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Industries culturelles et créatives :  un levier d’influence à exploiter

Les industries culturelles et créatives en Afrique connaissent un essor remarquable, devenant un moteur économique incontournable. En créant des emplois et en valorisant le patrimoine culturel, elles redéfinissent l'image du continent à l'international. Encore faut-il les structurer, les promouvoir et les financer. La vocation du Canex entre autres, dont la dernière édition s’est tenue à Alger du 16 au 19 octobre 2024, porté par Afreximbank.

Un récent rapport intitulé « Le coût de la partialité des médias : l’impact économique des reportages négatifs sur l’Afrique”, révèle que l’Afrique pourrait perdre jusqu’à 4,2 milliards de dollars par an en paiements d’intérêts gonflés sur ses prêts en raison de stéréotypes négatifs persistants dans la couverture médiatique mondiale. Une représentation négative qui accroît le risque perçu chez les investisseurs, entraînant des coûts d’emprunt plus élevés pour les États africains, qui sont injustement qualifiés de pays à haut risque malgré des notations de crédit comparables à celles de leurs homologues non africains. S’attaquer à ce biais médiatique est essentiel pour réduire les coûts d’emprunt et garantir un traitement financier équitable pour l’Afrique.

C’est tout l’enjeu des industries créatives et culturelles. Dans les médias, mais également l’industrie de la mode, le cinéma ou encore l’animation et l’e-sport, les ICC participent à changer le narratif sur l’Afrique. Mieux, elles présentent l’Afrique telle qu’elle est perçue par les Africains. Ce qui change clairement la donne. Un nouveau narratif qui a donc un réel impact sur l’économie. D’où l’intérêt d’Afreximbank. Depuis plusieurs années, la banque du commerce africain, promeut et accompagne le secteur. Lequel, s’il reste à structurer, professionnaliser, financer, est en plein essor.

Depuis 2001, l’industrie de la musique en Afrique subsaharienne génère davantage de revenus que le coton, le tabac ou encore le café-cacao

@BK Arena

Au cours de la dernière décennie, les industries culturelles et créatives (ICC) en Afrique ont enregistré une croissance significative. De la musique au cinéma, en passant par la mode et l’art, ces secteurs contribuent de manière substantielle au produit intérieur brut (PIB) des pays africains. Par exemple, la musique africaine, portée par des artistes comme Burna Boy et Angelique Kidjo, atteint des millions de fans à travers le monde, générant des revenus importants.

Les études de la Cnuced (Conférence des Nations Unies sur le Commerce Et le Développement) ont révélé que, depuis 2001, l’industrie de la musique en Afrique subsaharienne génère davantage de revenus que le coton, le tabac ou encore le café-cacao.  De même, un rapport de PwC annonçait que le marché africain du divertissement connaîtrait une croissance annuelle de 15 % entre 2020 et 2025, pour atteindre 4,6 milliards de dollars. En outre, le secteur du sport du continent, évalué à environ 7 milliards de dollars en 2018, devrait dépasser les 12 milliards de dollars d’ici 2027.

De fait, la demande mondiale de biens culturels croît régulièrement, depuis plus de vingt ans, avec un taux de 6 %, selon les Nations Unies. Les pays africains pourraient bénéficier des retombées positives de l’émergence d’un secteur en pleine croissance. La croissance des industries culturelles et créatives représente 7 % du produit intérieur brut (PIB) mondial. A l’échelle du continent, le secteur de la culture offre, de plus en plus, d’opportunités. En tant que pourvoyeur d’emplois notamment.

Un important vivier d’emploi

@Campus AFD

Selon les estimations, les moins de vingt-cinq ans représenteront 830 millions de personnes sur le continent africain en 2050. Alors qu’entre dix et douze millions de jeunes entrent, chaque année, sur le marché du travail, seuls 3,1 millions d’emplois sont créés. Les métiers de la culture s’affirment, plus que jamais, comme un important vivier d’emplois. Et un relais de croissance pour des économies africaines en quête de diversification et de reprise.

D’autant que les jeunes entrepreneurs émergent avec des idées novatrices, allant des start-ups de design aux plateformes de streaming musical, contribuant ainsi à dynamiser l’économie locale. Grâce à l’innovation technologique qui joue un rôle clé dans l’essor des ICC. Avec l’avènement de l’Internet et des plateformes numériques, les créateurs africains peuvent atteindre un public mondial sans intermédiaire. Cela permet non seulement de diversifier les sources de revenus, mais aussi de promouvoir la culture locale sur des scènes internationales. Des plateformes comme YouTube et Spotify ont permis à de nombreux artistes de se faire connaître et de monétiser leur travail, transformant ainsi leur passion en profession.

Reste que si l’Afrique se confirme comme une terre de créativités et source d’inspiration, elle  ne représente pourtant que 5% du marché mondial des industries culturelles et créatives

@Canex 2024

Reste que si l’Afrique se confirme comme une terre de créativités et source d’inspiration, elle  ne représente que 5% du marché mondial des industries culturelles et créatives. Un marché évalué à 2,25 milliards de dollars par an. Si les initiatives se multiplient pour transformer le potentiel du continent en croissance et en emplois, des défis subsistent. L’absence de politiques publiques adaptées, d’accès aux financements, de professionnels formés aux nouvelles technologies, sur toute la chaîne de valeur, limitent les opportunités de développement dans un marché mondial en pleine expansion.

La question du financement, c’est l’enjeu majeur du Creative Africa Nexus Weekend (CANEX WKND) 2024, dont la dernière édition se tenait à Alger du 16 au 19 octobre 2024. Porté par Afreximbank, l’évènement est considéré comme l’un des plus importants rassemblements culturels et économiques du continent. “ Nous voyons d’énormes opportunités de croissance pour les industries créatives… L’initiative CANEX représente un moyen puissant de réaliser l’aspiration cinq de l’Agenda 2063 de l’Afrique” confirme Kanayo Awani, vice-présidente exécutive d’Afreximbank.

Preuve de son soutien à l’industrie, elle a annoncé que la Banque a doublé son financement alloué à ces secteurs, passant de 1 milliard à 2 milliards de dollars pour les trois prochaines années. Cette augmentation répond à la demande croissante en matière de financement, notamment dans la production cinématographique, musicale et sportive. « Afreximbank a soutenu diverses activités dans le secteur créatif, avec un solide pipeline d’accords créatifs de plus de 600 millions de dollars », a-t-elle souligné au passage.

En outre, Afreximbank a créé un fonds de capital-risque de 100 millions de dollars pour commercialiser les droits de propriété intellectuelle africains. Les investissements de la banque ont déjà facilité la production de films, souvent en collaboration avec des plateformes comme Netflix, et soutenu le développement d’arènes sportives et de technologies de jeu. Le soutien d’Afreximbank aux industries créatives comprend également le financement de projets emblématiques, tels que la construction de stades et le soutien à des productions musicales. Par exemple, la CANEX Music Factory a facilité la création de 32 chansons originales, avec un album prévu pour novembre sur des plateformes comme iTunes et Spotify.

D’ici 2030, l’Afrique pourrait représenter jusqu’à 10 % des exportations mondiales de biens créatifs, soit environ 200 milliards de dollars, représentant 4 % du PIB africain

@Nexal

Les statistiques révèlent également le potentiel économique des industries créatives : d’ici 2030, l’Afrique pourrait représenter jusqu’à 10 % des exportations mondiales de biens créatifs, soit environ 200 milliards de dollars, représentant 4 % du PIB africain. Ce potentiel a conduit Afreximbank à adopter une approche proactive pour catalyser le secteur, contribuant ainsi à la croissance économique et à la création d’emplois.

“ Ce qui différencie CANEX des autres initiatives, c’est son approche holistique. Elle travaille avec les gouvernements, avec l’UA, avec d’autres institutions financières, avec la diaspora à l’échelle mondiale, pour apporter les changements systémiques nécessaires” ajoute Kanayo Awani.

Même si d’autres s’intéressent également au secteur. La Francophonie, l’Unesco ou encore l’UEMOA qui a récemment annoncé la création d’un Fonds Crédit Culture de 20 milliards FCFA (33 millions USD) pour soutenir les entreprises culturelles et créatives.

Une réappropriation du narratif

En attendant,  l’émergence de nouvelles pratiques culturelles, en favorisant les activités créatives numériques, telles que le gaming ou l’e-sport, ouvrent de nouvelles perspectives. Des domaines qui nécessitent moins d’investissements financiers. De quoi faire de l’Afrique un marché de plus en plus attractif pour les leaders mondiaux du secteur. Dans lequel les acteurs locaux se font de plus en plus présents, participant à changer le narratif sur l’Afrique.

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