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Fatmata Binta : l’icône africaine de la gastronomie au service des systèmes alimentaires durables

La cheffe sierra-léonaise, innovatrice culinaire primée, devient Ambassadrice régionale de bonne volonté de la FAO pour l’Afrique, portée par sa passion pour les aliments du patrimoine et l’autonomisation des agricultrices.

Dans un monde où l’alimentation et l’agriculture sont au cœur des défis du XXIᵉ siècle, certaines voix émergent avec une force singulière. Fatmata Binta, cheffe sierra-léonaise basée au Ghana, incarne cette convergence entre gastronomie, culture et engagement social. Le 16 octobre 2025, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) l’a officiellement désignée Ambassadrice régionale de bonne volonté pour l’Afrique, un rôle qui lui permettra de promouvoir les systèmes alimentaires durables et de soutenir les agricultrices africaines.

Une expérience gastronomique qui célèbre les aliments traditionnels africains

Première Africaine à remporter le prestigieux Prix culinaire mondial basque, Fatmata Binta s’est imposée comme une figure emblématique de l’innovation culinaire africaine. Sa créativité ne se limite pas aux assiettes : elle s’étend à une vision globale de la gastronomie comme outil de développement et de préservation des savoirs locaux. À travers son concept nomade « Dine on a Mat », elle propose une expérience gastronomique qui célèbre les aliments traditionnels africains, tandis que sa Fulani Kitchen Foundation œuvre pour la valorisation des cultures sous-utilisées comme le fonio et pour l’autonomisation des agricultrices.

En tant qu’Ambassadrice de bonne volonté de la FAO, elle continuera à utiliser sa voix et ses réseaux pour défendre les agriculteurs, en particulier les agricultrices, et les jeunes

En accueillant la cheffe dans ce nouveau rôle, QU Dongyu, Directeur général de la FAO, a insisté sur l’importance de son influence : « En tant qu’Ambassadrice de bonne volonté de la FAO, elle continuera à utiliser sa voix et ses réseaux pour défendre les agriculteurs, en particulier les agricultrices, et les jeunes. » Cette nomination s’inscrit dans un contexte symbolique, celui de la Journée mondiale de l’alimentation, qui célébrait également le 80ᵉ anniversaire de l’organisation.

Se situer à l’intersection de la culture, de l’alimentation et de la politique, défendre les aliments oubliés de l’Afrique et nos systèmes alimentaires, et veiller à ce que les communautés rurales soient entendues

Pour Binta, ce mandat dépasse la simple reconnaissance : il s’agit de conjuguer culture, alimentation et politique pour défendre les systèmes alimentaires africains. « Ce rôle signifie se situer à l’intersection de la culture, de l’alimentation et de la politique, défendre les aliments oubliés de l’Afrique et nos systèmes alimentaires, et veiller à ce que les communautés rurales soient entendues », explique-t-elle. Sa démarche met en lumière l’importance de préserver les ressources locales et de créer des circuits alimentaires qui bénéficient directement aux producteurs et aux communautés.

Le parcours de Fatmata Binta illustre également le rôle croissant des chefs et créateurs culinaires dans le plaidoyer pour la durabilité et la justice sociale. Son engagement pour le fonio, céréale ancestrale africaine souvent reléguée au second plan, est emblématique de sa stratégie : redonner une place centrale aux aliments du patrimoine tout en favorisant la sécurité alimentaire et l’inclusion économique. À travers ses initiatives, elle collabore étroitement avec des agricultrices, formant des réseaux de partage de connaissances et encourageant l’innovation dans la production et la transformation des aliments indigènes.

La gastronomie, un outil stratégique pour le développement rural et la valorisation économique des produits africains

La vision de Fatmata s’inscrit dans une dynamique régionale et continentale. En tant que cheffe et militante agroalimentaire, elle illustre comment la gastronomie peut devenir un outil stratégique pour le développement rural et la valorisation économique des produits africains. Son approche holistique inclut l’éducation culinaire, le mentorat des jeunes femmes et la promotion de pratiques agricoles durables, reliant ainsi la culture, l’économie et l’écologie.

En tant qu’Ambassadrice de la FAO, elle bénéficiera d’une plateforme internationale pour mettre en avant les enjeux des systèmes alimentaires africains, faire connaître les pratiques agricoles innovantes et créer des synergies entre chefs, producteurs, institutions et décideurs politiques. Sa voix devient ainsi un levier puissant pour transformer la manière dont le monde perçoit et valorise la richesse alimentaire du continent.

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