IA : des opportunités existent pour une croissance inclusive en Afrique
L'Agence française de développement (AFD) a récemment publié un rapport essentiel sur le potentiel des investissements en intelligence artificielle (IA) pour favoriser le développement durable. Lequel confirme le fort potentiel du continent, avec des leaders comme le Maroc, Maurice et le Gabon, mais l'Afrique subsaharienne reste en retard face à l'Europe. Les principaux défis incluent des infrastructures faibles, une préparation numérique limitée et des systèmes financiers sous-développés. Analyse.
En novembre 2024, l’Agence française de développement (AFD) a publié un rapport novateur intitulé « Indice du potentiel d’investissement en IA : cartographie des opportunités mondiales pour le développement durable ». Cette analyse approfondie explore le rôle de l’intelligence artificielle (IA) en tant que levier de croissance économique durable, avec une attention particulière portée aux pays en développement. Pour l’Afrique, où l’IA représente à la fois une opportunité et un défi, ce rapport revêt une importance particulière.
L’Indice du Potentiel d’Investissement en IA (AIIPI), élaboré par l’AFD, est un outil destiné à guider les acteurs décisionnels sur les facteurs clés qui influencent les investissements en IA, tels que les conditions macroéconomiques, la préparation numérique, les infrastructures et le capital humain. L’objectif est d’aider les institutions financières, les gouvernements et les organisations de développement à prendre des décisions stratégiques favorisant une croissance inclusive et durable.
La promesse de l’IA pour l’Afrique
L’intelligence artificielle est perçue comme une force transformative susceptible de remodeler les économies et d’avancer les objectifs de développement. Comme le souligne le rapport, l’IA pourrait contribuer de manière significative à la croissance économique mondiale, avec des projections indiquant que l’IA générative seule pourrait ajouter entre 2,6 et 4,4 milliard de dollars à la productivité mondiale. Cette révolution numérique pourrait être comparable à la révolution industrielle, faisant de l’IA un moteur essentiel pour la croissance économique future.
Cependant, le rapport met en évidence la répartition inégale des bénéfices de l’IA à l’échelle mondiale. Tandis que des économies avancées telles que l’Europe et les États-Unis sont bien positionnées pour exploiter pleinement le potentiel de l’IA, de nombreux pays africains rencontrent des obstacles pour capitaliser sur cette technologie. Ces obstacles vont de l’infrastructure insuffisante aux lacunes dans les compétences numériques, en passant par l’instabilité politique et des systèmes financiers sous-développés.
La position de l’Afrique dans le paysage mondial de l’IA
Dans l’ensemble, le rapport montre que les pays africains sont à des niveaux variés en termes de potentiel d’investissement en IA. Des pays comme le Maroc, l’île Maurice et le Gabon se distinguent comme des leaders dans l’adoption de l’IA sur le continent. Ces nations ont activement mis en place des pôles d’IA, développé des infrastructures numériques et facilité des collaborations internationales, ce qui les place dans une position favorable pour attirer davantage d’investissements.
À l’inverse, des pays comme l’Érythrée et le Soudan du Sud sont confrontés à des défis majeurs en termes d’infrastructures et de préparation numérique. Ces pays se trouvent encore aux premiers stades du développement de l’IA et nécessitent un soutien substantiel pour établir les bases nécessaires à l’adoption de cette technologie. Par exemple, le manque d’accès internet fiable et d’infrastructures technologiques de base empêche les entreprises locales de tirer parti des opportunités offertes par l’IA.
L’AIIPI et ses implications pour la politique africaine
La méthodologie de l’AIIPI, qui combine la modélisation statistique et une approche de pondération basée sur l’entropie, offre un cadre complet pour évaluer la préparation des pays à l’investissement en IA. Selon le rapport, l’Afrique obtient un score modéré (36,61), ce qui reflète à la fois les défis de la région et ses opportunités. L’Afrique subsaharienne, en particulier, fait face à de nombreux obstacles, mais possède un potentiel important encore largement inexploité.
Les implications politiques pour les gouvernements africains incluent la nécessité de promouvoir des partenariats public-privé afin de combler les lacunes infrastructurelles et d’investir dans l’éducation numérique pour développer les compétences humaines nécessaires à l’adoption de l’IA. De plus, la coopération régionale pourrait améliorer la position de l’Afrique, permettant aux pays de partager des ressources, des connaissances et des opportunités d’investissement.
En adoptant l’IA, les pays africains pourraient réaliser un progrès économique transformateur tout en réduisant les inégalités sociales
Le rapport souligne également que l’IA peut contribuer de manière significative aux Objectifs de Développement Durable (ODD) des Nations Unies, notamment dans les domaines de l’Industrie, de l’Innovation et des Infrastructures (ODD 9), de la Réduction des Inégalités (ODD 10) et de la Paix, de la Justice et des Institutions Solides (ODD 16). En adoptant l’IA, les pays africains pourraient réaliser un progrès économique transformateur tout en réduisant les inégalités sociales. Cependant, cet avancement dépendra de la capacité de la région à relever ses défis uniques, tels que l’amélioration de la connectivité internet, la stabilité politique et le développement inclusif.
L’écart de préparation à l’IA entre les pays africains et ceux d’Europe ou d’Asie demeure considérable
Les investissements en IA en Afrique détiennent un potentiel de transformation économique, mais la région doit surmonter plusieurs obstacles. Comme le montre le rapport, l’écart de préparation à l’IA entre les pays africains et ceux d’Europe ou d’Asie demeure considérable. Cependant, des investissements ciblés, des cadres politiques solides et une collaboration internationale peuvent contribuer à combler cet écart. Les gouvernements et les institutions africaines doivent créer un environnement propice à la croissance de l’IA, en mettant l’accent sur les infrastructures, l’éducation et l’inclusion numérique.
En somme, bien que l’IA offre un potentiel énorme pour l’Afrique, la réalisation de ce potentiel nécessitera de répondre aux besoins spécifiques de la région et de tirer parti de ses atouts. Comme le souligne le rapport de l’AFD, « L’IA peut servir de moteur de développement inclusif et durable, mais il revient aux pays africains de s’assurer qu’ils sont préparés à exploiter son pouvoir de manière efficace. » L’avenir de l’IA en Afrique dépend d’un effort collaboratif pour surmonter les obstacles et saisir les opportunités qu’elle offre pour le progrès économique et social.
Ce rapport de l’AFD constitue un appel à l’action pour les décideurs africains, les investisseurs et les institutions afin qu’ils agissent de manière stratégique, garantissant ainsi que l’IA contribue aux objectifs de développement durable du continent. En cultivant un écosystème robuste de l’IA, l’Afrique peut non seulement rattraper son retard par rapport aux tendances mondiales de l’IA, mais aussi devenir un leader dans l’innovation et le développement durable générés par l’IA.
Consulter le rapport : Indice du potentiel d’investissement en IA : cartographie des opportunités mondiales pour le développement durable