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Hapsatou Doro veut développer l’industrie du luxe en Afrique

La fondatrice de Digital Society prépare la troisième édition du Forum des métiers du luxe qui se déroulera à Abidjan, les 13 et 14 décembre prochain. Un secteur en pleine expansion en Afrique et que la jeune femme veut professionaliser pour créer des ponts avec le marché européen.

Par Mérième Alaoui

Pour la troisième édition, Hapsatou Doro organise le Forum des métiers du luxe à Abidjan, les 13 et 14 décembre prochain. Directrice de l’agence de communication Digital Society, organisatrice d’événements entre la France et l’Afrique, la jeune franco-sénégalaise est dans les starting blocks, à quelques semaines de l’événement.

“Un volet particulier sera donné à la formation, cette année. Les jeunes n’ont pas accès aux informations sur les métiers du luxe et de la mode, alors qu’ils s’y intéressent. En Afrique, 70% de la population à moins de 30 ans. L’artisanat est une filière qui peut générer énormément d’emplois”.

Le forum de deux jours propose six formations et six conférences. Chaque panel sera composé de cinq professionnels. Les invités viennent de différents pays africains : Rwanda, Bénin, Nigéria. Mais aussi de France et de Suisse. L’objectif, à terme, est de couvrir l’ensemble du continent africain afin de créer un réseau puissant. Les thèmes vont de la valorisation et la transformation des tissus africains aux métiers d’art. Parmi les problématiques : “Métiers d’art en Afrique : Comment assurer leur héritage, stimuler leur évolution et préparer leur transmission ?” ou encore “Comment les professionnels de l’artisanat et les entrepreneurs peuvent-ils tirer parti du digital pour améliorer la valorisation, la promotion et la transmission de leur savoir-faire ?” Des questions transversales pour professionnaliser un secteur au fort potentiel.

Abidjan, capitale ouest-africaine du luxe

“J’ai envie que ce forum soit une institution panafricaine et réunisse les professionnels africains et européens”. La marque de fabrique de Hapsatou Doro ? Entreprendre entre les deux rives. Les précédentes éditions ont rassemblé 400 personnes environ, dont une majorité de profils hautement qualifiés. “Ces professionnels, dirigeants et chefs d’entreprise, ont envie de comprendre davantage le marché du luxe en Afrique, voir comment mieux positionner leur entreprise à l’avenir. Ils ont des choses à apporter, des besoins et des attentes. Je crois aux synergies” précise-t-elle. Selon un récent rapport de l’Unesco, le secteur de la mode est en plein essor. Trente-deux pays africains organisent des fashion week afin de promouvoir le secteur aux niveaux régional et international. La demande pour les articles made in Africa de haute couture pourrait augmenter de 42% d’ici les dix prochaines années.

Le choix d’Abidjan pour abriter cette troisième édition n’est pas un hasard. “La Côte d’Ivoire constitue un hub en Afrique de l’ouest. L’environnement business, proche de la culture anglophone, y est tellement favorable. Abidjan accueille les plus grandes rencontres d’affaires et le luxe y est présent au niveau local et international” détaille celle qui a obtenu le marrainage de la ministre ivoirienne de la Culture, Françoise Le Guennou-Remarck.

Pour développer le secteur du luxe en Afrique, Hapsatou Doro souhaite s’inspirer du modèle français. “La France abrite les plus grandes et les plus anciennes marques de luxe au monde. En Afrique, il y a un savoir-faire et une créativité florissante. Les entreprises ne demandent qu’à monter en gamme et  vendre leurs produits à l’international. Je veux importer l’industrie du luxe à la française sur le continent.” Elle pense, par exemple, au Comité Colbert, une association et un lobby créée en 1954 en France et qui rassemble les grandes marques du luxe, pour promouvoir et défendre leurs intérêts.

A l’image de mon agence, le Forum des métiers du luxe crée des ponts entre les deux rives de la Méditerranée

“Plus j’avance, plus je me sens panafricaine. Je suis autant chez moi au Bénin qu’au Kenya” explique Hapsatou. Née au Havre, adolescente, elle passait ses vacances familiales au Sénégal. “J’ai toujours considéré que j’avais deux cultures. Mon grand accomplissement personnel est de les concilier dans mon univers professionnel. Je n’ai pas à choisir. A l’image de mon agence, le Forum des métiers du luxe crée des ponts entre les deux rives de la Méditerranée.” 

Très à l’aise dans l’univers de la communication, Hapsatou n’y était pas pourtant destinée. “J’ai fait un BTS commerce international, puis je me suis inscrite en master. Quand j’ai découvert la communication, je me suis rendue compte que je m’étais trompée de voie”. Passionnée par la mode et la beauté sur papier glacé, elle lance son propre webzine, Ekira. “J’y publiais des articles sur l’hôtellerie, la mode, la beauté. Puis, j’ai été repéré par une agence de communication et j’ai commencé à être conviée à des événements.” Une fois sur le terrain, c’est l’émerveillement : “J’ai trouvé ces moments, à Paris, magiques, j’avais des paillettes dans les yeux ! J’ai vite voulu passer de l’autre côté et organiser moi-même des événements.” En 2018, elle crée sa structure et rapidement l’idée du Forum s’est imposée. “Je suis passionnée par l’univers du luxe, et, dans le même temps, très inquiète pour notre jeunesse. Nous devons les aider à préparer leur avenir, et la professionnalisation du secteur du luxe peut y participer”.

Pour en savoir plus : https://forumduluxe.com

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