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Interview Ali Morsli “Nous devons valoriser et protéger nos ressources” 

Pionnier dans l’écosystème numérique algérien, Ali Morsli est à la tête d’Icosnet une entreprise qui opère depuis 24 ans, dans les télécoms. De l’accès à internet au cloud computing en passant par les services de collaboration et de cyber sécurité, Icosnet connaît une évolution de son activité en phase avec celle d’un secteur et du marché Algérien. 

Propos recueillis par Dounia Ben Mohamed

Ali, vous êtes à la tête d’une entreprise pionnière dans le secteur des TICs en Algérie. Quel est votre positionnement sur ce marché aujourd’hui ? 

Icosnet est un opérateur télécom privé Algérien, présent sur le marché depuis 1999.

Avec une stratégie axée sur le développement continuel et l’innovation, l’entreprise a diversifié ses domaines d’expertises au fil des années jusqu’à se positionner sur 4 métiers distincts allant de la connectivité aux solutions de collaborations, cyber sécurité et Cloud Computing avec deux data centers propre à Icosnet installés en Algérie.

Nous étions parmi les premiers lors de l’ouverture du marché des télécoms en Algérie à nous positionner sur ces derniers. 

Nous disposons de 34 points de présence en Algérie et trois points à l’international. 

Actuellement, on est en train de s’ouvrir sur le continent, compte tenu de notre longue expérience dans le domaine, on cherche à partager notre expertise avec d’éventuels partenaires en Afrique. 

Nous tentons d’agir activement pour faire aboutir un projet d’envergure régionale qui est le projet de la Transsaharienne en fibre optique qui arrive aux frontières nigériennes et est planifié d’atteindre le Nigeria, nous souhaitons, en collaboration d’acteur locaux arriver à offrir une option alternative performante et sécurisante aux câbles sous-marins pour la connectivité ascendante vers internet.

Un projet ambitieux qui doit participer à l’inter connectivité régionale. Un défi. Un préalable à la transformation digitale du continent ? 

Les entreprises africaines se tournent de plus en plus vers les technologies digitales pour améliorer leur productivité, leur rentabilité et offre une certaine souveraineté et indépendance par le contrôle plus poussé de l’infrastructure névralgiques de communication sur le plan régional

Nous aspirons à mettre en place des infrastructures de télécommunications performantes et résilientes, bien intégrées dans les flux mondiaux et les optimise. 

En effet, quand on se rend compte que malheureusement, les communications entre les pays africains, même voisins, se font à travers l’Europe, ce qui coûte cher et pose problème en termes de souveraineté des données. Il appartient donc aux Africains de prendre en charge cela pour améliorer leur compétitivité et leur souveraineté. 

Au-delà des infrastructures de communications et de stockage des données, Icosnet œuvre aussi pour faire partie et contribuer à la construction d’un réseau d’experts Africains dans l’objectif de digitaliser davantage le continent en passant par la densification du maillage de connectivité inter-pays Africains et sa sécurisation. 

Ceci passe par l’optimisation des services offerts en ligne spécifiquement pensés pour le secteur économique et les populations de la région et qui doivent considérer et respecter les spécificités.

Un réseau d’experts régionaux doit être identifié et toute l’Afrique doit capitaliser dessus afin qu’elle prenne en main son avenir et le construise pour ses propres enfants.

C’est ainsi que nous arriverons à transformer le continent, en travaillant ensemble. 

Vous évoquez la question du stockage des données, l’un des principaux enjeux du numérique. Sommes-nous prêts à y faire face en Afrique ? 

Le premier point important c’est la sensibilisation. Aujourd’hui, certains pays ou institutions voient la transformation numérique et la numérisation comme un effet de mode. En réalité, c’est un nouveau paradigme qui est en train de s’instaurer de manière silencieuse et de changer le mind set. La première des choses est de sensibiliser et faire comprendre ce qu’est cette révolution numérique. Nous sommes en train de vivre une révolution qui est en train de tout changer, une nouvelle intelligence collective, ce n’est pas juste un nouvel outil ou une numérisation des actes physiques. C’est cela mais beaucoup plus. Il faut monter dans ce train avant qui ne soit trop tard sinon on risque une nouvelle forme de colonisation qui est la colonisation numérique. 

Le Cloud étant le levier principal qui supporte toute politique de digitalisation rationnelle, notre expertise permet de fournir des services en Cloud managés et destinés aux métiers verticaux algériens dans l’hôtellerie, l’éducation, les Web marchands, les E-commerçants et les startups technologiques.

Ces services sont renforcés par le recours un réseau dense de partenaires / éditeurs locaux et internationaux très agiles et répondent aux besoins et les cas d’usages les plus particuliers, ce modèle de personnalisation et d’agilité est évidemment reproductible.

Pour cela, l’autre défi, ce sont les compétences humaines. Comment les préparer à cette 4ème révolution qui sera portée par l’IA ? 

Ce qui est important dans cette révolution c’est qu’elle se base sur le savoir et sur l’humain. On assiste souvent, impuissants, au départ massif de compétences formées localement car elles se retrouvent dans un environnement sans stratégie claire pour elles, sans vision globale, donc sans projet de vie et sans aucune autre forme de motivation que celle de l’attachement à la patrie. Ces ressources font le bonheur et la richesse de ceux qui arrivent à les motiver et à les intéresser par des projets ambitieux à la hauteur de leurs aspirations et de leur savoir. Nous devons impérativement protéger nos ressources et arriver à les inscrire dans une stratégie globale, dans un environnement favorable. Il faut absolument valoriser la ressource humaine car c’est un des piliers de la réussite d’une digitalisation régionale. 

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