FAGACE : un fonds de garantie pour 14 états membres
La route du développement passe indéniablement par le financement des projets. Fort de ce constat, les Etats africains continuent de mutualiser leurs efforts à travers des institutions régionales, et ce afin de garantir les financements. A l’instar du Fonds Africain de Garantie et de Coopération Economique (FAGACE), créé il y une quarantaine d’années pour servir de fonds de garantie aux Etats membres, et qui augmente substantiellement son capital pour l’exercice 2017-2020. Une autre façon de contribuer à l’autonomie financière du continent.
« Depuis 40 ans, le FAGACE contribue au développement socio-économique de ses quatorze Etats membres à travers des interventions en garantie, en financement direct, en caution sur marché, en allongement de la durée de crédit et en bonification de taux d’intérêt », comme l’explique Minafou Fanta COULIBALY-KONE, la nouvelle directrice générale de FAGACE. Mis en place au départ par 9 Etats africains en février 1977, le fonds avait pour mission de faciliter l’accès au financement des projets des Etats membres et des entreprises publiques. Aujourd’hui, ses réalisations attirent d’autres pays : le Bénin, le Burkina Faso, le Cameroun, la Centrafrique, le Congo, la Côte d’Ivoire, la Guinée Bissau, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Rwanda, le Sénégal le Tchad et le Togo qui en sont les actionnaires principaux.
1500 milliards de financements mobilisés
Avec 304 projets pilotés par les 14 états ou par leurs entreprises publiques, le FAGACE clôture l’année 2016 sur un montant total de 1500 milliards de FCFA mobilisés – et ce dans les domaines des télécommunications, de l’agro-industrie, de l’énergie et bien sûr des infrastructures. Outre le volume global de financement, c’est surtout la diversité de la mise en œuvre des moyens qui contribue à la réussite du fonds selon sa directrice générale : « Au titre des interventions, les engagements bruts cumulés en avals s’élèvent à 333 603 millions de francs CFA, 8987 millions de FCFA en bonification de taux d’intérêt, 1165 millions de FCFA en prise de participation, 976,8 millions de FCFA en allongement de la durée de crédit, 7300 millions de FCFA en financement direct et 1701,75 millions de FCFA en caution sur marché. » Ainsi, l’institution envisage de franchir d’autres paliers en 2017, tant pour répondre au besoin d’innovation que d’autonomie en matière financière.
350 milliards de FCFA pour s’autofinancer
Pour l’économiste togolais Jean Wilson, la logique des institutions telles que le FAGACE permet de tendre vers une réelle autonomie : « Je pense qu’avec ce type de fonds de garantie, les états ont montré que l’Afrique peut également s’offrir des moyens pour autofinancer des projets de développement. » Néanmoins, les défis à relever pour garantir le financement de tous les projets restent immenses. C’est d’ailleurs ce qui a conduit les états membres à opter pour une augmentation du capital autorisé, qui est passé de 100 milliards à 350 milliards FCFA dès 2016 – et ce pour permettre la recapitalisation du fonds ; le développement progressif des activités opérationnelles ; l’investissement pour des domaines porteurs tels que l’hôtellerie, la microfinance et la manutention portuaire. « Par cette augmentation du capital, l’institution se donne les moyens de ses actions afin de soutenir la croissance économique dans les états membres en investissant dans les secteurs porteurs » confirme l’économiste togolais.
2017-2020 : recapitaliser et réorienter
Face au ralentissement de la croissance économique sur le continent et en raison de la baisse du prix des matières premières, notamment du pétrole, le fonds vient de mettre sur pied un nouveau plan stratégique couvrant la période 2017-2020, résumé par la direction en quelques points : innovation, gouvernance, confiance réciproque et rentabilité. « En 2017, le FAGACE amorce une transformation en vue de mieux répondre aux évolutions du marché financier et aux attentes des Etats membres : développer des offres innovantes, renforcer la gouvernance, le management et l’efficacité opérationnelle, améliorer la qualité des relations avec les partenaires en restaurant un climat de confiance, dynamiser les partenariats techniques avec les autres institutions de développement, garantir la rentabilité financière et la pérennité du modèle économique, sont entre autres les principaux leviers d’actions pour y arriver. »
Toutefois, à l’heure où les états africains cherchent à sortir d’un développement arrimé à des financements encore trop conditionnels, des sources proches de l’institution confirment qu’une nouvelle augmentation du capital pourrait être à l’ordre du jour dans les années à venir. Un pas de plus vers une autonomie financière pour le continent, ou du moins pour les états membres du Fonds.