Il faut l’admettre, les débats sur l’Afrique_ le leadership féminin sur le continent en ce mois de mars_ se multiplient et se ressemblent. Les mêmes thèmes, les mêmes participants, les éternels échanges consensuels… Et pourtant, parfois, une surprise. Il en fut ainsi le 16 mars dernier, lors du diner-forum organisé par la section féminine de l’Atuge, l’Association des Tunisiens des Grandes Ecoles (Atuge). Sur le thème « Woman and leadership in Africa », la rencontre aura été l’occasion de partages d’expériences et d’échanges, sans concession, et de quelques rappels historiques non dénués de sens …
Par Dounia Ben Mohamed
Pour la troisième édition de « The EVE’nt by Atuge au féminin », le RDV annuel de la section féminine de l’Association des Tunisiens des Grandes Ecoles (Atuge), ses membres ont voulu faire autrement. En commençant par élargir le champs de vision des participants à travers une thématique qui dépasse les frontières de la Tunisie pour s’étendre à celui de tout un continent, annoncé comme celui de l’avenir.
Ainsi, réunis le 16 mars dans les cossus salons de l’Hôtel des Arts et métiers du XVIème arrondissement parisien, le temps d’un dîner, les intervenants_ des chefs d’entreprise, des représentants d’association et des bailleurs de fonds_, auront eu pour mission de convaincre les convives de « penser Afrique ». « A travers le prisme de la question féminine, alors que le monde entier à les yeux braqués sur l’Afrique depuis que le continent affiche une bonne santé économique, il s’agit d’encourager la Tunisie à affirmer son ancrage africain dans une optique de collaboration panafricaine », annonçait sur notre site, Sirine Ben Hassine, Présidente de l’ATUGE France.
« Pourquoi l’Afrique ? Parce que l’économie africaine a triplé depuis les années 2000 ; parce qu’en 2050 le quart de l’humanité sera africain ; qu’un africain sur deux en 2020 aura accès à Internet »
Si l’avenir nous dira si des projets sont nés à l’issue de cette soirée, en attendant, on peut d’ors et déjà dire que les échanges auront été vivants et la démarche plus que pédagogique. « Pourquoi l’Afrique ? Parce que l’économie africaine a triplé depuis les années 2000 ; parce qu’en 2050 le quart de l’humanité sera africain ; qu’un africain sur deux en 2020 aura accès à Internet » rappelle, en guise de préambule, Mérième Chaabouni, membre du bureau l’Atuge au féminin. Des chiffres, non exhaustifs, complétés par un tableau, des plus complet, dressé par Sandrine Boucher, directrice des risques, membre du comité exécutif de l’Agence française de développement (AFD). Sur les opportunités qu’offrent l’Afrique. Les risques également. Des propos illustrés par l’expérience de Mehdi Tekaya, CEO de Wevioo. « Nous avons été en Afrique, nous sommes toujours en Afrique et on le restera, ceci dit, notre croissance se fait en Europe. » Et de souligner : « La corruption est un véritable fléau sur le continent ». Abir Attia, responsable ESG et développement durable chez AfricInvest_ un fond qui a accompagné 150 PME dans une vingtaine de pays depuis ses quinze dernières années d’existences ; et levé un milliard de dollars_ l’approche du continent est également « timide ». « Fondé par des Tunisiens, AfricInvest s’est d’abord développé dans son marché naturel, le Maroc et l’Algérie, puis fort de son expérience, s’est étendu au continent. Uniquement en recrutant sur place ! » L’occasion pour la jeune femme de lancer un appel : pour poursuivre sans ambitions africaines, AfricInvest recherche des investisseurs.
« L’Afrique, c’est 54 pays, il ne faut surtout pas généraliser. Il faut avoir une vision globale, qui est la même que dans n’importe quel marché mondial, tout en s’adaptant aux réalités locales ».
De nature plus optimiste, Fatoumata Ba, elle lancera un autre message. « L’Afrique, c’est 54 pays, il ne faut surtout pas généraliser. Il faut avoir une vision globale, qui est la même que dans n’importe quel marché mondial, tout en s’adaptant aux réalités locales ». Membre du comité exécutif de Jumia Afrique, elle partagera son expérience en Côte d’Ivoire, plus que révélatrice. « Quand nous avons voulu créer Jumia en Côte d’Ivoire, nous n’avons pas trouvé de distributeur, il a fallu créer tout le process nous même. » Le résultat est sans équivoque : en deux ans, le chiffre d’affaires a été multiplié par cinq faisant de Jumia un leader dans le domaine du e-Commerce en Côte d’Ivoire. Et au delà. La groupe est présent dans 35 pays africains. En 2016, il affichait 4,1 millions de transactions et un chiffre d’affaires de 84 millions d’euros…
« Pour nous, les problèmes de l’Afrique sont des opportunités».
Dans le même esprit, Thameur Hemdane, CEO d’Africwity, une plateforme digitale permet de désintermédier l’investissement en Afrique. « Pour nous, les problèmes de l’Afrique sont des opportunités». Y compris la corruption. « Le digital permet de dépasser cet obstacle ». A condition d’être innovant. L’occasion également pour ce jeune tunisien de rappeler que la Tunisie a été pionnière dans l’expansion africaine… avant d’ « oublier son africanité » interrogera le journaliste et modérateur Malick Diawara, responsable éditorial du Point Afrique. Et c’est sur quelques rappels historiques, non dénué de sens, qu’il conclura la soirée.
En somme, si les expériences n’auront pas été les mêmes, les participants seront rentrés chez eux avec une certitude : l’Afrique passionne !
A lire sur le sujet : http://www.africanewsagency.fr/2018/03/08/diaspora-tunisienne-latuge-invite-hommes-femmes-a-penser-afrique/
Par Dounia Ben Mohamed