Etude : le sport en Afrique, entre perspectives, défis et opportunités
Le sport occupe une place majeure dans l’économie mondiale. Aujourd’hui, son industrie pèse près de 1,200 milliards d’euros, soit 2% du PIB mondial. Cependant, en Afrique, il ne contribue aux ressources du continent qu'à hauteur de 0,5 % du PIB…`
Par le cabinet Morgan Philips
Des systèmes institutionnels dédiés au sport jugés encore trop « faibles », des manques de financements et d’infrastructures ou des mauvaises gestions, peuvent en partie en être la cause. Mais le sport offre de grandes opportunités, que l’Afrique doit saisir, en misant sur des « stratégies publiques plus appropriées » et des « modes de financement plus conséquents et adaptés ».
Faire du sport un levier de développement en Afrique
En Afrique, sport rime avec économie. En effet, l’essor de l’industrie du sport est « synonyme d’investissements et de retombées économiques importantes », ce qui représente « un véritable enjeu » pour le développement économique et social du continent. L’exemple de la Coupe du Monde de la FIFA 2010 en Afrique du Sud, la première sur le continent, illustre l’impact et les opportunités qu’offre le sport : l’État sud-africain, en dépensant trois milliards USD dans le développement des infrastructures nécessaires aux projets (dont 1,29 subventionné par la FIFA), a permis une relance économique de six milliards USD sur le long terme.
En plus de ces retombées économiques, le sport entraîne un « développement social », notamment à travers les investissements et la création d’emplois. Investir dans le sport permet d’engendrer des « mutations profondes » des environnements éducatifs tels que les centres sportifs et les activités socio-éducatives, qui s’avèreraient être une stratégie de développement efficace, favorisant l’inclusion et la cohésion sociale. Cependant, malgré des « politiques sportives » mises en place dans certains pays africains, de nombreux obstacles freinent le développement de cette industrie sur le continent : manques de coordination, de moyen et de financement.
Comprendre et analyser l’écosystème du sport africain
En décembre 2020, le cabinet Mazars et l’African Sports & Creative Institute (ASCI) ont présenté en visioconférence une étude intitulée « Écosystème du sport en Afrique : de potentiel à un levier de développement », dont l’objectif est d’« établir un état des lieux de l’industrie du sport » sur le continent et de « définir les défis et les opportunités » qui se présentent à ce dernier. Plusieurs experts du sport et du développement tels que Mihoub Mezouaghi, directeur de l’Agence française de développement (AFD), Robins Tchale Watchou, directeur Général de Vivendi Sport, Vera Sogwe, Executive Secretary de la Commission économique africaine (ECA), Pierre Laporte, directeur pays à la Banque Mondiale, ou encore le footballeur Didier Drogba, étaient ainsi réunis.
Cette étude, réalisée auprès de 500 acteurs du sport africain, met premièrement en avant la mauvaise compréhension des enjeux du sport, ce qui, par conséquence, engendre un manque de financement, ces acteurs ne sachant convaincre suffisamment les sponsors et les bailleurs de fonds de prendre part à leurs projets. Deuxièmement, le manque de recueils et d’accès aux données s’avère également problématique car cela « freine la capacité des dirigeants à détecter les opportunités ». Enfin, « le manque d’innovation » se révèle être un défi majeur : 84% des sondés estiment que ce manque est « la plus grande faiblesse de l’écosystème du sport africain », 77% déplorent « un manque d’infrastructures » et 71% estiment que « les professionnels de sport ne bénéficient pas d’une formation adéquate ».
Quelles pistes pour y remédier ?
Pour pallier ces difficultés, Abdou Diop, Managing Partner de Mazars au Maroc, et Mohsen Abdel Fattah, Directeur de l’ASCI, ont présenté des recommandations dans le rapport final de l’étude. Parmi celles reposant sur les institutions, l’étude propose les suivantes : « produire de l’information et de l’analyse régulière et fiable ; créer un Observatoire africain du sport ; créer, harmoniser et réguler les formations en management du sport ; améliorer l’éthique de travail des professionnels du sport grâce à l’instauration d’un code de déontologie et d’une politique de formation des acteurs du secteur ; inscrire l’entreprenariat des jeunes comme une priorité ; réformer la gouvernance du sport ; accentuer la collaboration régionale ; définir le sport comme une réponse aux Objectifs de développement durable (ODD) ; valoriser les patrimoines culturel, immatériel et naturel africains dans la promotion du sport ».
Enfin, celles concernant les stratégies d’investissement et de financements sont les suivantes : « investir dans la recherche économique et sociale ; créer un environnement juridique, fiscal et économique propice à l’investissement dans le sport ; investir dans les sports de masse et amateur pour en faire des leviers de développement du sport d’élite ; faire du sport de masse le moteur de l’économie du sport ; positionner le fan au centre de l’écosystème du sport ; innover dans l’offre commerciale ; accélérer la digitalisation de l’offre ; promouvoir les partenariats public-privé ».