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Énergie : l’Union européenne intensifie ses investissements dans les énergies renouvelables en Afrique

Lors du Global Gateway Forum qui s'est tenu les 9 et 10 octobre derniers à Bruxelles, Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a annoncé un nouveau financement de 618 millions d’euros pour accélérer la transition énergétique en Afrique, portant à plus de 1,16 milliard d’euros le montant engagé en moins d’un mois. Cette initiative, inscrite dans la stratégie Global Gateway, reflète la volonté de l’UE de faire de l’énergie verte un pilier central de sa coopération avec le continent. Ils ne sont pas les seuls : les Etats-Unis entrent également dans la course…

L’Afrique concentre environ 60 % des meilleurs potentiels solaires mondiaux, mais reste confrontée à un défi majeur : près de 600 millions de personnes vivent encore sans électricité. Cette situation souligne l’urgence de soutenir la transition énergétique, non seulement pour améliorer l’accès à l’énergie, mais aussi pour stimuler le développement économique et social.

Pour l’Union européenne, investir dans les énergies renouvelables en Afrique répond à des enjeux climatiques, économiques et géostratégiques. D’un côté, ces investissements s’inscrivent dans la lutte mondiale contre le changement climatique et dans l’effort de réduction des émissions de gaz à effet de serre. D’un autre côté, ils permettent de sécuriser les chaînes d’approvisionnement européennes en minerais critiques, tout en ouvrant à l’UE des opportunités industrielles et technologiques sur le continent.

En renforçant les infrastructures et la capacité de production d’énergie verte, l’Afrique peut non seulement répondre à ses besoins mais aussi se positionner comme un acteur exportateur vers les marchés régionaux et mondiaux.

Scaling Up Renewables in Africa :mobiliser jusqu’à 300 milliards d’euros d’ici 2027 pour des infrastructures durables

La stratégie de l’Union européenne se déploie à travers l’initiative Scaling Up Renewables in Africa, intégrée dans le programme Global Gateway, qui vise à mobiliser jusqu’à 300 milliards d’euros d’ici 2027 pour des infrastructures durables. Concrètement, ces financements se traduisent par des projets divers et ciblés dans plusieurs pays africains. Au Kenya, 55 millions d’euros sont consacrés au renforcement des réseaux électriques et à l’électrification rurale. En Ouganda, 60 millions d’euros permettront de développer des systèmes de stockage et des réseaux intelligents, bénéficiant directement à plus de 250 000 personnes. La RDC reçoit 90,14 millions d’euros pour moderniser le réseau de la zone de Kisangani et soutenir l’industrialisation locale. En Mauritanie, 125 millions d’euros sont investis dans la création d’un corridor de transmission régional, visant à relier plusieurs zones à forte demande énergétique. Le Togo bénéficie de 199 millions d’euros pour un projet combinant solaire et stockage d’énergie, tandis que le Cap-Vert reçoit 39 millions d’euros principalement destinés à la production d’électricité renouvelable. Enfin, un financement de 30 millions d’euros soutient l’interconnexion Zambie-Tanzanie, renforçant les échanges régionaux et améliorant la résilience énergétique du continent.

Ces projets visent à stimuler la croissance locale, créer des emplois, renforcer l’industrialisation verte et préparer le continent à devenir un acteur énergétique régional et mondial.

L’Afrique : un acteur encore sous-représenté

Certains pays africains ont déjà commencé à investir de manière significative dans les énergies renouvelables. Au Kenya, près de 80 % de l’électricité produite provient désormais de sources renouvelables, principalement hydroélectriques, géothermiques et solaires. Le Maroc, quant à lui, a développé le projet solaire Noor, l’un des plus grands complexes solaires au monde, qui contribue à renforcer la production d’énergie propre dans le royaume et à réduire la dépendance aux énergies fossiles.

Cependant, l’Afrique reste encore faiblement intégrée aux circuits d’investissement mondiaux dans les énergies renouvelables. Actuellement, le continent ne mobilise que 3 à 4 % des investissements énergétiques mondiaux, malgré son potentiel immense en solaire, éolien, hydraulique et géothermie. Les financements européens récents visent à combler cette lacune tout en proposant un modèle alternatif aux approches traditionnelles, souvent limitées à des financements bilatéraux ponctuels.

Pour l’UE, soutenir le développement des ENR en Afrique n’est pas seulement un geste de solidarité, mais un levier stratégique

Pour l’Union européenne, soutenir le développement des énergies renouvelables en Afrique n’est pas seulement un geste de solidarité, mais un levier stratégique et industriel : sécuriser l’accès aux matières premières critiques, valoriser les technologies propres européennes et affirmer son rôle dans la diplomatie économique mondiale. « Une transition vers une énergie propre créera des emplois, de la stabilité et de la croissance », a rappelé Ursula von der Leyen lors du Global Gateway Forum.

Investir dans les renouvelables africaines permet à l’UE de sécuriser sa dépendance énergétique et technologique, tout en favorisant le développement d’un partenaire africain stable et intégré. La coopération énergétique devient un vecteur de croissance commune, renforçant les liens économiques et politiques entre les deux continents.

En parallèle, l’Afrique peut tirer parti de ces financements pour développer ses capacités de production locale, améliorer la résilience de ses réseaux et se positionner sur les marchés régionaux et mondiaux. Ces projets offrent ainsi des opportunités d’industrialisation verte, permettant à la fois de créer des emplois et de stimuler la compétitivité des économies africaines.

Les Etats-Unis entrent dans la course

L’Union européenne n’est toutefois pas seule. Les États-Unis, via le Department of Energy (DOE) et des entreprises privées, intensifient également leurs investissements dans les énergies renouvelables en Afrique. Lors de la African Energy Week 2025, le sénateur Ted Cruz a rappelé que : « L’Afrique est un partenaire stratégique. Les États-Unis doivent s’imposer comme alternative solide en matière de transition énergétique. »

Les Américains misent particulièrement sur le gaz naturel et le GPL, et sur des projets à grande échelle tels que le GNL au Mozambique, approuvé pour 4,7 milliards de dollars, ou le projet Rovuma LNG, d’une valeur de 30 milliards de dollars. Des entreprises comme ExxonMobil et Kosmos Energy sont également actives sur plusieurs champs offshore, renforçant l’influence américaine et créant un effet de levier pour attirer les capitaux privés.

Une rivalité des puissances étrangères dans le secteur des énergies renouvelables qui profite au continent

La rivalité américano-européenne dans le secteur des énergies renouvelables profite au continent. L’Afrique se trouve en position de choisir ses partenaires, de valoriser son potentiel énergétique et de construire un modèle de développement durable et intégré.
 Pour l’UE, l’enjeu est clair : participer activement à la transition énergétique africaine, promouvoir ses technologies et savoir-faire, et établir un partenariat stratégique durable. Pour les États-Unis, il s’agit d’offrir une alternative solide à la Chine et de renforcer la présence de leurs entreprises sur le marché africain. Ensemble, ces initiatives transforment l’Afrique en un acteur incontournable de l’énergie mondiale, capable de répondre à ses besoins et d’influencer le développement régional et international.

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