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Côte d’Ivoire : sur une nouvelle voie

La pandémie de la Covid-19 est passée par là, mais elle n’a pas atténué les efforts de résilience de l’économie ivoirienne qui reprend des couleurs avec des investissements dans les secteurs stratégiques. 

Par Issiaka N’guessan à Abidjan

Le pays peut actuellement se targuer de bénéficier de sa stabilité politique après la grave crise militaro-politique du 19 septembre 2002 au 11 avril 2011. Tous les acteurs politiques majeurs sont sur place après l’acquittement par la justice internationale de Laurent Gbagbo, qui a même pu créer un nouveau parti, le Parti des Peuples Africains- Côte d’Ivoire (PPA-CI). En interne, des investissements lourds sont en cours dans plusieurs villes du pays. Le secteur de la santé a vu la construction de grands hôpitaux régionaux à Man, Méagui et San-Pedro pour désengorger Abidjan. Bouaké bénéficie de la réalisation d’un nouveau Centre hospitalier régional en plus de son CHU. Des travaux de rénovation et d’agrandissement de certains hôpitaux sont en cours à Korhogo et Abengourou. 

« L’année 2023 est une année pour la jeunesse, [qui] doit être encadrée, doit être accompagnée »

La Côte d’Ivoire est à une année d’accueillir la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) qui lui impose des chantiers dont la réalisation profite aux jeunes. « Mais au-delà de la compétition, il y a eu des investissements importants, des investissements structurants qui ont été faits dans le pays pour le doter d’infrastructures sportives et d’hébergement. L’occasion de renforcer l’employabilité des jeunes qui ont apporté leur main d’œuvre à la construction de toutes ces infrastructures mais surtout ont été formés pour assurer la pérennité de ces investissements, la maintenance et surtout dans l’exploitation de ces infrastructures qui vont être réalisées dans le cadre de la CAN » a fait savoir Paulin Claude Danho, ministre de la Promotion des Sports et de l’Économie Sportive. Il assure lui aussi que « l’année 2023 est une année pour la jeunesse, [qui] doit être encadrée, doit être accompagnée [et] c’est pour cela que le président a autorisé des investissements importants sur l’ensemble du territoire national avec un nouveau maillage territorial en matière d’infrastructure sportive de proximité. »

« Avec les investissements et les réformes, l’environnement sociopolitique stable, la croissance devrait rebondir à 6,7% en 2023 »

Selon Sékongo Wanvagué, président de l’Union des jeunes entrepreneurs de Côte d’Ivoire et directeur général de SNATP, « les perspectives économiques pour l’année 2022 ont été affectées négativement par les impacts de la guerre en Ukraine, l’inflation a atteint 5,4%, indique-t-il. Ce facteur a ralenti la croissance à 6.0 % ; toutefois, avec les investissements et les réformes prévues dans le Plan national de développement 2021–2025 (PND), ainsi que l’environnement sociopolitique qui a été stable, la croissance devrait rebondir à 6,7% en 2023 ». 

Les investissements majeurs ont été réalisés dans l’agriculture, avec l’ouverture de pôles de modernisation de l’agriculture, comme celui de Sinématiali. Cette localité proche de Korhogo (Nord, région du Poro) abrite l’agropole nord d’un coût global de réalisation de 167,4 milliards FCFA (254 millions d’euros). Les investissements portent également sur les secteurs des bâtiments et travaux publics, les transports, le commerce, les télécommunications. 

« La prolongation de la guerre en Ukraine, une nouvelle flambée de la pandémie, une baisse des prix des produits agricoles et une faible mobilisation des ressources pourraient tout compromettre »

 Le chef d’entreprise Sékongo Wanvagué soutient que « l’inflation serait contenue à 2,3% en 2023 » et assure que « le déficit budgétaire devrait être progressivement contenu à 3,8 % du PIB en 2023, grâce à un renforcement des réformes fiscales. Le déficit du compte courant se dégraderait à 4,4% en 2023, en lien avec la détérioration des termes de l’échange. La dette publique devrait être maintenue à une moyenne de 51,6 % du PIB 2022–23. » Cependant, il note que, « la prolongation de la guerre en Ukraine, une nouvelle flambée de la pandémie, une baisse des prix des produits agricoles et une faible mobilisation des ressources pourraient tout compromettre ».

Selon le rapport Pays de la Banque Africaine de Développement (BAD), « pour renforcer la résilience et accompagner la transition énergétique, le PND 2021–2025 vise à augmenter les contributions des énergies renouvelables dans le mix énergétique de 39,5 % à 42 % entre 2019 et 2025, à accélérer le développement d’une stratégie de développement à faible émission de carbone, et à réduire les dommages et pertes liés aux catastrophes naturelles. » Le pays a pris des engagements lors de la Cop 15, confirmés lors de la COP 26, en Egypte. « Lors de la COP26, il s’est engagé à réduire ses gaz à effet de serre de 30,4 % d’ici 2030 (contre un objectif initial de 28,2 % en 2015) » soutient la BAD.

Les efforts en matière d’industrialisation se multiplient par un appel aux investisseurs par la création de zones industrielles. Le 23 décembre 2022 à Anyama, ce sont deux parcelles aménagées, l’une de 127 hectares et l’autre de 234 hectares, dans la zone économique industrielle d’Akoupé-Zeudji PK24, qui ont été inaugurées. La construction d’usines de transformation de mangues destinée aux femmes à Sinématiali est une réponse de l’Etat.

« Essor et à la vulgarisation de la culture entrepreneuriale dans notre pays »

Hamed Cissé, président de la Confédération générale des entreprises de Côte d’Ivoire (CGECI) nourrit l’espoir de voir les pouvoirs publics tenir les engagements pour faire du secteur privé, le moteur de l’économie ivoirienne. Cela passe selon lui, par « la modernisation de l’administration et la mise en œuvre des dispositifs de soutien aux entreprises qui [doivent bénéficier] d’un meilleur accès à la commande publique et l’amélioration de délai de paiement de créance sur l’Etat. »

Et de féliciter Alassane Ouattara « pour les actions de son gouvernement en faveur des PME. » « En effet, la mise en place de guichet unique de développement des PME et l’ambitieux programme “pépite Côte d’Ivoire” devrait contribuer à leur essor et à la vulgarisation de la culture entrepreneuriale dans notre pays » a-t-il assuré. Hamed Cissé se veut rassurant sur la contribution du secteur privé à appuyer la dynamique étatique. « Le secteur privé, en soutien à ses efforts s’engage à créer plus d’emplois décents pour les jeunes et les femmes en vue de la réduction de la pauvreté dans notre pays.  Il s’engage également à maintenir la paix sociale au sein des entreprises par la promotion d’un dialogue de qualité avec l’ensemble des partenaires sociaux en particulier avec les centrales syndicales les plus représentatives. C’est dans cet esprit que nous avons travaillé à une augmentation du smig de 25 % » a-t-il fait savoir, le 5 janvier, lors de la cérémonie de présentation de vœux au Chef de l’Etat, à Abidjan-Plateau.

« Nous espérons voir se poursuivre le chantier de l’amélioration de l’environnement des affaires ainsi que ceux de la réforme fiscale, de l’industrialisation et notamment celui de la promotion des champions nationaux. Un secteur privé national fort et dynamique est la garantie de l’accélération de la transformation structurelle de notre économie » a souhaité Ahmed Cissé avant d’assurer à Alassane Ouattara que, « les entrepreneurs de Côte d’Ivoire se tiennent à vos côtés pour le succès du PND 2021-2025. » « Le secteur privé restera toujours un partenaire efficace à l’action du gouvernement et à la réussite d’une nation plus prospère et solidaire conformément à votre vision 20-30 » a indiqué le président de la CGECI.

« En 2023, dans ce contexte continental et mondial exigeant, il nous faudra redoubler d’efforts »  

Le premier ministre ivoirien donne le ton. Lors du 1er conseil des ministres de l’année, le 4 janvier dernier, Patrick Achi a fait savoir que « en 2023, dans ce contexte continental et mondial exigeant, il nous faudra redoubler d’efforts pour faire avancer les projets sur le terrain et montrer la plus grande rigueur dans la gestion des finances publiques ». 

A sa suite, Alassane Ouattara a assuré aux chefs d’entreprise que « notre ambition comme vous le savez est de poursuivre la promotion du secteur privé qui est le socle de la croissance en Côte d’Ivoire en raison de sa forte contribution à la création d’emploi et aux investissements dans notre pays. Ainsi, 75% des investissements de notre plan national de développement 2021-2025 sont attendus du secteur privé. » Selon le président ivoirien, « pour y parvenir, le gouvernement entend poursuivre les réformes majeures visant l’amélioration de l’environnement des affaires et un soutien plus accru au PME. » Il a énuméré « les efforts pour ramener à moins de 30 jours les délais de paiement des factures des PME dûs par l’Etat central, les sociétés d’Etat et les établissements publics car je sais que des efforts importants ont été faits dans ce domaine déjà » a-t-il déclaré se voulant rassurant.

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