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Formation : « Notre objectif est de former un millier de coiffeurs d’ici 2035 ».

La Fondation Bluemind lance Heal by Hair 2022, un programme de formation aux métiers de la coiffure qui intègre les aspects économiques, sociaux et sanitaires. Interview croisée de Marie-Alix de Putter, fondatrice et présidente de la Fondation Bluemind, et de Victore Biegny, coiffeur sélectionné par Heal by Hair et présidente de CONAPAPECI…

La Fondation Bluemind lance un programme de formation pour les professionnels de la coiffure. Pourquoi ?

Marie-Alix de Putter : Pour répondre à cette question, commençons par trois données publiées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) : 110 millions de personnes sont touchées par des problèmes de santé mentale en Afrique, et 60% d’entre elles sont des femmes. Soit 12 millions de femmes en souffrance de plus que la population française, par exemple. Un professionnel de la santé mentale est disponible pour environ cinq cent mille personnes (1/500.000) alors que l’OMS recommande 1/5000. Le budget moyen alloué à la santé mentale en Afrique est de 0,1 USD par individu, soit 27 fois moins que les normes mondiales. Ces chiffres peuvent être lus de différentes manières. Pour nous, ils soulignent le fait que l’innovation en matière de santé mentale n’est pas une option mais une nécessité absolue.

« L’innovation en matière de santé mentale n’est pas une option mais une nécessité absolue »


En novembre dernier, la Fondation Bluemind a publié une étude menée dans six pays auprès de 714 femmes et 148 coiffeurs. Le rapport de l’étude croisée révèle que 67% des jeunes femmes sont plus enclines à se confier à des coiffeurs et que 61% se confieraient encore plus facilement si lesdits professionnels étaient formés aux premiers secours en santé mentale. 91% des coiffeurs sont prêts à être formés, et nous avons maintenant un pipeline de plus de 250 coiffeurs en Côte d’Ivoire (Abidjan) prêts à participer au programme Heal by Hair et déjà une cohorte de 30 professionnels sélectionnés.
Heal by Hair est le premier mouvement de coiffeurs ambassadeurs de la santé mentale en Afrique. Un programme construit sur l’expérience de vie quotidienne des femmes et soutenu par des données précises sur le terrain.

La coiffure en Afrique a donc un aspect social et économique, mais aussi un aspect sanitaire. Et pour intégrer ces aspects, il est nécessaire d’adapter les cycles de formation ?

Victoire Biegny : Les aspects de la coiffure sont les mêmes partout dans le monde. Par exemple, j’ai lu récemment un article disant que les coiffeurs en Amérique recevront une formation contre la violence domestique. En outre, je suis heureux que des initiatives comme celles-ci mettent en lumière notre travail quotidien. Le plus important est d’aider les stagiaires et les professionnels à prendre conscience de l’importance de cet aspect particulier du travail. Le métier et les pratiques ne changent pas. Les femmes ont toujours considéré les salons de coiffure comme sûrs et cela continuera. Le seul changement est qu’avec le programme « Heal by Hair », le coiffeur sera plus engagé et équipé de meilleurs outils pour les aider.

Existe-t-il des cycles de formation pour la coiffure en Côte d’Ivoire ? Quels sont les manques dans ce type de formation ?

« Nous sommes convaincus que les résultats obtenus grâce au programme Heal By Hair motiveront davantage de coiffeurs à s’engager dans les premiers soins psychologiques »

Victoire Biegny : Aujourd’hui en Côte d’Ivoire, tout le monde s’intéresse à la coiffure, surtout les étudiants. D’ailleurs, il y a de plus en plus de centres de formation et d’écoles de coiffure en partenariat avec des organismes européens et la Chambre des Métiers de Côte d’Ivoire. Le volet essentiel de santé mentale apporté par la Fondation Bluemind avec son programme Heal by Hair sera un plus indéniable dans le cadre de ces formations.
Nous sommes convaincus que les résultats obtenus grâce au programme Heal By Hair motiveront davantage de coiffeurs à s’engager dans les premiers soins psychologiques. Je l’ai déjà dit : les femmes viennent chez le coiffeur, non seulement pour la mode, mais aussi pour la conversation, le soulagement du stress et le soutien émotionnel. Heal by Hair aidera les coiffeurs à s’améliorer sur ces aspects.

Comment ce programme de formation sera-t-il mis en œuvre concrètement ?

« Créer des solutions pratiques pour créer une communauté de femmes coiffeuses, améliorer leur impact social et environnemental, et soutenir le développement économique de ces micro-entrepreneurs »

Marie-Alix de Putter : La session inaugurale se déroulera à l’hôtel Azalaï à Abidjan, du 4 au 6 avril 2022.
Elle consiste en un cursus de trois jours au cours duquel les coiffeurs apprennent, sous la direction de psychiatres, de professionnels de la santé mentale formés et d’experts, à reconnaître les symptômes de santé mentale croissants ou l’aggravation de symptômes préexistants. Ils seront également en mesure de les orienter vers un professionnel. Ils apprendront également l’écoute active, la confidentialité et comment conseiller leurs clients (ndlr : les femmes) dans le besoin. Comme vous le savez, les femmes sont un pilier de l’économie africaine. Avec un taux de 25,9%, le continent africain a le plus haut pourcentage de femmes entrepreneurs au monde (source : GEM). Le programme Heal by Hair, en s’appuyant sur une communauté de femmes coiffeuses qui gèrent de très petites entreprises, vise également à créer des solutions pratiques pour créer une communauté de femmes coiffeuses, améliorer leur impact social et environnemental, et soutenir le développement économique de ces micro-entrepreneurs.
Dans le cadre de leur participation au programme Heal by Hair, les incitations sociales fournies aux coiffeuses leur permettront d’étendre leurs activités.

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