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Design For Peace : Collection Transhumance pour l’autonomie et l’insertion des réfugiés touaregs

 Transhumance est le nom d’une collection capsule d’accessoires de mode et d’objets de décoration artisanaux réalisés par 17 réfugiés touaregs au Burkina Faso. Ils ont allié leur savoir-faire à celui d’étudiants issus de grandes écoles françaises dans le cadre d’un projet, Design For Peace, dédié à l’autonomie et à l’insertion socioéconomique de ces réfugiés. Un programme initié par l’UNHCR et l’association Afrika Tiss. La collection, faite en double, sera présentée jusqu’au 23 juillet, à la Galerie Made in Town, à Paris, et parallèlement, du 3 juin au 10 juillet, à Ouagadougou.

Design For Peace est un programme dédié à la formation et à l’accompagnement d’artisans réfugiés maliens, en vue de développer leur activité de production et de commercialisation. La première collection capsule est intitulée « Transhumance » en hommage au nomadisme des peuples touaregs déplacés au Burkina Faso à cause des conflits qui ont lieu dans leur pays. C’est aussi un clin d’œil à leurs déplacements  en tant que réfugiés. Permettre, à long terme, l’insertion socioéconomique d’artisans réfugiés touaregs, en provenance du Mali et ayant immigré au nord du Burkina Faso, est la vocation du projet porté par l’association Afrika Tiss créé en 2011, en collaboration avec le Haut Commissariat des Nations Unis pour les réfugiés, (UNHCR). « A l’époque, nous travaillions déjà  avec des femmes tisserandes artisanes et réfugiées à Ouagadougou, au Burkina-Faso. Nous avions créé un centre de tissage durant l’été 2013. Par ailleurs, et afin de travailler cette nouvelle collection, nous avons souhaité améliorer leur compétence par le biais de formations. Connaissant nos activités, l’UNHCR nous a rendu visite avec un projet autour de l’artisanat afin d’améliorer l’autonomie des réfugiés maliens arrivés au nord du pays, en 2012 », indique Mariette Chapel, présidente et fondatrice  d’Afrika Tiss et initiatrice du projet. Peu de réfugiés ont des perspectives de retour chez eux. L’UNHCR ne souhaite donc, pas les traiter comme étant en état d’urgence mais plutôt en les inscrivant dans un projet pérenne leur permettant de gagner, à long terme, leur vie. Un projet qui permet donc à ces populations de s’inscrire dans l’économie du pays dans lequel ils sont accueillis. L’enjeu est de taille, certes, mais pas impossible à réaliser car les réfugiés maliens sont des touaregs qui travaillent beaucoup le cuir, la vannerie, le métal. Il s’agit d’un artisanat riche et diversifié, mais qui reste en même temps traditionnel.

 

Valoriser des savoir-faire

 

Cette première collection, faite en double et élaborée avec six étudiants issus de grandes écoles  parisiennes d’art appliqué telles que l’ENSCI, les Ateliers, Boulle, Duperré, entre autres, sera présentée en France et au Burkina Faso. Une collection sera présenté jusqu’ au 23 juillet 2016 à la galerie Made in Town, à Paris et une autre du 3 juin au 10 juillet à l’Institut français à Ouagadougou. « Nous souhaitions innover et proposer des objets qui sortent des sentiers battus. Nous ne voulions pas créer de produits en pagne, un tissu bien trop courant, mais plutôt réaliser des objets pouvant répondre aux marchés extérieurs. C’est pourquoi nous avons demandé aux réfugiés d’allier leur domaine de prédilection à des styles de design différents. Le résultat est extraordinaire, puisque nous avons aujourd’hui une quinzaine de pièces, en cuir, en bois, métal, fibres végétales  issues de cette collection. Corbeilles, lampes, coussins, miroirs,… toutes les pièces créées sont inédites.

« Ce projet s’inscrit dans la perspective  de lier de manière étroite et pérenne la créativité et la solidarité, afin de faire de l’artisanat un levier de développement économique pour des populations fragilisées. Afin que ce projet fonctionne réellement, il faudra aller vers l’innovation de produits. En effet, l’artisanat touareg est bien connu à l’échelle internationale », ajoute Mariette Chapel.

 

Une alliance qui fait la différence

 

« Nous avons proposé à l’UNHCR de commencer le programme par une résidence artistique qui permettrait à des artisans réfugiés et à des designers parisiens de travailler ensemble sur la mise au point d’une collection capsule avec des objets innovants. Il s’agit de la première phase du projet ayant débuté au mois de mars – avril derniers et qui a duré sept semaines. Ce projet a permis d’explorer de nouvelles pistes créatives et d’essayer de transposer des techniques maitrisées par les artisans réfugiés sur d’autres types d’objets qu’ils n’ont jusque-là jamais réalisés », confie Mariette Chapel. Design For Peace, avec sa collection Transhumance, propose de découvrir un panel riche en matières, en couleurs mais surtout en combinaisons de matières. « Les Touaregs ont l’habitude de travailler sur des associations de cuir et de bois, et là, par exemple, nous leur avons demandé de faire des pièces à partir du cuir et de calebasse. Ils ont donc gainé le cuir autour de la calebasse. Ils ont également réussi à croiser le cuir avec du caoutchouc récupéré sur des chambres à air tissés et nattés ensemble, de manière à avoir un rendu encore jamais obtenu jusqu’à présent », ajoute Mariette Chapel.

Une première phase de projet aboutit avec, à long terme, une perspective de permettre à 200 familles de vivre de revenus émanant de leurs activités créatives


 

Par Darine Habchi

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