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IDE : record en 2024, mais où va l’argent ?

Selon le dernier Rapport sur l'investissement dans le monde publié par la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED), les investissements directs étrangers (IDE) en Afrique ont atteint un record de 97 milliards de dollars en 2024, grâce à des politiques de libéralisation et de facilitation. Pourtant, malgré cette progression, de nombreux défis subsistent pour canaliser ces flux vers les secteurs clés du développement.

Selon le dernier Rapport sur l’investissement dans le monde publié par la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED), les IDE en Afrique ont connu une hausse spectaculaire de 75 % en 2024, atteignant un niveau inédit de 97 milliards de dollars. Cette forte augmentation s’explique principalement par un accord international massif de financement de projets de développement urbain en Égypte, un moteur majeur de cette dynamique.

Même hors cet effet ponctuel, le continent a enregistré une progression de 12 % des flux d’IDE, pour atteindre environ 62 milliards de dollars, ce qui représente désormais près de 4 % des investissements mondiaux. Cette croissance contraste avec la tendance mondiale, où les IDE ont reculé de 11 % pour la deuxième année consécutive, soulignant le ralentissement global des capitaux productifs dans un contexte économique international incertain.

Une Afrique qui attire malgré un contexte mondial difficile

La baisse des IDE observée dans les économies développées, notamment en Europe, reflète des incertitudes économiques et des risques géopolitiques qui incitent les investisseurs à la prudence. Dans les pays en développement, la stabilité apparente des flux masque une situation complexe : les capitaux stagnent souvent ou sont dirigés vers des secteurs moins structurants.

Rebeca Grynspan, Secrétaire générale de la CNUCED, résume cette problématique :
 « Trop d’économies sont laissées pour compte, non pas parce qu’elles manquent de potentiel, mais parce que le système continue d’acheminer les capitaux là où c’est le plus facile, et non là où ils sont nécessaires. »

Cette réalité souligne l’importance pour l’Afrique de renforcer ses politiques d’attraction et de facilitation des investissements. En 2024, 36 % des mesures politiques adoptées sur le continent étaient dédiées à la facilitation des investissements, tandis que la libéralisation représentait environ 20 % des initiatives, témoignant d’un engagement fort à améliorer le climat des affaires.

Investisseurs européens en tête

Source : UNCTAD

Le rapport révèle que les investisseurs européens détiennent toujours le plus grand stock d’IDE en Afrique, suivis des États-Unis et de la Chine. Les investissements chinois, évalués à 42 milliards de dollars, se diversifient notamment dans les secteurs pharmaceutiques et agroalimentaires. Un tiers des projets liés à l’initiative Belt and Road se concentre désormais sur les infrastructures sociales et les énergies renouvelables, une tendance qui confirme la montée en puissance de ces secteurs sur le continent.

L’Afrique du Nord tire particulièrement son épingle du jeu : en 2024, les IDE ont progressé de manière significative, avec la Tunisie (+21 % à 936 millions de dollars) et le Maroc (+55 % à 1,6 milliard de dollars) affichant des performances remarquables. L’Égypte, grâce à ses projets de développement urbain, reste la locomotive régionale, notamment avec un doublement des engagements en financement de projets internationaux (IPF).

Le secteur des énergies renouvelables est le seul à afficher une croissance nette, avec sept contrats majeurs d’une valeur approximative de 17 milliards de dollars, principalement pour des projets de câbles électriques offshore, ainsi que des centrales solaires et éoliennes en Égypte. Cette dynamique s’étend à d’autres pays comme la Tunisie, le Maroc et la Namibie, où des projets similaires ont vu le jour.

Un paradoxe entre croissance et nouveaux projets

Malgré la hausse globale des investissements, le rapport souligne une baisse de 5 % du nombre d’annonces de nouveaux projets en Afrique, accompagnée d’un recul de 37 % de leur valeur, passant de 178 milliards de dollars en 2023 à 113 milliards en 2024. Cette baisse touche la majorité des pays, à l’exception notable de l’Afrique du Nord, où les investissements dans de nouveaux projets ont augmenté de 12 %, représentant désormais les deux tiers des dépenses continentales.

Sur le plan sectoriel, la construction et les produits métalliques enregistrent les plus fortes hausses d’investissements pour les projets entièrement nouveaux. En revanche, les projets d’approvisionnement en électricité et en gaz ont connu un recul sévère de 51 milliards de dollars.

Par ailleurs, les fusions et acquisitions transfrontalières, qui comptent généralement pour environ 15 % des IDE en Afrique, sont devenues négatives, illustrant une prudence accrue des investisseurs dans ce domaine.

Il est essentiel que ces flux de capitaux soient orientés vers les secteurs à fort impact : infrastructures, énergie, technologies, industrie, qui sont les piliers d’une croissance inclusive et durable

L’essor des investissements étrangers en Afrique représente une opportunité majeure pour accélérer la transformation économique et sociale du continent. Cependant, comme le souligne la CNUCED, il est essentiel que ces flux de capitaux soient orientés vers les secteurs à fort impact : infrastructures, énergie, technologies, industrie, qui sont les piliers d’une croissance inclusive et durable.

Le continent doit poursuivre ses efforts en matière de libéralisation économique, simplification administrative et amélioration du climat des affaires pour capter davantage de ces investissements, tout en veillant à la durabilité environnementale et sociale.

Enfin, l’intégration régionale, la diversification des partenaires et la montée en compétence des acteurs locaux sont indispensables pour maximiser les retombées positives de ces capitaux.

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