Focus Kigali, des transports verts pour une ville verte
Bus électriques, motos sans émission, infrastructures intelligentes : la capitale du Rwanda accélère sa transition vers des transports durables. Avec des acteurs comme BasiGo et le soutien de bailleurs internationaux, Kigali s’impose comme un modèle africain d’innovation écologique au service de ses citoyens.

Capitale exemplaire, Kigali s’impose comme la vitrine africaine d’une mobilité durable intégrée. Avec ses bus électriques (en partenariat avec BasiGo), ses pistes cyclables, son plan de piétonnisation du centre-ville, et la digitalisation complète des titres de transport, la ville offre une vision du futur urbain africain. Le projet “Smart Kigali”, soutenu par la Banque mondiale et le secteur privé, associe urbanisme, numérique et transport propre.
Selon le maire de Kigali, Samuel Dusengiyumva, « notre ambition est de devenir une ville verte à tous les niveaux, de la mobilité à l’énergie, et de montrer qu’une capitale africaine peut être à l’avant-garde de l’innovation durable ».
À Kigali, la mobilité se réinvente. Dans cette capitale en pleine croissance, où plus de 1,7 million d’habitants circulent chaque jour, les moteurs thermiques laissent progressivement place à l’électricité. En 2025, le Rwanda franchira une nouvelle étape dans sa transition écologique avec l’arrivée de 100 bus électriques, livrés par l’entreprise kényane BasiGo, dont 28 ont déjà été réceptionnés entre avril et mai.
Notre ambition est de devenir une ville verte à tous les niveaux, de la mobilité à l’énergie, et de montrer qu’une capitale africaine peut être à l’avant-garde de l’innovation durable
Ces véhicules silencieux, capables de parcourir jusqu’à 300 kilomètres par charge, desserviront les grands axes de la ville. « Nous avons déjà enregistré 361 précommandes, ce qui montre un véritable appétit du marché pour une mobilité propre », a déclaré Jit Bhattacharya, PDG de BasiGo. Pour accompagner ce déploiement, un dépôt de recharge d’une puissance d’1 MW est en cours d’aménagement à Rwandex, et plusieurs autres sont prévus sur le territoire.
Des incitations fortes

Le gouvernement rwandais a mis en place des mesures concrètes pour accompagner cette transition. Parmi elles : la suppression de la TVA sur les véhicules électriques, la réduction des droits d’importation, et des subventions pour la conversion des motos thermiques. Le but est clair : atteindre une réduction de 38 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, conformément aux engagements climatiques du Rwanda.
Le président Paul Kagame a souvent affirmé que « la protection de l’environnement n’est pas un luxe, mais une nécessité pour le développement durable de l’Afrique ». Kigali en est aujourd’hui une illustration concrète.
Une ville plus accessible, plus inclusive et plus résiliente

La Banque africaine de développement (BAD) a apporté un soutien décisif à cette transition. Le 2 décembre 2024, elle a validé un prêt de 100 millions de dollars destiné à moderniser les infrastructures de transport de Kigali. Ce financement permettra la construction de voies réservées aux bus, de trottoirs sécurisés et de pistes cyclables. « Notre objectif est de bâtir une ville plus accessible, plus inclusive et plus résiliente », a souligné le maire de Kigali, Samuel Dusengiyumva.
Selon la BAD, le projet pourrait réduire le temps de trajet de 30 % aux heures de pointe, tout en créant plus de 3 000 emplois directs et indirects dans les secteurs de la mobilité verte et des infrastructures.
Kigali, un laboratoire africain de la ville durable
La vision rwandaise dépasse le simple cadre technologique. Il s’agit d’un modèle intégré où les politiques publiques, les investissements privés et l’innovation sociale convergent. Le ministère des Infrastructures a mis en place une stratégie nationale de mobilité électrique dès 2021, avec pour objectif d’électrifier 30 % de la flotte de véhicules du pays d’ici 2030.
La ville a déjà expérimenté l’introduction de minibus électriques, avec des résultats positifs en termes de coûts d’exploitation et d’acceptabilité par les usagers. « C’est silencieux, propre, et on a même le Wi-Fi à bord », témoigne Aminata, une étudiante à l’Université du Rwanda.
Le Rwanda bénéficie également de son cadre réglementaire clair, de l’efficacité de son administration, et de partenariats internationaux solides, notamment avec la Banque mondiale, la GIZ allemande, et des start-up locales de la green tech.
Vers une Afrique urbaine durable
L’exemple de Kigali fait école sur le continent. D’autres capitales africaines comme Nairobi, Accra ou Dakar suivent de près l’évolution du modèle rwandais. Le défi est immense : selon l’ONU, la population urbaine d’Afrique doublera d’ici 2050. Si elle veut éviter l’explosion de la pollution et de la congestion, l’Afrique doit inventer une nouvelle mobilité.
Kigali, par ses choix audacieux, propose une voie. Une voie électrique, mais aussi sociale, innovante et inclusive. Et si l’avenir de la ville africaine se jouait ici, sur les collines de Kigali ?