A la uneActualité

Reportage vidéo : Le Rwanda, en pointe en matière de vaccination 

Six mois après le début des campagnes de vaccination de masse contre le Covid-19 dans tout le pays, une majorité de la population rwandaise est désormais complètement vaccinée. L’objectif est d’inoculer 9,1 millions de personnes d’ici juin cette année. 

Par Ange Iliza, à Kigali
Reportage vidéo par Cyril Ndegeya

Impacté comme le reste du continent par la pandémie de Covid-19, le Rwanda a toutefois su sécuriser dès août 2021 l’obtention d’un flux régulier des doses de vaccin par le biais de dons- grâce au partenariat public-privé Covax, sous l’égide de l’OMS-  et d’achats, via l’initiative de l’Africa Vaccine Acquisition Trust (AVAT), piloté par l’Union africaine.  

Vacciner l’ensemble de la population cible

Le pays connait alors une nouvelle vague d’infections qui a entraîné un reconfinement de la capitale Kigali, ainsi que de huit autres districts. Moins d’un million de personnes avaient été vaccinées et plus de 900 vies avaient été perdues en raison de la pandémie. Depuis lors, plus de 13 millions de doses de vaccins contre le Covid- 19 sont entrées dans le pays et la Chine a annoncé, le 12 janvier, qu’elle ferait don de 4 millions de doses supplémentaires, dans le cadre du milliard de doses qu’elle prévoit de donner à l’Afrique cette année. Quant au nombre de personnes vaccinées, plus de 8,1 millions de rwandais ont reçu au moins une dose, dont 6,6 millions leurs deux doses et plus de 730 000 la troisième dose de rappel. Résultat, selon le ministère de la Santé, le stock de vaccins serait aujourd’hui suffisant pour vacciner l’ensemble de la population cible, soit 9,1 millions de personnes (70 % de la population totale).

Pendant ce temps, plusieurs pays africains restent à la traîne, avec un déploiement vaccinal lent et insuffisant. Conséquence : à l’échelle du continent, et à fin 2021, quelque 280 millions de doses seulement ont été administrées pour une population de 1,3 milliard d’habitants, et ce alors que 572 millions de doses ont été livrées à ce jour.  Un manque de rapidité qui expliquerait, selon le Centre africain de contrôle et de prévention des maladies (CDC Afrique), que 2,8 millions des doses de vaccin seraient d’ores et déjà périmées sur le continent, soit environ 0,5 % de l’ensemble des doses livrées. 

« Toute dose de vaccin qui expire me fait mal parce que c’est une vie qui peut être potentiellement sauvée »

Des doses données par des pays partenaires ou par l’intermédiaire du dispositif COVAX, et qui arrivent parfois avec des dates de péremption très proches, ce qui a poussé John Nkengasong, directeur du CDC Afrique, a demandé que les vaccins contre le Covid-19 fournis aient une durée de conservation plus longue. « En ce qui concerne les 0,5% (NDLR : de doses périmées), laissez-moi être très clair, toute dose de vaccin qui expire me fait mal parce que c’est une vie qui peut être potentiellement sauvée », a ainsi regretté le Dr Nkengasong, lors d’un point de presse le 20 janvier. 

À l’inverse, les autorités rwandaises affirment qu’aucune de leurs doses de vaccin n’aurait été gaspillée ou périmée, le dispositif vaccinal mis en place par le pays permettant de les administrer immédiatement. « Comme une machine parfaitement huilée, chacun fait un travail formidable à son niveau. Ils savent clairement quelles sont leurs lacunes et comment les combler. Il est impressionnant de voir la mobilisation avec laquelle le Rwanda s’est engagé au niveau de chaque secteur (NDLR : l’une des divisions administratives du pays) avec des dirigeants locaux qui connaissent leurs chiffres, tout comme ils connaissent leurs populations. On peut dire que la coordination va au-delà de la simple vaccination. Le Rwanda est clairement sur la bonne voie pour atteindre les objectifs nationaux et ceux de l’OMS », s’est pour sa part félicité le Dr Brian Chirombo, représentant de l’OMS au Rwanda.

Des directives rigoureuses, régulièrement mises à jour

Le pays applique des directives de précaution rigoureuses, régulièrement mises à jour, et ce tant pour la population locale que pour les voyageurs. Ces derniers sont ainsi soumis à un test PCR à leur arrivée et à des tests rapides réguliers pendant leur séjour au Rwanda. Le tout à leurs frais. Le Rwanda applique par ailleurs un couvre-feu de minuit à 4 heures du matin, qui permet aux entreprises et commerces de rester ouvert jusqu’à 23 heures, à l’exception des bars qui doivent fermer plus tôt. Les employés sont encouragés à travailler à domicile, les rassemblements et les festivités sont interdits, sauf pour un nombre limité de personnes entièrement vaccinées et testées. 

Autant de règles, certes « casse-têtes » pour les entreprises- en particulier pour le secteur de l’hôtellerie, mais qui ont assurément payé : le taux de positivité au virus du Covid-19  est ainsi passé de 6 % en décembre, à 3 % actuellement. Au total, 1 399 personnes ont perdu la vie en raison de la pandémie, les services sanitaires confirmant par ailleurs que la plupart des victimes sont des personnes âgées et non vaccinées. 

Bientôt une usine de vaccins BioNtech

En attendant, la course aux vaccins restent de mise sur le continent alors que selon le CDC Afrique environ 5% de la population africaine a été entièrement vaccinée contre le covid-19, une situation essentiellement due à la difficulté des Etats à se procurer le sérum. D’ici 2040, le continent vise à augmenter sa propre production de vaccins, de 1% actuellement à 60%. Si le Maroc a déjà lancé le chantier de son usine de vaccins (lire Maroc : une usine de vaccins 100% « made in Morocco »), le Rwanda également sera bientôt également producteur. Le laboratoire allemand BioNTech a en effet annoncé qu’il installera d’ici la fin 2022 des sites de production de vaccins à ARN messager en Afrique, notamment au Sénégal et au Rwanda, pour « soutenir l’approvisionnement en vaccins des pays membres de l’Union africaine » (UA), selon un communiqué du laboratoire.


Articles similaires

Bouton retour en haut de la page