Énergie : un mécanisme innovant pour atténuer les risques de change et soutenir la transition du secteur en Afrique
En marge du Sommet africain de l’énergie à Dar es Salam, la Banque africaine de développement et KPMG Afrique du Sud ont présenté une approche novatrice pour surmonter les risques de change qui freinent le financement des projets d’infrastructures énergétiques en Afrique.
Dans un contexte où la volatilité des devises étrangères compromet souvent la réalisation de projets d’infrastructures énergétiques sur le continent, le Groupe de la Banque africaine de développement (BAD) et le cabinet d’audit et de conseil KPMG Afrique du Sud ont publié un rapport révolutionnaire visant à atténuer les risques de change. Ce rapport, intitulé « New Mechanism for Mitigating Currency Risk to Support Africa’s Energy Transition » (Nouveau mécanisme d’atténuation du risque de change pour soutenir la transition énergétique de l’Afrique), a été présenté lors du Sommet africain de l’énergie qui s’est déroulé les 27 et 28 janvier à Dar es Salam, en Tanzanie.
Un défi majeur pour la transition énergétique en Afrique
Le Sommet africain de l’énergie a réuni des chefs d’État, des représentants des banques multilatérales de développement, du secteur privé, des partenaires du développement et de la société civile pour explorer les moyens d’utiliser les ressources naturelles de l’Afrique afin de stimuler une croissance économique durable et combler le déficit de financement sur le continent. Le rapport de la Banque africaine de développement et de KPMG Afrique du Sud met en lumière un obstacle majeur : la volatilité des devises étrangères et les risques de convertibilité. Ceux-ci menacent l’accessibilité et la durabilité des projets d’énergie indépendants (IPP) financés par le secteur privé, ce qui ralentit la transition énergétique de l’Afrique.
Une devise non circulante pour réduire les risques de change
Le rapport propose une solution innovante : la création d’une « devise non circulante » adossée à un panier diversifié de matières premières critiques. Ce mécanisme offre une alternative aux financements traditionnels libellés en dollars américains ou en euros et permet de stabiliser les taux de change, qui sont souvent instables dans les devises locales des pays africains. Cette approche est d’autant plus pertinente que l’Afrique possède une abondance de minéraux critiques nécessaires à la transition énergétique mondiale, représentant environ un tiers des ressources nécessaires pour cette transition, selon la BAD.
La demande de minéraux critiques continuera à croître de manière exponentielle au cours des 30 prochaines années, et on ne saurait trop insister sur l’importance du rôle de l’Afrique dans la transition énergétique mondiale
La mise en place de ce mécanisme de financement pourrait avoir un impact significatif sur le coût du capital pour les projets d’énergie propre. Cela réduirait le coût des investissements, renforcerait la coopération et l’intégration financières transfrontalières et améliorerait la position de négociation de l’Afrique sur les marchés mondiaux des ressources. En effet, selon Auguste Claude-Nguetsop, associé et responsable des services financiers chez KPMG Afrique australe, « la demande de minéraux critiques continuera à croître de manière exponentielle au cours des 30 prochaines années, et on ne saurait trop insister sur l’importance du rôle de l’Afrique dans la transition énergétique mondiale. »
Une solution pour réduire le déficit de financement
Le rapport de la BAD et de KPMG souligne également que ce mécanisme contribuerait à réduire le déficit de financement de 400 milliards de dollars par an sur le continent. Ce déficit est un frein majeur à la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD) et à la sécurisation de l’approvisionnement énergétique à long terme. Le nouveau mécanisme pourrait ainsi être un levier important pour renforcer la sécurité énergétique, stimuler l’industrialisation et favoriser la prospérité économique en Afrique.
L’avenir de l’énergie verte en Afrique repose sur le déblocage de solutions financières innovantes qui permettent au continent d’exploiter ses vastes richesses minérales
La BAD, en tant que moteur de ce nouveau mécanisme, souligne qu’il est essentiel d’exploiter les vastes ressources minérales de l’Afrique pour répondre aux besoins énergétiques mondiaux. Wale Shonibare, directeur des solutions financières, de la politique et de la régulation de l’énergie à la Banque africaine de développement, a souligné : « L’avenir de l’énergie verte en Afrique repose sur le déblocage de solutions financières innovantes qui permettent au continent d’exploiter ses vastes richesses minérales. » Il a ajouté que le mécanisme proposé jouerait un rôle crucial dans la stabilisation des flux d’investissement et l’accélération du développement durable.
En nous attaquant aux contraintes financières et en atténuant les risques de change, nous pouvons débloquer de nouvelles opportunités…
En somme, le rapport de la BAD et de KPMG affirme que ce mécanisme présente de nombreux avantages, tant pour les prêteurs que pour les emprunteurs. En réduisant les risques de change et en favorisant un financement plus stable, il pourrait permettre de débloquer de nouvelles opportunités économiques pour le continent, renforcer l’industrialisation et accélérer le développement des infrastructures. Frank Blackmore, économiste en chef chez KPMG Afrique du Sud, a conclu en affirmant que « l’impact économique de l’exploitation des richesses minérales critiques en Afrique est profond. En nous attaquant aux contraintes financières et en atténuant les risques de change, nous pouvons débloquer de nouvelles opportunités économiques, renforcer l’industrialisation et stimuler une croissance durable sur tout le continent. »
« Mission 300 » 70 milliards de dollars mobilisés pour financer des projets énergétiques à travers l’Afrique
Les 27 et 28 janvier 2025, Dar es Salaam, en Tanzanie, a accueilli le Sommet africain de l’énergie « Mission 300 », réunissant des chefs d’État, des institutions financières internationales, des entreprises privées et des organisations communautaires. L’objectif principal de cet événement était de connecter 300 millions de personnes à l’électricité d’ici 2030, en mettant l’accent sur l’accès à une énergie fiable, abordable et durable à travers le continent africain.
Au cours de ce sommet, des engagements financiers significatifs ont été annoncés pour soutenir cette initiative ambitieuse. Le gouvernement tanzanien, en collaboration avec l’Union africaine, le Groupe de la Banque africaine de développement et le Groupe de la Banque mondiale, a mobilisé plus de 70 milliards de dollars pour financer des projets énergétiques à travers l’Afrique.
Parmi les contributions notables, l’Agence française de développement (AFD) a annoncé un engagement de 1 milliard d’euros pour soutenir l’électrification en Afrique subsaharienne d’ici 2030, dans le cadre du programme « Mission 300 ».
Ces engagements financiers visent à transformer le secteur de l’énergie en Afrique, en améliorant l’accès à l’électricité et en favorisant le développement durable à travers le continent.
Consulter le rapport complet « New Mechanism for Mitigating Currency Risk to Support Africa’s Energy Transition »