Éducation et formation : préparer l’Afrique aux défis de demain
L'Afrique, tout comme le reste du monde, entre dans l'ère de la quatrième révolution industrielle, dominée par l'intelligence artificielle. Pour saisir les opportunités qu'elle apporte, il est essentiel de préparer les jeunes à maîtriser ces nouvelles technologies. Cependant, les efforts actuels peinent à suivre le rythme, malgré l'émergence d'initiatives portées par des acteurs publics et privés, tant africains qu'internationaux, pour former les jeunes aux compétences nécessaires pour les économies du futur. Analyse.
Les économies africaines, historiquement centrées sur l’agriculture et les industries extractives, se diversifient aujourd’hui vers des secteurs tels que les technologies de l’information et le commerce électronique. Cette transformation nécessite des compétences que les systèmes de formation traditionnels peinent encore à offrir en quantité et en qualité suffisantes. L’essor de la fintech, par exemple, demande des experts en programmation et en cybersécurité.
Cette évolution accentue un problème déjà largement répandu en Afrique : l’inadéquation entre les compétences acquises par les diplômés et les exigences du marché du travail. Selon la Banque Mondiale, 70 % des employeurs considèrent que les jeunes manquent de compétences adéquates. Cette déconnexion conduit à un taux de chômage élevé parmi les jeunes, bien que certains secteurs souffrent paradoxalement d’une pénurie de main-d’œuvre qualifiée.
L’accès à une formation de qualité reste un défi majeur, notamment dans les zones rurales, où les infrastructures éducatives sont souvent déficientes et les programmes d’études obsolètes. Ce manque est exacerbé par la pénurie de formateurs qualifiés et l’accès limité aux technologies modernes.
Les technologies numériques transforment le paysage éducatif
« Alors que les systèmes éducatifs traditionnels peinent à suivre le rythme des changements technologiques rapides, nous assistons à l’émergence de plateformes d’apprentissage alternatives qui offrent des solutions pour combler le déficit de compétences en Afrique. Ces initiatives peuvent accélérer le processus de préparation de nos jeunes à la quatrième révolution industrielle », déclare Rebecca Enonchong, entrepreneure technologique et fondatrice d’AppsTech.
En effet, des initiatives innovantes commencent à se multiplier pour améliorer la formation en Afrique. Les partenariats entre le public et le privé jouent un rôle crucial. Des entreprises comme Andela et Moringa School proposent des programmes intensifs en codage, spécifiquement conçus pour répondre aux besoins des entreprises. Dans le même esprit, le Réseau des Centres de Compétences de la Jeunesse promeut des formations axées sur les compétences numériques et entrepreneuriales.
Les technologies numériques transforment aussi radicalement le paysage éducatif. Des plateformes comme Coursera et edX rendent les formations accessibles, y compris dans des zones reculées. Des initiatives locales, telles que l’Académie de l’Innovation Numérique au Rwanda, intègrent ces technologies pour offrir des formations pratiques, accompagnées de stages, afin de faciliter l’insertion professionnelle des jeunes.
Si l’Afrique veut pleinement exploiter le potentiel des nouvelles technologies…
« Si l’Afrique veut pleinement exploiter le potentiel de ces nouvelles technologies, nous devons investir dans la formation de nos jeunes en leur fournissant les compétences de demain », souligne Akinwumi Adesina, président de la Banque africaine de développement.
Pour prospérer, les programmes de formation doivent s’adapter aux évolutions rapides du marché du travail. L’intégration de compétences transversales, telles que la pensée critique, la collaboration et la capacité à s’adapter, devient indispensable. Une collaboration étroite entre les gouvernements, les institutions éducatives et le secteur privé est essentielle pour garantir la pertinence des formations proposées.
L’avenir de l’éducation en Afrique repose sur la collaboration
« L’avenir de l’éducation en Afrique dépend de la collaboration entre les gouvernements, le secteur privé et les institutions éducatives afin de s’assurer que les étudiants acquièrent des compétences pertinentes pour le marché du travail actuel. Sans cette synergie, nous risquons de déconnecter davantage nos jeunes des opportunités d’emploi émergentes », avertit Fred Swaniker, fondateur de l’Académie Africaine de Leadership.
L’avenir de l’éducation en Afrique, plus largement le développement de l’Afrique, dépendra de la capacité des systèmes éducatifs à s’adapter aux besoins du marché et à fournir aux jeunes les outils indispensables pour réussir dans un monde en constante évolution. Sachant que, selon la stratégie Young Africa Works de la Fondation Mastercard, d’ici 2030, la main-d’œuvre en Afrique atteindra un milliard de personnes, avec 375 millions de jeunes entrant sur le marché du travail. Cela nécessitera un changement dans les stratégies éducatives, et l’intelligence artificielle a le potentiel d’équiper les jeunes Africains de nouveaux ensembles de compétences nécessaires sur le marché du travail.