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Francophonie économique : Henri Monceau « Des indicateurs prouvent la réussite de cette démarche prospective au sein de l’espace francophone »

A l’initiative de la Secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) Louise Mushikiwabo, et dans le cadre de la Stratégie économique pour la Francophonie 2020-2025, une mission de prospection économique vient de séjourner en Egypte et au Maroc. Elle visait à accompagner les entreprises francophones désireuses de se développer à l’international dans la prospection et l’accès à de nouveaux marchés, la diversification de leurs partenariats et le développement de synergies et complémentarités d’ordre commercial, technologique ou financier. Au terme de cette première étape, le chef de mission, Henri Monceau, s’est confié à ANA.

L’OIF organisait la semaine dernière une mission économique en Afrique. Quels étaient les objectifs de cette mission et ont-ils été atteints ? 

La récente activité de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) en Afrique du Nord, notamment en Egypte (le Caire) et au Maroc (Casablanca), était une mission de prospection économique, qui visait à mobiliser les entreprises et acteurs économiques de la région pour nos prochaines missions économiques et commerciales prévues en Grèce et au Liban, puis au Canada-Québec et Ontario.

La visite en Égypte et au Maroc a mis en évidence le potentiel économique de chacun de ces pays, ainsi que les opportunités de partenariat intra-francophone dans les trois secteurs d’activités ciblés que sont les agro-industries, les énergies durables et les biens et services numériques. La participation d’environ 220 entreprises et acteurs économiques, dont 55 entrepreneurs visiteurs en provenance de 23 pays francophones, les 70 rendez-vous d’affaires convenus, la conclusion d’une dizaine d’accords commerciaux et l’ouverture planifiée de succursales d’entreprises dans d’autres pays francophones sont autant d’indicateurs de réussite de cette démarche prospective en faveur du commerce et de l’investissement au sein de l’espace francophone.

Pourriez-vous rappeler au passage l’objet de ces missions économiques et dans quel cadre stratégique elles s’inscrivent ? Une étape vers la création de ce marché économique entre les pays de la Francophonie ? 

Les missions économiques et commerciales de la Francophonie sont une initiative de la Secrétaire générale de la Francophonie, Mme Louise Mushikiwabo, qui s’inscrit dans la Stratégie économique pour la Francophonie 2020-2025. Si leur objectif stratégique consiste à renforcer les liens commerciaux et les investissements entre les Etats et gouvernements francophones, ces missions économiques visent à accompagner les entreprises francophones désireuses de se développer à l’international dans la prospection et l’accès à de nouveaux marchés, la diversification de leurs partenariats et le développement de synergies et complémentarités d’ordre commercial, technologique ou financier. La création d’un marché économique entre les pays de la Francophonie, ultime étape du processus d’intégration économique, n’est pas prévue dans la Stratégie économique pour la Francophonie 2020-2025 et il incombe aux Etats et gouvernements membres de s’en saisir et y donner une impulsion politique s’ils souhaitent qu’elle voie le jour.

Deux pays ont été ciblés, le Maroc et l’Egypte. Ce dernier suscite toutes les attentions actuellement. On parle même du « réveil » d’un futur géant africain. Une analyse que vous partagez ?

« L’Égypte représente un grand marché avec un potentiel élevé de développement dans tous les secteurs économiques, et autant d’opportunités de partenariats avec les entreprises francophones. »

Selon les données 2022 du FMI, I’Égypte est la seconde puissance économique africaine derrière le Nigéria et le troisième pays le plus industrialisé du continent africain, d’après les données 2021 de la BAD. Elle représente un grand marché avec un potentiel élevé de développement dans pratiquement tous les secteurs économiques, autant d’opportunités de partenariats avec les entreprises francophones. Lors de cette mission de prospection économique de la Francophonie, l’attention était surtout portée sur les industries agro-alimentaires, les énergies durables et les biens et services numériques. Nous considérons en effet qu’il s’agit de domaines à fort potentiel de développement dans le contexte des transformations économiques, des transitions énergétiques et numériques en cours au sein de l’espace francophone et dans le monde entier. La visite de la zone économique du canal de Suez, de l’installation d’hydrogène vert Orascom a mis en exergue ce potentiel pour les échanges et les investissements en Francophonie.

Quel est le type d’entreprises qui vous ont accompagnés dans cette mission en Egypte ? Par quels secteurs de l’économie égyptienne stratégiques sont-elles intéressées ?

Les 54 entreprises francophones qui ont fait le déplacement lors de la mission Egypte/Maroc représentaient essentiellement des PME et TPME issues de 23 pays en quête de nouveaux marchés ou de nouveaux partenaires commerciaux et investisseurs, par exemple pour l’ouverture de succursales à l’étranger ou l’accélération de projets d’innovation ou de relocation. Le secteur numérique égyptien, très présent lors de la mission, a été indéniablement une source majeure d’attention et d’inspiration pour les entrepreneurs francophones, tout comme le domaine de l’énergie, en vue des initiatives prises par l’Egypte dans le secteur de l’hydrogène vert.

Parmi ces derniers, sans doute le secteur du numérique que vous connaissez bien. Là aussi la tech égyptienne affiche une réelle attractivité. Comment analysez-vous l’écosystème tech égyptien, ses atouts, ses failles également ?

L’Egypte s’est dotée d’une stratégie nationale de transformation numérique dénommée « Digital Egypt 2030 » visant à investir près de 320 millions de USD dans le domaine à l’horizon 2030. Ce secteur a connu la croissance la plus rapide à l’échelle nationale avec une moyenne de 16% en 2021/2022, soit 5% du PIB. Le numérique offre un intérêt particulier en vue de liens sectoriels et technologiques privilégiés avec la région Moyen-Orient, ce qui élargit le champ des opportunités d’affaires.

La structure économique de l’Egypte accueille par ailleurs des talents créateurs dans des domaines à forte croissance dans le pays, comme la gestion des agro-industries et de l’énergie verte, ainsi que dans le développement des services financiers pour lesquels les solutions numériques apportées sont très recherchées. Comme les langues commerciales en usage en Egypte sont surtout l’arabe et l’anglais, la place des francophones doit encore être renforcée. Cela offrira de nouvelles opportunités à tous, que nous devons bâtir ensemble. 

Quelle sera la prochaine mission économique ? 

« Plusieurs missions économiques permettent d’associer des entrepreneurs francophones et de créer des conditions favorables à de nouveaux partenariats d’affaires entre femmes et hommes d’affaires francophones. »

Comme évoqué, le cycle de missions économiques et commerciales qui a repris en février 2023 avec cette mission de prospection en Afrique du Nord, va se poursuivre dès juin 2023 dans le pourtour méditerranéen, avec des étapes en Grèce (Athènes) et au Liban (Beyrouth), puis celle au Canada-Québec (Montréal) et en Ontario (Toronto) au printemps 2024.

Un cycle de plusieurs missions économiques permet d’associer des entrepreneurs francophones de divers horizons et de créer, au fur et à mesure, des conditions favorables à la conclusion de nouveaux partenariats d’affaires entre femmes et hommes d’affaires francophones. C’est une intelligence collective qui se met en place, mais ce sont d’abord des rapports de confiance qui s’établissent. La Francophonie est là pour soutenir de manière pérenne ce mouvement au service du développement de ses pays membres, tout en rappelant qu’il est possible de faire des affaires en Francophonie et en français.

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