Focus : les enjeux du sommet UE-UA
L’aide publique au développement (APD) consentie par l’Union européenne (UE) et ses 27 États membres s’est établie à 66,8 milliards d’euros en 2020, soit une hausse de 15%. Dont un tiers à destination de l’Afrique. Ce qui fait de l’Union le principal « donateur » du continent. Reste qu’avec l’entrée en vigueur du « nouvel accord de Cotonou », et de la ZLECAf, ainsi que des besoins, colossaux, posés par la pandémie, la relation entre les deux continents doit être mise à jour à travers « un new deal ». Lequel devra être entériné à Bruxelles en février prochain lors du prochain sommet UE-UA.
Par la rédaction
Après la précédente édition qui s’était déroulée à Abidjan en novembre 2017, le 6e sommet Afrique-Europe se tiendra les 17 et 18 février à Bruxelles (Belgique), où l’Union européenne (UE) accueillera l’Union africaine (UA). Reporté en octobre dernier en raison de la pandémie, ce sommet aura pour objectif de «refonder en profondeur la relation un peu fatiguée» entre les deux continents », selon la formule du président Emmanuel Macron, le chef d’État français rappelant au passage que 300 milliards d’euros de financement seront nécessaires entre 2020 et 2025 pour relever les économies africaines, éprouvées par la crise sanitaire.
« Définir les priorités clés pour les années à venir et fournir les orientations stratégiques et politiques pour les relations entre les deux continents »
Pour le président du Conseil européen, Charles Michel, la rencontre devrait en tous les cas aider à « définir les priorités clés pour les années à venir et fournir les orientations stratégiques et politiques pour les relations entre les deux continents ». Le responsable politique a par ailleurs confirmé que des investissements seraient annoncés lors de ce sommet ; une manière d’acter la volonté de l’UE et de l’UA de renforcer leur partenariat, notamment sur le volet économique. Reste à savoir si, sur les deux continents, on converge vers la même orientation à donner à cette alliance.
« Un plaidoyer en faveur d’une plus juste rémunération des ressources naturelles et d’un changement de gouvernance mondiale »
Du côté africain, le président sénégalais Macky Sall- à la tête de la présidence de l’UA pour la période 2022-2023- a annoncé consacrer son mandat à « un plaidoyer en faveur d’une plus juste rémunération des ressources naturelles et d’un changement de gouvernance mondiale ». Pour lui, la priorité est à la reprise économique… et à plus d’équité dans les échanges commerciaux, à l’heure de l’entrée en vigueur des accords post-Cotonou et de la ZLECAf. Côté européen, les priorités restent la lutte contre l’immigration clandestine, la question sécuritaire, le changement climatique, les questions de genre mais aussi la riposte à adopter face aux influences chinoise et russe grandissantes sur le continent africain.
De ce point de vue, il sera sans doute difficile de trouver un agenda commun entre les pays membres de l’UE et ceux de l’UA, et ce même si des échanges préalables ont d’ores et déjà eu lieu en décembre, entre Charles Michel et les présidents Emmanuel Macron, Macky Sall et Paul Kagame.
Une aide au développement utilisée comme levier pour attirer les investissements du secteur privé
Une chose est sûre, l’aide au développement de l’UE sera désormais utilisée comme un levier pour attirer les investissements du secteur privé « afin de générer les fonds nécessaires pour soutenir des initiatives dans les infrastructures et les technologies vertes, essentielles à la transition écologique et à la transformation des économies africaines », a souligné Charles Michel. De fait, cette primauté accordée au secteur privé et aux projets à fort impact économique est le « new deal » proposé par l’UE au continent africain. Un changement de cap annoncé dès 2019 par Ursula von der Leyen, à son arrivée à la présidence de la Commission européenne, et qui avait du reste choisi de se rendre à Addis-Abeba, siège de l’Union africaine, pour son tout premier déplacement officiel, démontrant ainsi la priorité qu’elle souhaitait donner à l’Afrique.
Même son de cloche à Paris, où se tenait le 10 janvier dernier une réunion préparatoire au Sommet UA-UE, durant laquelle Franck Riester, ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, chargé du Commerce extérieur et de l’attractivité, a rappelé que « l’UE [souhaitait] demeurer à tous égards, le premier partenaire de l’Afrique sur le plan économique, commercial, mais aussi en matière de sécurité, d’aide publique au développement et humanitaire ».
Remettre à plat la « relation donateur-bénéficiaire »
Dans un contexte de pandémie mondiale et face aux défis de la transition écologique, il appartient désormais aux pays européens et africains de tracer les lignes directrices de leurs coopération future. Ce partenariat renouvelé passera notamment par une remise à plat de la « relation donateur-bénéficiaire » qui a trop longtemps prévalu entre l’Europe et l’Afrique, selon les services de la commission européenne du développement sur l’éducation, l’agriculture. Par conséquent, si la stratégie est déjà sur les rails, le Sommet n’aura d’autre enjeu que de l’entériner….