G5 Sahel Des financements à concrétiser
La 5ème conférence des chefs d’États du G5 Sahel s’est tenue le 5 février 2019 à Ouagadougou avec la présence effective de tous les présidents des pays membres. Le président sortant Issoufou Mahamadou du Niger, avant de passer le flambeau à son homologue burkinabè Roch Marc Christian Kaboré, s’est réjoui de son bilan qui a permis d’obtenir des engagements de financement à hauteur de 431 millions d’euro (environ 282 milliards FCFA) pour l’opérationnalisation de la force conjointe G5 Sahel… Reste à percevoir les fonds.
Par Ibrahima SANOU à Ouagadougou
Au cours de la présidence nigérienne du G5 Sahel qui a pris fin le 5 février 2019 à Ouagadougou, plusieurs projets de développement ont été mis en œuvre, avec d’importantes mobilisations de fonds. Le président Nigérien Issoufou Mahamadou a rappelé qu’au moment de sa prise de fonction en février 2018, les ressources disponibles pour la première phase d’opérationnalisation du G5 Sahel, étaient de 294 millions d’euro (environ 192 milliards FCFA) pour des besoins de 423 millions d’euro (environ 277 milliards FCFA). « Une conférence fut convoquée à Bruxelles le 23 février 2018 en vue d’obtenir le complément du financement. Cette conférence fut un grand succès et a permis de mobiliser 414 millions d’euro (environ 271 milliards FCFA). En tenant compte des annonces supplémentaires, les promesses se chiffrent à 431 millions d’euro (environ 282 milliards FCFA) dont 267 (environ 175 milliards FCA) effectivement versées ».

Les promesses se chiffrent à 431 millions d’euro dont 267 versés
Le président Issoufou Mahamadou s’est ainsi réjoui de l’opérationnalisation de la force conjointe G5 Sahel en 2018 qui a mené plusieurs opérations notamment au niveau du fuseau centre qui comprend la zone sahélienne entre le Niger, le Burkina Faso et le Mali. A leur tour, les autres chefs d’Etats du G5 Sahel Ibrahim Boubacar Kéita (Mali), Idriss Deby Itno (Tchad), Mohamed Ould Abdel Aziz (Mauritanie) et Roch Marc Christian Kaboré (Burkina Faso) se sont félicités du chemin parcouru depuis la mise en place de la coalition. A ce jour, plusieurs mécanismes ont été mis en place en vue de lutter contre les menaces sécuritaires multiples. Il s’agit notamment des groupes d’actions rapides de surveillance et d’intervention, l’opérationnalisation en cours de l’académie régionale de police de N’Djaména, l’opérationnalisation du collège de défense du G5 Sahel de Nouakchott et du centre de fusion des renseignements de Niamey, le démarrage des activités du collège sahélien de sécurité de Bamako. Les présidents du G5 Sahel ont ensemble remercié tous les partenaires pour leurs intentions de financement exprimées et les ont exhortés à concrétiser leurs engagements. Ils ont en outre décidé de l’implantation du Centre sahélien d’Analyse des Menaces et d’Alertes Précoces à Ouagadougou au moment où ce pays prend la tête du G5 Sahel.
Pour faire face au terrorisme, relever le défi du développement

Ceci, les défis demeurent nombreux ainsi que l’a déploré le nouveau président du G5 Sahel Roch Marc Christian Kaboré. La veille du Sommet, une nouvelle attaque terroriste a fait 14 morts dans le nord du pays, à Kain. Le G5 Sahel est une réponse au terrorisme a indiqué le président burkinabé, à condition d’associer la question du développement à celle de la sécurité. « Je voudrais rappeler l’urgence de la mise en œuvre de notre Programme d’Investissements Prioritaires, feuille de route pour le développement durable des pays du G5 Sahel ». Le Programme d’Investissements Prioritaires du G5 Sahel a pour objectif, la réalisation d’infrastructures routières, ferroviaires et énergétiques, le renforcement de la gouvernance, de la défense et de la sécurité, la résilience et le développement humain dans les zones frontalières fragiles exposées aux menaces terroristes. Il est constitué de 105 projets avec un coût global estimé à environ 6 milliards d’euro (3 935 milliards FCFA). Le montant de la première phase du programme (2019-2021) qui est de 2 milliards d’euro (1 311 milliards FCFA), a fait l’objet d’une conférence de coordination des partenaires et bailleurs de fonds le 6 décembre 2018 à Nouakchott. Cette conférence a permis d’enregistrer 2, 4 milliards d’euro (1 574 milliards FCFA) d’annonces. Le cadre de suivi de la mise en œuvre de cette première phase a été adopté au conseil des ministres du G5 Sahel le 3 février 2019 à Ouagadougou. Le président du Faso Roch Marc Christian Kaboré compte au cours de son mandat, continuer le plaidoyer en vue de l’attribution d’un mandat onusien plus robuste, à la force conjointe du G5 Sahel, sous le chapitre VII de la Charte de l’Organisation des Nations unies.
Par Ibrahima SANOU à Ouagadougou