, il y a de quoi être optimiste. Quand on voit comment la CEDEAO a réglé la question gambienne, cela se veut rassurant quant à la capacité de notre continent à régler ses problèmes en interne. Mais à la condition de ne pas être sélectif. Si on reproche aux Occidents de n’intervenir qu’en fonction de leurs intérêts, on ne peut pas  en faire de même. Nous devons être cohérents dans notre démarche.

De part votre profil, vous incarnez l’avènement d’un nouveau leadership en Afrique. C’est cela qui va changer la donne sur le continent ? 

Je suis convaincu que le premier problème de l’Afrique est un manque de confiance des Africains envers leur propre continent.  La colonisation et l’esclavage sont passés par là. Mais comment réussir sans confiance en  nos propres capacités ?  Or, précisément aujourd’hui nous assistons à l’arrivée d’une génération qui croit en elle-même et en l’Afrique. Elle a étudiée dans les meilleures écoles internationales avant de revenir offrir son expertise à son continent. Comme je l’ai fait. Quelque soit le salaire que je pouvais avoir à l’étranger, j’étais convaincu que mon avenir était ici en Afrique. Ce nouveau leadership arrive avec des personnalités qui osent entreprendre et qui réussissent. Quand on voit le nombre de milliardaires en Afrique, des personnes qui n’ont pas hérités d’une fortune, mais qui l’ont obtenu par leur propre travail, il y a de quoi être fier et optimiste. L’Afrique a toujours été un continent où on nous a toujours fait comprendre qu’on n’était pas capable. Ce discours a tendance à changer aujourd’hui. Les Africains ont leur mot à dire. Ils ont fait  les mêmes écoles et les même instituions que ces mêmes qui font souvent croire que sans eux nous ne pourrons jamais y arriver. A partir de là le discours change. De plus en plus, on assiste à une Afrique où les personnes n’attendent plus grand chose des autres (l’exemple du Ghana avec la FMI), c’est un nouveau leadership qui entreprend, qui crée…

C’est la raison pour laquelle vous vous investissez auprès des jeunes, des femmes et de l’entreprenariat ? 

Effectivement. Aujourd’hui, quand on regarde en Afrique, surtout dans les pays francophones, ce sont les multinationales qui y sont les plus présentes. Or nous avons besoin de créer des champions nationaux. C’est pourquoi j’invite les autorités à mettre l’accent sur l’entreprenariat. Il est vrai, n’est pas entrepreneur qui veut. Avec la fondation, nous mettons l’accent notamment sur les femmes. Parce que l’Afrique est le seul continent où en dehors des capitales, ce sont souvent les femmes grâce à leurs activités  qui gèrent les dépenses quotidiennes. Maintenant, ces femmes il faut les accompagner, les former. Car je suis convaincue que pour créer une nation il faut mettre en avant ses femmes comme moteur de développement. C’est dans ce sens que nous avons mis en place une ligne de crédit pour accompagner les projets portés par des femmes qui n’auraient pu avoir accès à  un financement sans la garantie apporté par le fond. Nous sommes également en train de travailler sur la mise en place d’un programme pour accompagner les jeunes entrepreneurs. Car si un Marc Zuckerberg a réussi aux USA, d’autres peuvent en faire autant. Notre challenge est de remobiliser, donner confiance aux jeunes Africains. L’Afrique aujourd’hui offre des opportunités en or et c’est à nous Africains de les saisir !

Justement, vous qui avez fait le choix du retour, alors que les opportunités étaient nombreuses au Canada, quel message adressez-vous aux jeunes qui sont prêts à risquer leur vie pour un utopique eldorado européen ?

La personne qui quitte son pays, le fait pour deux raisons, des conditions de vie meilleure ou acquérir la connaissance ou l’expérience. Moi, quand j’ai quitté le Sénégal, je ne venais pas d’une famille aisée mais,  je suis parti pour acquérir la connaissance avant de rentrer chez moi. Il faut savoir qu’il y a des personnes en Afrique qui vivent des situations désespérées  et considèrent que la seule alternative c’est l’immigration parce qu’ils voient le voisin avoir réussi en Espagne ou en Italie. Mais je suis persuadé que combiner les mêmes montants dépensés pour partir et les mêmes efforts fournis dans les champs ou autres activités dans ces pays produiraient les même résultats ou même plus. Moi j’aurai pu rester au Canada j’avais un boulot de rêve, mais le futur pour moi était ici, j’ai toujours été convaincu que le développement de notre continent passerai uniques par ses fils et ses filles. Ce message aujourd’hui je l’adresse aux jeunes, pour qu’ils prennent confiance en eux, en l’Afrique qui se métamorphose. Si après leurs études, ils ne trouvent  pas de boulot qu’il le crée. Commencez quelque part ! Et surtout apprenez à aimer ce que vous faites! C’est le meilleur moyen de réussir. Quand on développe la passion dans ce qu’on fait, on est capable du meilleur. Le vendeur de pain pourra un jour créer sa chaine de « Au bon Pain » version Afrique, le serveur du restaurant son « McDonald », le mécanicien sa « Ford » pour l’Afrique, le financier sa « Goldman Sachs » version Africaine, etc.  Ayons confiance en notre continent ! Croyons que c’est nous, la jeunesse africaine, qui est l’avenir de ce continent et que sans nous l’Afrique ne pourra prospérer, c’et ça le message à adresser à une jeunesse africaine en mal d’espoir.

La clé du développement selon vous, reste l’éducation. Mais les modèles éducatifs africains sont-ils adaptés aux nouvelles ambitions affichés par le continent, par la nouvelle génération que vous incarnez ?  

Qui veut développer sa nation, éduque son peuple. Le problème c’est l’adaptation. Encore une fois, il y a legs historique. Nous avons toujours du mal à nous détacher de l’héritage colonial. Excepté certains pays, la plupart des programmes sont basés sur le système éducatif de nos anciens colons. Alors que l’Afrique n’est pas l’Europe. Il faut redéfinir aujourd’hui notre système éducatif et l’adapter par rapport à nos besoins et nos réalités. On n’enseigne pas certaines choses dans nos écoles qui pour moi sont essentielles à notre développement : une histoire de l’Afrique qui permet aux enfants de grandir avec une confiance en eux même et en leur continent ; une sorte de lavage de cerveau positive dans ce sens. L’entreprenariat pour moi est le secteur le plus important en matière de développement, alors pourquoi ne pas le mettre dans nos programmes scolaires. Apprenez-nous les cultures africaines ! C’est quoi l’Afrique ? De quoi croire en notre continent.. Le challenge est dans la refonte de notre modèle éducatif. A travers des matières en phase avec nos réalités. Les Européens ont conçu un système éducatif en fonction de leur besoin. Nous, nous avons d’autres challenges. Essayons de mettre en place des politiques éducatives adaptées.

Pour conclure, vous plaidez pour un nouveau concept, « The  Africa we want « . De quoi s’agit-t-il ?

Ce que l’Afrique veut, c’est rien de moins que ce que les Américains, les Européens veulent, c’est à dire une Afrique prospère, qui consomme ses produits, qui est traité d’égale à égale, unie, respectée, qui règle ses propres problèmes, ou les femmes sont plus valorisées et impliquées dans la gestion des affaires de la cite, où les jeunes ont leur chance et leur mot à dire, une Afrique qui a son mot à dire au niveau des plus grande instance de décisions mondiales. Cela, c’est nous les Africains qui allons le construire. On a tout ce qu’il faut ! L’économie, les ressources. Nous devons lutter contre ses transferts illicites, contre la corruption… Pour cela nous devons avoir les politiques publiques adaptées. On veut une Afrique plus démocratique où les leaders pensent à l’intérêt de leur pays avant les leurs.

Tout un programme… quasi-présidentiel. Vous nourrissez des ambitions politiques ? 

Je reste convaincu que ce n’est pas juste à travers la magistrature suprême qu’on peut uniquement participer au développement de son pays ou de son continent. Je pense juste que Dieu nous a tous crée avec une mission précise et pour moi la mienne c’est de guider cette jeunesse africaine à croire en elle-même, à croire que son destin est entre ses propres mains, que personne ne le fera pour elle. Cette jeunesse Africaine a plus que jamais les outils pour changer la cours de l’histoire… L’Afrique que nous voulons est l’Afrique que sa jeunesse construira !


 

Propos recueillis par Dounia Ben Mohamed
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