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CEEAC 2025 : La course contre la montre

s pays membres de la Communauté Economique des États de l’Afrique Centrale (CEEAC) ont adopté en 2007 un plan d’intégration stratégique dénommé Vision (2025) – qui vise à transformer la région en sanctuaire de paix, développement, solidarité et libre circulation des personnes, des biens des services. A moins d’une décennie de l’objectif, la zone semble pourtant la moins développée du continent malgré de très grandes richesses.

Vision stratégique de la Région

La stratégie de la CEEAC est comparable au Programme Economique Régional de la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC) – qui visait dès son dernier exercice (REP 2009-2015) à créer un environnement régional compétitif pour les investissements privés dans les secteurs en pleine croissance. Mais pour Gonga  Koyang  Feouda, ancien Expert national du Tchad auprès de la CEEAC, «  le groupe a encore des objectifs à atteindre dans les prochaines années. » Ainsi la CEMAC semble plus active et productive que la CEEAC, quand cette dernière a seulement su adopter en huit ans un programme de libéralisation des échanges, de réduction progressive des taux tarifaires, et de suppression des barrières non tarifaires. « Je crois qu’ensemble nous y parviendrons… d’ici 2030  » espère Gonga  Koyang  Feouda.

 

Harmoniser la CEEAC et la CEMAC

Pour autant Mahamat Adoum Gock, économiste et ancien responsable de la CEMAC, ne voit aucune incompatibilité entre la CEMAC et la CEEAC, car il estime que les deux objectifs communautaires se rejoignent. « Par exemple, la CEMAC offre déjà une structure financière et juridique commune et elle maintient un tarif extérieur commun sur les importations en provenance des pays non membres – ce qui est nécessaire pour nous conduire vers un avenir meilleur d’ici 2025 » juge l’économiste – cependant « de graves difficultés au sein de la région d’Afrique Centrale existent encore, en particulier en ce qui concerne la libre circulation des personnes. » Alors que la CEMAC traite aussi bien des projets liés à la convergence des politiques macroéconomiques, à l’intégration régionale, et au secteur financier, la CEEAC met en œuvre des programmes de développement tels que pour la facilitation du commerce, ou la construction de postes frontières uniques.

 

Riches mais pauvres

Avec ses vastes gisements de minéraux et de métaux, ses réserves de pétrole, ses ressources en eau massives dans le bassin Oubangui-Sangha du Congo, et sa forêt tropicale considérée comme le deuxième poumon de la planète, l’Afrique centrale regorge d’un énorme potentiel de développement économique. Malgré tout, la région demeure la plus pauvre du continent et la pire des régions en termes de croissance économique. Pour Gonga  Koyang  Feouda la pauvreté de la région résulte principalement du fait que la colonisation française y a eu un impact négatif, et que « la plupart des dirigeants actuels sont corrompus. » Mais pour Mahamat Adoum Gock, si la région occupe une position stratégique sur le continent – la seule partageant ses frontières, et entretenant des liens économiques et politiques, avec toutes les organisations régionales – on ne peut pas « dire que l’Afrique centrale est pauvre. »

 

Avec l’Angola membre de la SADC, le Burundi membre du COMESA et la CAE, la RDC membre de la SADC et du COMESA, le Burundi et la RDC membres de la CEGPL, le Tchad et la RCA membres du CEN-SAD… la continuité physique de l’intégration spatiale africaine est en effet assurée par la zone CEEAC. Et à Gonga  Koyang  Feouda de conclure « donc, ne me dites pas que l’Afrique centrale est pauvre ( !) – nous ne sommes pas pauvres, nous serons la région la plus riche de tout le continent. »

 


 

Auteur: Idriss ZACKARIA // Photo: Gonga Koyang Feouda, former Chad National Focal Point to the ECCAS – © Idriss ZACKARIA

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