A la uneActualitéAnalyse
A la Une

Du transfert de fonds à l’entrepreneuriat : l’impact de la diaspora sur le développement africain

Souvent perçue comme la 6ème région d'Afrique, la diaspora joue un rôle essentiel dans le développement économique du continent. De plus en plus, cette communauté d'entrepreneurs "des deux rives" mobilise des fonds considérables et crée des solutions innovantes qui répondent aux besoins spécifiques des pays d'origine.

En 2000, Thabo Mbéki, ancien Président de l’Afrique du Sud, annonçait que le XXIème siècle serait celui de l’Afrique. La conjoncture actuelle ne peut que lui donner raison alors que le continent est plus que jamais au cœur des enjeux géopolitiques et économiques mondiaux. Ceci dit dans son célèbre discours, “Renaissance” plus qu’un discours en réalité, un “appel”, il a exhorté ses pairs à tirer profit de la diaspora. Des talents disséminés à travers le monde et dont les compétences doivent profiter au continent. « Il y a un besoin urgent de partager les connaissances entre l’Afrique et la diaspora et de coopérer économiquement» a-t-il déclaré. Autrement dit, il s’agit de partager les connaissances dans le but de renforcer le développement. « Si nous sommes capables de mieux travailler avec les Africains de la diaspora, en utilisant les capacités et les compétences qu’ont beaucoup d’entre eux, plusieurs de ces programmes pourront être réalisés plus rapidement et de façon plus efficace…la vision de la renaissance africaine deviendra une réalité ».

Si nous sommes capables de mieux travailler avec les Africains de la diaspora, en utilisant les capacités et les compétences qu’ont beaucoup d’entre eux…la vision de la renaissance africaine deviendra une réalité

—Thabo Mbeki

En 2000, Thabo Mbéki, dans son célèbre discours, “Renaissance” exhortait ses pairs à tirer profit de la diaspora@DR

 Entre 7% et 10 % du PIB des pays africains

Depuis, force est de constater que cette diaspora-entre 170 millions  et 350 millions de personnes selon les définitions retenues, dont la majorité réside en Europe- suscite de plus en plus d’intérêt. Convoitée tant par les responsables publics du continent que  par ceux des pays d’accueil. Pour plusieurs raisons. A commencer par son poids économique. Il n’est plus utile de rappeler que depuis plusieurs années, les fonds envoyés par la diaspora à leur famille au pays représentent 3 à 4 fois l’aide au développement.

En 2023, les envois de fonds vers l’Afrique subsaharienne s’élevaient à 54 milliards de dollars@ANA

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : En 2023, selon les données de la Banque mondiale, les envois de fonds vers l’Afrique subsaharienne s’élevaient à 54 milliards de dollars. Ces envois de fonds demeurent cruciaux pour le financement extérieur des pays en développement, représentant entre 7 et 10 % du PIB des différents pays, et dépassant 20 % dans des nations comme le Cap-Vert et la Gambie.

La diaspora apparaît ainsi comme un acteur majeur du développement des pays d’origine. D’où l’intérêt de ces derniers. Le Maroc notamment a mis en place un ministère dédié aux Marocains résidents à l’etranger (MRE) ainsi qu’une série d’outils destinés à les informer, les accompagner mais également à mieux capitaliser sur ces fonds. Mais alors qu’ils  servent avant tout à répondre à des besoins d’ordre primaire (consommation, loyer, éducation, santé), seulement 10% des envois de fonds sont investis dans les projets ou produits d’épargne en Afrique. Désormais, pour les fils et les filles du continent, le défi est d’agir de manière plus durable dans le développement à travers l’entrepreneuriat notamment.

Au cœur de leur projet entrepreneurial, et de leur réussite, le désir de répondre à un besoin exprimé par la diaspora ou le continent

Les entrepreneurs comme vecteurs de changement

Selon une étude réalisée par le Conseil présidentiel pour l’Afrique, 71 % des Français d’origine africaine seraient prêts à s’impliquer dans des initiatives liées à leur pays d’origine@Meet Africa

Les entrepreneurs de la diaspora ne se contentent pas d’envoyer de l’argent chez eux ; ils s’engagent également dans des projets concrets qui visent à répondre aux besoins du continent. Selon une étude réalisée par le Conseil présidentiel pour l’Afrique, 71 % des Français d’origine africaine seraient prêts à s’impliquer dans des initiatives liées à leur pays d’origine, avec un taux atteignant 76 % chez les jeunes de 18 à 24 ans.

Fort de leur double expertise, des compétences acquises à l’international et de leur maîtrise du contexte local, ils sont de plus en plus nombreux, portés par la croissance économique du continent et par la digitalisation de l’économie, à développer et à proposer des solutions innovantes. Médias, fintech, agrobusiness, santé, éducation, développement durable, services…Au cœur de leur projet entrepreneurial, et de leur réussite, le désir de répondre à un besoin exprimé par la diaspora ou le continent. Autre particularité, ils ne se limitent pas à leur pays d’origine mais développent une approche régionale voire continentale.

Moins de 10 % des transferts de fonds sont investis dans des projets ou produits d’épargne en Afrique

Un potentiel aujourd’hui reconnu et soutenu

Un potentiel aujourd’hui reconnu, notamment en France.  Dans son discours de Ouagadougou, le président Emmanuel Macron affirmait son intention de s’appuyer sur les entrepreneurs de la diaspora pour « réinventer les relations de la France avec les pays africains ». Un certain nombre de programmes ont depuis été mis en place pour les accompagner dans leur ambition entrepreneuriale. Parmi lesquels Meet Africa un programme initié par Expertise France qui vise à accompagner les entrepreneurs de la diaspora en leur fournissant les outils nécessaires pour lancer et développer leurs projets sur le continent, y compris sur le volet financement.  

Car un défi majeur demeure : moins de 10 % des transferts de fonds sont investis dans des projets ou produits d’épargne en Afrique. Cela souligne la nécessité d’encourager des investissements durables qui transcendent la simple consommation pour favoriser un développement économique à long terme.

Découvrez le dernier ANAmag intitulé « Diaspora, une expertise à valoriser » conçu en partenariat avec Expertise France

Articles similaires

Laisser un commentaire

Bouton retour en haut de la page