Gen Z en colère : l’appel légitime d’une jeunesse africaine ignorée
De Nairobi à Antananarivo en passant par Rabat, la génération Gen Z se mobilise pacifiquement pour réclamer des emplois et de meilleures conditions de vie. Ces jeunes, de plus en plus connectés et mieux formés, dénoncent un fossé grandissant entre la croissance économique et les opportunités réelles qui leur sont offertes. Face à leurs revendications, les réponses des autorités restent trop souvent inadaptées, alimentant frustration et tensions sociales.

En Afrique, la jeunesse ne demande pas l’impossible. Elle réclame simplement sa part d’avenir : un emploi stable, des conditions de travail décentes, la possibilité de construire sa vie et de contribuer au développement de son pays. Pourtant, dans de nombreuses villes du continent, des manifestations éclatent — pacifiques, organisées, souvent très médiatisées par les réseaux sociaux — et se heurtent à des réactions inadaptées des autorités.
“Comment leur reprocher de réclamer un avenir digne et équitable ?”
Comment leur reprocher de réclamer un avenir digne et équitable ?
Du Kenya au Maroc, du Togo à Madagascar, ces jeunes d’une nouvelle génération, baptisée la génération Gen Z, sont mieux informés, plus connectés et plus exigeants. De mieux en mieux formés, ouverts sur le monde, hyper-connectés, ils connaissent leurs droits, sont conscients des opportunités offertes par une économie en croissance et n’hésitent plus à faire entendre leur voix. Comment leur reprocher de réclamer un avenir digne et équitable alors que la croissance économique de leurs pays peine à se traduire en emplois concrets et en opportunités tangibles ?
Ignorer ces voix, c’est compromettre le développement du continent
Le problème ne réside pas dans leur mobilisation, mais dans la manière dont elle est reçue. Trop souvent, la réponse des autorités est soit répressive, soit indifférente. Au lieu de dialoguer, de comprendre les frustrations et de transformer ces mouvements en impulsion positive pour la société, on stigmatise les jeunes et on cherche à les réduire au silence. Or, cette génération représente une richesse : des esprits créatifs, formés, ouverts sur le monde et capables d’impulser le changement économique et social. Ignorer ces voix, c’est non seulement manquer d’humanité, mais aussi compromettre le développement du continent.
Les manifestations actuelles sont un signal clair : il est urgent de transformer la colère légitime en politiques concrètes et inclusives
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : environ 23,29 % des jeunes âgés de 15 à 24 ans ne sont ni en emploi, ni en études, ni en formation. Ces statistiques témoignent d’une réalité accablante : malgré des niveaux d’éducation plus élevés, les jeunes africains peinent à accéder au marché du travail.
Investir dans la jeunesse, c’est investir dans l’avenir. Cela passe par des réformes structurelles, par la création massive d’emplois de qualité, par le développement du capital humain et des compétences, par l’innovation et l’accompagnement des jeunes entrepreneurs. Les manifestations actuelles sont un signal clair : il est urgent de transformer la colère légitime en politiques concrètes et inclusives.
La génération Gen Z n’est pas un problème à gérer, c’est une opportunité à saisir
La génération Gen Z n’est pas un problème à gérer, c’est une opportunité à saisir. Les gouvernements africains doivent écouter, dialoguer et agir. La jeunesse réclame simplement ce que tout citoyen devrait pouvoir attendre : un avenir digne, la possibilité de travailler et de contribuer à la société. La traiter avec respect et responsabilité est le seul moyen de construire une Afrique prospère, stable et réellement inclusive.
Transformer la colère en espoir
À Madagascar, les manifestations, violemment réprimées, ont obtenu gain de cause avec le départ du président, alors que l’armée a rallié la rue. Rien n’est gagné pour autant : reste à transformer cette colère en actions concrètes et durables. Il y a quelques années, les jeunes Tunisiennes et Tunisiens ont transformé le visage de leur pays, et celui d’une partie du monde, en « dégageant » Ben Ali et le système dictatorial qui freinait leur soif d’avenir. Aujourd’hui, à quelques mois de l’anniversaire de la révolution tunisienne, beaucoup dénoncent une révolution « confisquée », faute d’avoir intégré cette jeunesse dans la reconstruction du pays. Ignorer cette génération, c’est laisser une bombe à retardement prête à exploser, au lieu de la transformer en force pour l’avenir.