La commission des ressources minières du Ghana envisage de relancer la production du sel à usage domestique et industriel au Ghana. Pour y parvenir, toute une kyrielle de mesures est en cours d’élaboration pour attirer les investissements avec pour objectif principal de faire du secteur un vivier de l’économie nationale.
Par Blamé Ekoué, à Accra
Le Ghana est le seul pays d’Afrique de l’Ouest, avec le Sénégal, à posséder une eau de mer à haute teneur en sel qui permet une production un usage à la fois domestique et industriel. Or, malgré une capacité de production annuelle estimée à 3 millions de tonnes, le pays produit seulement 250000 tonnes de sel par an. Pour booster la production, la Commission des ressources minières annonce des mesures drastiques. Selon Samuel K. Boafo, président du Conseil d’administration de la commission des ressources minières, tout sera mis en œuvre pour lever les entraves qui pèsent sur la production du sel au Ghana. «Nous allons chercher à résoudre les problèmes qui minent le secteur tels que l’exploitation illégale afin d’attirer des investisseurs étrangers. Ceci permettra d’améliorer le niveau de vie des populations vivant autour de la zone de production située dans la bande côtière ». Le gouvernement ghanéen, assure-t-il ne lésinera pas sur les moyens en vue de faire du secteur un outil de création d’emplois et de richesse. «La commission des ressources minières reste disposé à travailler avec les autorités locales pour exploiter cet important potentiel que sont les gisements de sel afin de créer des emplois et de la richesse pour les populations riveraines de la zone de production».
Faire du secteur une source de devises étrangères pour le Ghana
Les autorités ghanéennes mettent la barre haute pour un secteur qui emploie environ 1000 personnes et rapporte 5 milliards de cedis au pays chaque année. Selon les études réalisées en 2016, il y a une demande accrue pour le sel produit au Ghana dans les pays de la sous-région. On estime à 1,5 milliard de dollar US le coût total de l’importation de sel du Nigéria en provenance essentiellement du Brésil et de l’Australie. Désormais, le Ghana veut faire du secteur de la production du sel une source de devises étrangères pour le pays. C’est dans cette optique que la Commission des ressources minières veut examiner la situation de l’ensemble du secteur et ses problèmes structurels. «La nouvelle administration de la commission est entrain d’examiner la situation dans tout le secteur afin d’identifier les défis et voir les opportunités à développer à travers la mise en place d’un système de régulation compréhensive et durable pour l’industrie», a expliqué Addae Antwi-Boasiako, directeur général de la Commission. Il a par ailleurs indiqué qu’une politique de classification sera bientôt dévoilée pour s’assurer de la valorisation de tous les différents types de sel tant à usage domestique qu’industriel. Le sel produit au Ghana se retrouve dans l’industrie par le biais de l’hydroxyde de sodium ou des sulfates de magnésium et de sodium. Le pays envisage à travers cette valorisation de tous les différents types de sel d’augmenter ses exportations en direction des pays demandeurs tels le Togo, le Bénin, Nigeria, Côte D’Ivoire, and Burkina Faso. «L’industrie du sel dispose d’importants atouts pour le pays et le Ghana peut générer beaucoup de revenus à partir de ce secteur qui crée aussi de l’emploi pour la jeunesse qui fait aussi face au chômage», a rappelé Samuel K. Boafo.
Un besoin d’investissements pour l’industrialisation du secteur
Produit à petite échelle et d’une manière artisanale depuis des décennies dans plusieurs localités situées dans la bande côtière à l’est du pays, le sel ghanéen est très recherché dans la sous-région. Toutefois, Ada Songhor Salt, la seule unité de production industrielle du pays, n’arrive pas satisfaire toute la demande. Pour faire face à la demande sur le marché régional, d’importants investissements sont attendus à partir de 2019. Pour Dela Addo , le directeur exécutif de l’association nationale des producteurs de sel du Ghana (NASPAG), le secteur de la production du sel fait face à plusieurs défis dont celui du manque d’investissements. «Si nous pouvions avoir de bons investissements, nous pourrions augmenter la production jusqu’à 3 millions de tonnes par an. La mer est la matière première pour la production du sel. Mais l’accès à la mer pour la seule unité de production industrielle est très limité et cela impacte négativement sur les opérations de production. » .Pour rappel, la production du sel a commencé au Ghana en 1963.
Par Blamé Ekoué, à Accra