Forum Royaume-Uni-Rwanda : catalyseur d’opportunités et partenariats pour le développement en Afrique
Alors que le Secrétaire d'État américain, Antony Blinken, concluait sa tournée africaine et que l’Italie dévoilait ses ambitions pour le continent lors du Sommet Italie-Afrique, Kigali accueillait un forum d’affaires britanno-rwandais, en prélude au futur sommet UK-Africa.
« Le travail acharné et le dévouement des dirigeants rwandais offrent aujourd’hui aux personnes et aux entreprises présentes dans la salle une véritable opportunité de tirer parti de ce climat économique exceptionnel. » C’est ainsi que Lord Dolar Popat, envoyé commercial du Royaume-Uni au Rwanda, a ouvert le Forum des affaires Royaume-Uni-Rwanda qui s’est tenu du 29 au 31 janvier 2024 au Kigali Convention Centre (KCC) et au Radisson Blu Hotel à Kigali. Il convient de rappeler que le Rwanda avait précédemment accueilli la réunion des chefs de gouvernement du Commonwealth (CHOGM2022) du 20 au 25 juin 2022.
Dédié cette fois aux relations britanno-rwandaises, le Forum devait présenter les opportunités d’investissement dans l’économie en croissance rapide du Rwanda. Des chefs d’entreprise britanniques et rwandais, des investisseurs et des hauts responsables gouvernementaux se sont réunis pour discuter des opportunités commerciales disponibles et du climat des affaires au Rwanda, sous le thème « Réussir au Rwanda : libérer la croissance et les opportunités ».
Nous sommes certains qu’il existe d’énormes opportunités pour renforcer davantage les liens commerciaux
L’objectif principal était de mettre en lumière les opportunités d’investissement dans l’économie rwandaise en croissance rapide, comme l’a souligné le Haut-commissaire britannique au Rwanda, Omar Daair, dans une tribune publiée dans les médias locaux avant la rencontre. “Le Royaume-Uni et le Rwanda sont des partenaires solides depuis de nombreuses années. Nous collaborons sur de nombreuses initiatives de développement au Rwanda pour accroître le commerce et les investissements entre nos deux pays, et atteindre des objectifs communs sur la scène mondiale », a-t-il rappelé, s’appuyant sur des chiffres significatifs. Au cours des cinq dernières années, les échanges commerciaux entre le Royaume-Uni et le Rwanda ont plus que doublé, passant de 25 millions de dollars en 2017 à 51 millions de dollars en 2022. Durant cette période, 36 projets britanniques d’une valeur totale d’investissement de 662 millions de dollars ont été enregistrés au Rwanda, créant plus de 9 500 emplois.”Nous sommes certains qu’il existe d’énormes opportunités pour renforcer davantage les liens commerciaux.”
Plus de 100 investisseurs britanniques ont répondu à l’invitation, avec une délégation britannique dirigée par Lord Popat et John Humphrey, délégué commercial de Sa Majesté pour l’Afrique. Visant à catalyser le développement des affaires et des investissements entre les deux pays, il s’est focalisé sur six secteurs prioritaires : l’industrie manufacturière, l’agriculture, les services financiers et professionnels, l’économie verte, les infrastructures et les minéraux essentiels.
Le secteur des minéraux essentiels a particulièrement retenu l’attention, avec des experts plaidant en faveur d’investissements dans l’industrie minière et d’un renforcement des partenariats entre le Rwanda et le Royaume-Uni.
DelAgua, entreprise bénéficiant d’un environnement commercial favorable au Rwanda depuis sa création en 2012, participait au Forum. S’exprimant lors d’un panel sur « Faire progresser les opportunités d’investissement dans l’économie verte au Rwanda », le COO du groupe, Euan McDougall, a indiqué : « Une chose que nous avons prise au sérieux chez DelAgua au cours de l’année écoulée est de constituer une équipe de personnel rwandais pour gérer nos opérations carbone, en veillant à ce que les Rwandais disposent des compétences nécessaires pour participer à l’économie verte à mesure qu’elle continue de croître. Nous sommes impatients de travailler encore de nombreuses années au Rwanda et d’utiliser les avantages qu’apporte le cadre du marché du carbone.” Soulignant au passage que le Rwanda est l’un des deux seuls pays africains dotés d’une taxonomie verte formalisée soutenant des projets environnementaux et socio-économiques, le premier pays africain à mettre en œuvre son cadre de marché du carbone et le pays s’est fixé un objectif ambitieux de réduire les émissions de GES de 38 %. d’ici 2030.
Le programme Tubeho Neza de DelAgua a jusqu’à présent distribué 1,5 million de foyers améliorés de haute qualité à travers le Rwanda et créé des emplois pour plus de 200 Rwandais et 7 000 agents de santé communautaire au fil des ans.
Le Rwanda, “ un pôle d’attraction pour des investissements intelligents et durables”
Des annonces auront été faites. Parmi lesquelles, celle de Bboxx, une entreprise axée sur les données et œuvrant à améliorer l’accès à l’énergie en Afrique, qui a annoncé lors du forum le transfert de son siège de Londres à Kigali. Cette décision s’inscrit dans l’engagement de Bboxx envers l’Afrique qui prévoit d’investir plus de 100 millions de dollars au Rwanda et de former plus de 1 000 Rwandais au cours des 5 prochaines années.
De quoi permettre à Francis Gatare, nouveau directeur général du Rwanda Development Board, de déclarer : « La transformation du Rwanda en une plaque tournante de la technologie et de l’innovation n’est pas une coïncidence ; c’est le résultat de politiques délibérées, d’un environnement commercial propice et de notre engagement à offrir une juridiction compétitive. La décision de Bboxx de déménager son siège social à Kigali est une décision bienvenue et s’inscrit dans le cadre de nos efforts pour que le Rwanda soit un pôle d’attraction pour des investissements intelligents et durables. Notre écosystème unique offre un terrain fertile aux entreprises comme Bboxx pour innover et se développer, signalant au monde que le Rwanda est ouvert aux affaires et prêt pour l’avenir.”
Et Omar Daair d’en conclure : « Le partenariat du Royaume-Uni avec le Rwanda repose sur des valeurs partagées et un engagement mutuel en faveur du développement durable. Le déménagement de Bboxx à Kigali reflète cette relation solide et illustre le soutien continu du Royaume-Uni à l’innovation africaine.”
En attendant le prochain Sommet sur l’investissement Royaume-Uni-Afrique (UK-AIS) …
Objectif tenu donc pour le forum qui ne sera pas attardé sur la controverse entourant l’accord sur les migrants entre le Royaume-Uni et le Rwanda. Le prochain Sommet sur l’investissement Royaume-Uni-Afrique (UK-AIS) qui devait avoir lieu en avril 2024, finalement reporté à une date ultérieure, s’annonce donc sous les meilleurs auspices. Le Sommet de 2024 devrait capitaliser sur les engagements pris lors du précédent Sommet de 2020, jetant ainsi les bases de nouveaux partenariats entre le Royaume-Uni et les pays africains.
La sortie de l’Union européenne a conduit le Royaume-Uni à renégocier ses accords commerciaux, y compris avec les pays africains, dans le but de renforcer ses liens économiques avec le continent. Les principaux secteurs d’intérêt comprennent l’énergie, les ressources naturelles, l’agriculture et d’autres industries.
Les exportations britanniques vers l’Afrique ont augmenté, totalisant 18,5 milliards de livres sterling, représentant 2,7 % du total des exportations britanniques. Les importations en provenance d’Afrique ont totalisé 16,7 milliards de livres sterling, soit 2,3 % des importations totales du Royaume-Uni. Le Developing Countries Trading Scheme (DCTS) du Royaume-Uni, entré en vigueur en juin 2023, a amélioré l’accès au marché britannique pour 37 pays africains.
En attendant, la Grande-Bretagne n’est pas la seule à nourrir de nouvelles ambitions africaines. L’Italie a accueilli en parallèle son propre sommet Italie-Afrique à Rome, les 29 et 30 janvier, présentant à cette occasion le « plan Mattei » doté de plus de 5,5 milliards d’euros pour le développement. Avec pour ambition de faire de l’Italie un pont entre l’Europe et l’Afrique.
Ces événements confirment l’intérêt croissant des puissances pour l’Afrique, mettant en lumière son importance sur la scène internationale.