ActualitéArchives

Ghana : Offensive pour augmenter la production du pétrole à partir de 2018

Devenu pays producteur de l’or noir depuis fin 2010, le Ghana ambitionne d’augmenter d’ici fin 2018 sa production nationale. Pour y parvenir toute une batterie de mesures sont en cours depuis quelques mois. De l’octroi de nouvelles licences d’exploration à la mise en place d’un cadre juridique pouvant régir le secteur pétrolier, le pays amorce une offensive dans le secteur.

Blamé Ekoué, Accra

 

Bien que l’or reste la première source de devises du Ghana, les autorités envisagent de multiplier les explorations offshores afin de tirer profit de l’exploitation des gisements dont dispose le pays. A cet effet, une offensive a été amorcée depuis quelques mois pour découvrir d’autres champs de pétrole afin d’augmenter la production nationale à partir de 2018.  Pour Dr. Mohammed Amin Adam, ministre adjoint de l’énergie en charge du pétrole, l’offensive dénommée «Campagne d’Exploration Agressive» vise à préserver les réserves en aval d’une part et maintenir la production en amont dans le secteur du pétrole et gaz. « En entrant au gouvernement, nous avons réalisé que dans l’avenir  nous n’aurons pas une viabilité dans l’industrie du pétrole et gaz parce que nous ne faisons pas de nouvelles découvertes de gisements. Cependant, nous exploitons les réserves que nous avons découvertes depuis longtemps et cela risquerait de les épuiser sans qu’on arrive à les remplacer», a expliqué –t-il expliqué. Selon le ministère de l’énergie, la production annuelle devrait ainsi atteindre 242.3 millions de barils en 2018, contre 39.1 millions en 2015 suite à toutes les mesures prises. La production de gaz devrait quant à elle atteindre 16 Mds m 3. Il faut noter que la progression de la production de pétrole devrait amortir le choc de la chute de la faiblesse des prix sur le marché mondial. Le champ offshore de Jubilee est le premier lieu de production. Les réserves seraient comprises entre 800 millions et 1.2 milliard de barils, dont 1/5ème aurait déjà été exploité à la fin de l’année 2016.

La ruée de grandes firmes gazières et pétrolières au Ghana

La nouvelle administration en place depuis un an met les bouchées doubles afin d’attirer de grandes firmes pétrolières et gazières à l’instar de Exxonmobil, la plus grande société pétrolière et pétrochimique au monde. En effet, le géant pétrolier américain vient d’acquérir une licence d’exploration au Ghana en janvier dernier. Selon Dr. Mohammed Amin Adam, ministre adjoint de l’énergie en charge du pétrole, la nouvelle stratégie d’exploration de pétrole va permettre d’attirer vers le Ghana de grandes multinationales qui ont déjà fait leur preuve dans ce secteur. «L’un des objectifs poursuivis à travers cette offensive accélérée, c’est de faire des affaires avec de grandes multinationales qui ont  beaucoup d’expérience et de réussite dans le secteur. Comme vous le saviez déjà, nous avons pu convaincre Exxonmobil, la plus grande firme pétrolière au monde de venir au Ghana», a-t-il souligné. Le géant pétrolier qui va détenir 80% des droits d’exploitation débutera les travaux d’exploration à partir de 2018 sur le bloc abyssal Cape Three Points Deepwater Block. Le pays a aussi signé en septembre 2017 un contrat qualifié d’historique par Nana Akuffo Addo, le président ghanéen, avec Gazprom pour la fourniture du gaz liquéfié. «Nous avons signé un accord avec Gazprom afin qu’elle vienne au Ghana pour nous fournir en gaz liquéfié. Nous visons de grandes firmes qui ont l’argent, la technologie et une bonne réputation afin qu’elles nous aident dans notre quête de trouver de nouveaux gisements», a expliqué le ministre Mohammed Amin Adam. Certains experts voient d’un bon œil l’arrivée de Gazprom dont l’expertise va permettre au Ghana de bien exploiter ses gisements gaziers déjà exploités depuis l’inauguration en 2014 de l’unité de production gazière d’Atuabo.  Déjà, les recherches sismiques réalisées à terre dans le bassin de la Volta par Ghana National Petroleum Corporation (GNPC) dans la cadre de son programme quinquennal de prospection 2015-2019 laissent entrevoir une importante découverte de gisement. Et le président ghanéen s’en réjouit. «C’est bon d’attendre que la directive commence par générer des retombées. Selon le Ghana National Petroleum Corporation, les résultats de son étude pilote dans le Bassin de la Volta atteste de la présence d’éléments de pétrole. J’espère éventuellement qu’il y aura quelque chose de grand à célébrer», s’est réjoui lors de son discours à la nation le 31 décembre dernier. Déjà avec le démarrage de l’exploitation des champs TEN (Tweneboa, Enyenra and Ntomme), dans le bassin du Tano, plus près de la frontière avec la Côte d’Ivoire qui pourrait rapporter jusqu’à 165 milliards de dollars le Ghana est en passe de devenir l’un des géants pétroliers en Afrique subsaharienne à partir de 2020. On estime à 245 millions de barils les réserves de ce gisement, avec un potentiel de 2.4 millions m3 par jour. L’Italien ENI, Vitol, Kosmos, Anadarko, Petrol SA et la GNPC envisagent également de développer les champs de Sankofa et Gye Nyame situés dans le bloc Offshore Cape Three Point suite à un accord conclu en 2015.

Des mesures qui suscitent des inquiètes ailleurs

Dans sa quête de nouveaux champs pétroliers et gaziers, les autorités ghanéennes envisagent d’exécuter également le premier appel d’offres jamais réalisé dans l’histoire des marchés publics du pays en mettant l’accent sur la compétitivité afin d’allouer de nouveaux blocs pétroliers aux entreprises méritantes et compétentes. Selon le ministère de l’énergie, cette mesure permettra d’être sélectif dans l’octroi des licences aux entreprises désireuses d’opérer dans le secteur au Ghana. Cependant, cette mesure suscite beaucoup d’inquiètes auprès de la société civile qui y voit derrière l’intention des autorités de passer des contrats gré à gré. L’institut des affaires économique (IEA), un think-tank ghanéen, sera le premier à demander plus de transparence dans la passation et l’octroi des licences d’exploration et d’exploitation. Outre cette mesure, certains analystes critiquent aussi des allégements fiscaux généreux récemment accordés à Exxonmobil dans l’octroi de son contrat en janvier dernier. Mais du côté des autorités, on reste confiant que toutes les nouvelles mesures vont plutôt faire accroitre les revenus issus du secteur. Le rapport du premier semestre 2017 de la banque centrale du Ghana (BoG) révèle que le pays a réalisé une hausse des revenus issus de l’exploitation du pétrole. En effet, ces revenus ont atteint 191.32 millions de dollars US pour le premier semestre 2017 comparé à 114.4 million dollars pour la même période en 2016. La banque centrale du Ghana attribue la hausse des revenus au démarrage de l’exploitation des champs de TEN depuis août  2016.


 

Blamé Ekoué, Accra

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page