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Gaz : L’Europe peut se tourner vers l’Afrique comme fournisseur privilégié

Les producteurs de gaz africains doivent attirer des investissements pour le développement et la modernisation des infrastructures afin d’améliorer leurs capacités d’exportation.

Par la Chambre africaine de l’énergie

Avec les récentes sanctions imposées à la Russie par les pays occidentaux, qui menacent l’approvisionnement essentiel en gaz russe des marchés européens, une opportunité s’est présentée pour les producteurs de gaz africains d’aller de l’avant, en améliorant la production et les exportations d’hydrocarbures pour répondre aux lacunes de l’approvisionnement international. Des progrès significatifs ont déjà été réalisés pour faire de l’Afrique un marché d’exportation de gaz viable. Aujourd’hui, alors que les tensions géopolitiques s’exacerbent, l’Afrique devrait s’efforcer de s’imposer comme le fournisseur privilégié des marchés internationaux.

Une opportunité en or pour l’Afrique

Le retrait et la perturbation des canaux d’approvisionnement de la Russie, deuxième producteur mondial de gaz et premier fournisseur de gaz naturel à l’Europe, vont non seulement plonger l’Europe dans une crise énergétique plus profonde, mais aussi provoquer une hausse des prix à l’échelle mondiale. Cependant, cela représente une opportunité en or pour l’Afrique. Le 22 février 2022, les États membres du Forum des pays exportateurs de gaz (GECF) se sont réunis à Doha, au Qatar, pour discuter de l’impact des tensions croissantes entre la Russie et l’Ukraine et de leur incidence sur le marché mondial du gaz. Dans la déclaration de Doha – publiée à l’issue de la réunion – les parties ont souligné que, malgré leur engagement à augmenter la production de gaz pour répondre à la demande croissante d’énergie au niveau mondial, elles n’ont pas la capacité d’aider l’Europe à remplacer 40 % de sa consommation d’énergie au cas où la Russie réduirait son approvisionnement. Ces engagements seront non seulement cruciaux pour la crise énergétique de l’Europe, mais aussi pour l’expansion sectorielle de l’Afrique.

Attirer les investissements nécessaires à la construction d’infrastructures

Dans une interview exclusive accordée à l’AEC ce mois-ci, S.E. Gabriel Mbaga Obiang Lima, ministre des Mines et des Hydrocarbures de Guinée équatoriale, a déclaré : « L’infrastructure va être essentielle. Les investisseurs en Europe peuvent vendre des solutions pour pouvoir installer autant de terminaux que possible, ce qui nous permettra d’exporter du gaz vers eux. C’est ce dont nous avons besoin pour être compétitifs dans le domaine du gaz. »

Les producteurs africains peuvent profiter de ce résultat pour attirer les investissements nécessaires à la construction d’infrastructures qui leur permettraient de développer l’exploration, la production et l’exportation afin de répondre à l’augmentation prévue de la demande en Europe.

« Le temps d’agir sur le plan du gaz transafricain est MAINTENANT »

« Le trilemme et les défis énergétiques européens actuels offrent une occasion en or aux producteurs de gaz africains de développer une stratégie gazière solide et bancable pour répondre à la demande énergétique de l’Afrique mère et de nos amis européens. Je pense que l’Afrique peut tirer parti des tendances actuelles pour attirer les investissements indispensables au développement des infrastructures nécessaires à l’accélération de la production pour la consommation régionale et l’exportation. Le temps d’agir sur le plan du gaz transafricain est MAINTENANT », déclare Abdur-Rasheed Tunde Omidiya, président de l’AEC Nigeria et Afrique de l’Ouest.

Les pays africains ont déjà commencé à augmenter leur production. La Chambre africaine de l’énergie (AEC) – dans ses perspectives pour le premier trimestre 2022 – prévoit que le Nigéria augmentera sa production de gaz d’environ 1 550 milliards de pieds cubes en 2016 à 1 780 milliards de pieds cubes en 2022. Ces augmentations de production permettront au Nigéria d’accroître sa capacité intérieure, garantissant ainsi la sécurité énergétique à l’échelle nationale et continentale, tout en créant la possibilité d’augmenter les exportations vers les marchés européens.

D’autres producteurs africains, tels que l’Algérie et le Niger, qui, avec le Nigeria, ont récemment signé la déclaration de Niamey lors du Forum minier et pétrolier (ECOMOF) de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) – ouvrant la voie à la construction du gazoduc transsaharien de 4 128 km, d’une valeur de plusieurs milliards d’euros, qui traversera les trois pays jusqu’en Europe – ont désormais la possibilité d’attirer des fonds pour le lancement du projet et d’accroître leurs capacités de production et d’exportation vers l’Europe. Une fois achevé, le gazoduc devrait transporter 30 milliards de mètres cubes de gaz par an, dont l’Europe aura désespérément besoin pour répondre à la demande.

« Les producteurs de gaz africains doivent améliorer la planification et la mise en œuvre des politiques, et faire face aux négociations pour devenir des marchés attrayants pour les partenaires »

La proximité de l’Algérie avec le marché européen confère à ce pays d’Afrique du Nord une importance stratégique en tant que fournisseur potentiel de gaz pour l’Europe. L’Algérie, sixième exportateur de gaz au monde et premier producteur de gaz en Afrique, a déjà exprimé son intention de doubler l’exploration et la production au cours des cinq prochaines années. En 2021, l’Algérie a augmenté ses volumes d’exportation vers l’Europe à 53 milliards de m3 contre 40 milliards de m3 en 2020 et devrait exporter 46 milliards de m3 ou plus en 2022, car la demande en Europe devrait continuer à augmenter.

Dans le même temps, la Guinée équatoriale, qui dispose de plus de 1,5 trillion de pieds cubes de réserves de gaz naturel, encore inexploitées, peut également profiter de la crise gazière européenne anticipée pour attirer davantage d’investissements pour la croissance et le développement de son marché du gaz naturel.

Les producteurs de gaz africains doivent améliorer la planification et la mise en œuvre des politiques, et faire face aux négociations pour devenir des marchés attrayants pour les partenaires. Le sommet annuel de l’AEC, la Semaine africaine de l’énergie (AEW), qui se tiendra du 18 au 21 octobre 2022, réunira des investisseurs, des autorités de régulation, des compagnies pétrolières et gazières et des acteurs de l’industrie pétrolière et gazière sous un même toit au Cap, en Afrique du Sud, pour discuter des meilleures pratiques et pour signer des accords.

Pour en savoir plus : : www.EnergyChamber.org

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