La Plateforme l’Appui de la Décentralisation et le Développement Local en Afrique francophone dite PADDEL AFRIQUE organise, le 28 mars 2018, à Dakar, un forum sur le thème “outil numérique et développement local”, à l’occasion du lancement de ses activités.
En quoi consiste la Plateforme d’appui à la décentralisation et le développement local (PADDEL AFRIQUE) dont vous organisez le lancement à Dakar ? Quel est son but ?
La Plateforme PADDEL AFRIQUE consiste en un espace numérique sécurisé à destination des pays francophones d’Afrique et de leurs partenaires permettant d’avoir accès à des ressources d’appui-conseil en décentralisation et développement local depuis un smartphone, une tablette ou un ordinateur connecté à internet.
Elle est organisée en association internationale unique regroupant l’ensemble de ses membres qui sont des experts reconnus dans les différents pays et dans les différents domaines de compétence de ce secteur des politiques de décentralisation.
En tant que structure de l’économie sociale et solidaire, elle partage avec ses différentes parties prenantes un certain nombre de valeurs qui guident au quotidien ses actions en vue de promouvoir une approche responsable du conseil, de garantir un accès équitable à toutes ses prestations et d’agir dans le sens d’une vraie coopération entre acteurs.
Construire une décentralisation et un développement local avec et pour l’Afrique, de manière efficiente et durable, tel est, pour finir, le but de PADDEL AFRIQUE.
Quelle est votre spécificité par rapport à ce qui se fait déjà dans le secteur ?
Il n’y a pas une mais plusieurs spécificités de PADDEL AFRIQUE. D’abord, il ne s’agit pas d’un programme mais d’une structure internationale d’étude et de conseil à statut associatif fondée dans une démarche de coworking par des experts, des acteurs associatifs et des professionnels divers issus de l’espace francophone en Europe et en Afrique.
Ensuite, elle regroupe dans un seul espace d’un côté, des experts dans des domaines de compétences différents et complémentaires venant de divers pays francophones du Nord (France, Belgique, Canada) et d’Afrique et de l’autre, les bénéficiaires potentiels de ces expertises que sont les Ministères et Agences techniques des Etats, les Collectivités territoriales et structures locales de développement ainsi que les Institutions publiques et privées de coopération nationale et internationale.
Enfin, Paddel Afrique mise sur le numérique comme plateforme lui permettant d’offrir une accessibilité internationale au moindre coût autant pour les experts et consultants que pour les bénéficiaires disséminés dans l’espace francophone ; elle mise aussi sur le numérique comme outil pouvant apporter des solutions pratiques dans tous les domaines visés qu’il s’agisse de la sphère de la décentralisation ou de celle du développement local. Ainsi on comprend mieux pourquoi le thème du forum de Dakar qui dessine ainsi donc nos ambitions en numérique.
Hormis l’expertise, concrètement qu’apportez-vous ?
PADDEL AFRIQUE constitue en elle-même un apport tout à fait novateur dans le champ de l’appui de la décentralisation en Afrique.
Au-delà de l’usage de l’outil numérique comme nous venons de le voir, elle met en avant le Coworking en tant que modèle d’action permettant d’ouvrir par le partage d’expériences et la mise en commun de compétences, les innombrables portes fermées qui se dressent face aux africains, jeunes et moins jeunes souhaitant faire quelque chose pour leur territoire.
C’est, en somme, une « invitation par l’exemple » à trouver en soi les ressources pour agir et pour favoriser ainsi l’action auprès des citoyens africains qui sont les premiers concernés par la décentralisation et le développement de leur territoire de vie.
Sur un tout autre plan, la double dimension partenariale et internationale constitutive du projet permet de contribuer à terme au dépassement des égoïsmes locaux et nationaux et de faire des territoires, une composante des politiques de développement menée par les organisations communautaires sous régionales comme la CEDEAO ou la CEMAC.
Paddel Afrique met en effet au centre de ses ambitions, un développement de l’Afrique centré sur celui de ses territoires comme gage de l’amélioration réelle des conditions de vie des populations, s’appuyant en la matière sur les valeurs et les principes promus par la charte de Malabo de l’Union Africaine.
Par ces deux apports, Paddel Afrique montre qu’elle est résolument engagée dans la bataille pour un développement de l’Afrique à la fois inclusif et partagé et contre le découragement qui guette sa jeunesse qui doit prendre sa place dans cette bataille qui la concerne au premier chef.
Quel échéancier vous donnez-vous pour l’atteinte de ces objectifs ?
Les objectifs sont au moins de trois ordres si on les appréhende à l’échelle du temps. D’abord, à très long terme il y’a ceux qui viennent d’être évoqués ci-dessus et qui sont une sorte de pierre à ajouter dans la construction de l’édifice commun que constitue une Afrique prospère, unie et paisible que nous souhaitons pour les générations futures. C’est la boussole de notre action.
A court et moyen terme, les objectifs sont plus palpables ; il s’agit d’abord à l’horizon 2020 de finir d’installer PADDEL AFRIQUE dans les différents pays francophones d’Afrique où on compte pour certains d’entre eux déjà, des membres comme en Algérie, au Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Côte d’Ivoire, Mali, Maroc, Mauritanie, Sénégal, Tchad et Togo.
Dans ces pays et les autres où nous irons aussi, des experts s’activent avec beaucoup de courage et d’intelligence dans les collectivités, les territoires, les institutions publiques et privées, les associations pour être les acteurs de leur propre destin. Ils partagent les objectifs et sont les réceptacles des ambitions de PADDEL AFRIQUE dans le cadre de partenariats d’action et de projets communs à mettre en place et développer ensemble.
Plus près de nous, c’est-à-dire dans cette année 2018 même, tous les efforts sont mobilisés en vue de l’évènementiel à organiser à Dakar en partenariat avec plusieurs acteurs et institutions autour du thème « Outil numérique et développement local ». Il s’agit d’en faire un espace de communication sur les objectifs de PADDEL AFRIQUE et de valoriser en même temps par le PPPA (Partenariat Public-Privé-Association), de nouvelles formes de « travail ensemble » basées sur l’ouverture et l’inclusivité.
Le numérique occupe une place de choix dans votre stratégie. Les difficultés d’accès à Internet ne sont-elles pas un frein ?
Vous avez raison de poser cette question. En effet, les difficultés soulignées peuvent constituer un frein mais l’outil numérique est plutôt un moteur de progrès pour PADDEL AFRIQUE et aussi pour les populations les moins bien dotées en termes d’instruction scolaire
Est-il besoin de le rappeler, les connexions entre les différentes parties prenantes de notre organisation ont été rendues possibles grâce à un accès de plus en plus important des africains aux réseaux numériques.
De fait, le secteur du numérique est devenu aujourd’hui un domaine transversal représentant un des principaux moteurs de développement en Afrique par sa contribution à la croissance du PIB et sa part effective dans celui-ci. Ce ne peut donc être qu’un avantage pour PADDEL AFRIQUE de s’y investir de même aussi que pour les acteurs que nous visons dans nos activités.
Comme on peut le constater, avec les résolutions politiques internationales prises contre la fracture numérique, partout les Gouvernements en Afrique se sont engagés dans l’élaboration de stratégies nationales de développement en relation avec les parties prenantes publiques, privées et la société civile afin de favoriser une utilisation du numérique à tous les niveaux de la société : administration, citoyens et entreprises.
Si nous prenons le cas du Sénégal -c’est la même chose dans les autres pays visés par PADDEL AFRIQUE- à la suite d’un diagnostic de la situation qui a pointé analphabétisme et difficultés d’accès à Internet entre autres faiblesses, une vision à l’horizon 2025 a été définie et traduite en objectifs avec des impacts attendus en termes d’accès universel aux TIC.
L’amélioration de l’accès des entreprises, des administrations et des populations aux réseaux et services numériques avec une attention aux groupes vulnérables renforce incontestablement le potentiel de valeur ajoutée dans l’exécution des projets pour un développement inclusif.
Le meilleur moyen d’indiquer le meilleur chemin à suivre n’est-il pas de l’emprunter soi-même et d’y aplanir les difficultés pour ses suivants ?
Nous ne pouvons laisser grandir ni même perdurer la fracture numérique. C’est aussi vous l’avez compris, une de nos missions d’apporter des réponses concrètes à ce problème et nous le ferons dans tous les territoires qui nous feront confiance.
Parlons maintenant des sujets que vous allez évoquer au forum du 28 mars. Pourquoi ce forum ? Comment va-t-il s’articuler ?
Après des années d’incubation, PADDDEL AFRIQUE a décidé d’organiser un évènementiel en vue de lancer le démarrage de ses activités à Dakar. A l’issue d’un travail à la fois long et intense de relations publiques, elle a obtenu l’accord de participation de plusieurs organismes publics, privés et associatifs, des acteurs incontournables du développement au Sénégal.
Au-delà de l’objectif de se faire connaitre pour PADDDEL AFRIQUE, il s’agit de faire de cet évènement un espace d’échange et un support de communication sur les ambitions des uns et des autres en matière de développement inclusif. L’amélioration de l’accès des entreprises aux investissements étrangers, des administrations et des populations aux réseaux et services numériques avec une attention réelle aux groupes vulnérables renforce incontestablement le potentiel de valeur ajoutée dans la planification et l’exécution des projets.
Partout en Afrique, des expériences phares existent dans ces domaines et doivent être mieux intégrées pour les besoins d’un développement plus efficient. Celles de CAVIE (Centre africain de veille et d’intelligence économique), de PAGICTIC (Programme d’Appui aux Gouvernances et Initiatives Citoyennes par les Technologies de l’Information et de la Communication) de SLN2025 (Saint Louis numérique 2025), de SENUM (Synergie pour l’Education au Numérique et aux Médias), et du cabinet consulting spécialisé WISS AFRICA serviront de supports exploratoires dans une réflexion partagée au sein des panels.
En s’inspirant de la démarche praxéologique qui s’attache à « la construction des savoirs de la pratique validés par l’expérience, modélisés et donc transférables et utilisables par d’autres », le forum mettra l’examen partagé des processus et procédés constitutifs des expériences pratiques réalisées par ces acteurs dans leurs domaines au cœur de l’approche compréhensive du thème.
Au regard des ambitions de durabilité et d’inclusivité du développement, le numérique peut-il apporter des solutions ? A quelles conditions et selon quelles modalités ? Que nous dit à ce propos l’exploration des expériences retenues ?
Ces questionnements vont servir de supports aux échanges dans lesquels les panélistes vont livrer au public leurs réflexions.
En conclusion provisoire, l’invité surprise fera partager au public sa lecture des échanges, ce qu’il en aura retenu depuis sa posture de « Grand témoin » des débats des différents panels.
Conclusion provisoire seulement car le travail ne fait que commencer à PADDEL AFRIQUE.