IA : le Rwanda s’associe aux Émirats Arabes Unis et à la Malaisie pour booster son écosystème technologique
Le Rwanda franchit une nouvelle étape dans son ambition de devenir un leader africain de l'intelligence artificielle. Grâce à un accord signé avec les Émirats Arabes Unis et la Malaisie, le pays s'engage à renforcer son écosystème IA, en favorisant l'innovation, la formation et les synergies internationales.

L’intelligence artificielle (IA) est en passe de remodeler les économies mondiales, redéfinissant les modèles de production, d’éducation, de gouvernance et même de santé publique. Dans cette course mondiale, l’Afrique ne veut pas rester à la traîne, et le Rwanda se positionne comme l’un des fers de lance de cette transformation technologique sur le continent.

Le 23 avril 2025, à l’occasion de la Dubai AI Week, Kigali a franchi une nouvelle étape en matière de coopération internationale. Le pays a signé un protocole d’accord avec les Centres pour la quatrième révolution industrielle (C4IR) des Émirats arabes unis et de la Malaisie. Ce partenariat, conclu par l’ambassadeur John Mirenge au nom du gouvernement rwandais, vise à renforcer la collaboration autour du développement de l’IA, à travers des initiatives partagées dans les domaines de la gouvernance, de l’innovation technologique et de la formation.
Une stratégie soutenue par la Vision 2050

Depuis 2022, le Rwanda s’est doté de son propre Centre pour la quatrième révolution industrielle (C4IR Rwanda), créé en partenariat avec le Forum économique mondial. Ce centre pilote actuellement plusieurs projets de réglementation et d’expérimentation autour de l’IA. Récemment, Kigali a lancé un plan ambitieux visant à développer 50 applications d’intelligence artificielle sur une période de quatre ans, avec un impact ciblé dans des secteurs comme la santé, l’agriculture, l’éducation, la finance et l’administration publique.
Ce programme s’inscrit dans le cadre plus large de la stratégie numérique du Rwanda, alignée sur la Vision 2050, qui ambitionne de transformer le pays en une économie fondée sur le savoir. Selon le ministère des Technologies de l’Information et de la Communication, l’économie numérique pourrait représenter près de 10 % du PIB rwandais d’ici 2030.
L’IA doit être un outil de développement inclusif, pas un facteur de fracture numérique

Le protocole d’accord signé à Dubaï marque également une volonté de mutualiser les forces. Les Émirats arabes unis, précurseurs dans l’intégration de l’IA dans les services publics — notamment à Dubaï, qui a nommé dès 2017 un ministre de l’intelligence artificielle —, apporteront leur expertise dans la gouvernance algorithmique. De son côté, la Malaisie est reconnue pour ses programmes d’innovation appliquée à l’industrie et à l’éducation technologique.
« L’IA doit être un outil de développement inclusif, pas un facteur de fracture numérique », a rappelé Paula Ingabire, ministre rwandaise des TIC et de l’Innovation, lors du dernier Sommet mondial sur l’IA en Afrique, tenu à Kigali. Cet événement a réuni plusieurs centaines d’experts internationaux, de représentants gouvernementaux et d’acteurs du secteur privé, témoignant de la place croissante du Rwanda dans les discussions globales sur la gouvernance technologique.
Nous ne devons pas être de simples consommateurs de l’innovation mondiale, mais en devenir des co-auteurs
Au-delà des aspects économiques, le Rwanda défend une vision de l’IA centrée sur l’humain. Les initiatives prévues dans le cadre du nouvel accord mettront l’accent sur la formation des jeunes, l’éthique des données, et l’accessibilité des technologies aux populations rurales. Un programme de bourses dédié à l’IA a d’ailleurs déjà permis à une première cohorte de talents rwandais de se former à l’étranger.
Le défi reste immense. Selon l’Union internationale des télécommunications (UIT), seulement 22 % des Africains avaient accès à Internet en 2023, un prérequis pourtant essentiel à l’adoption de solutions d’IA. D’où l’importance pour le Rwanda de nouer des alliances capables de combler rapidement ces écarts.
À travers ces efforts, Kigali ambitionne de devenir un hub technologique continental, tout en contribuant à un modèle africain d’IA responsable. Comme le résume le président Paul Kagame : « Nous ne devons pas être de simples consommateurs de l’innovation mondiale, mais en devenir des co-auteurs ».