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Côte d’Ivoire : Relever le défi du numérique pour accélérer la transformation économique du continent

La 6è édition du Salon international des technologies de l’information et de la communication (SITIC Africa) délocalisée à Abidjan a permis aux acteurs africains du numérique de croiser le regard et d’exprimer une volonté commune de développer une approche africaine du digital et relever ainsi le défi de la transformation des économies africaines. 

Par Issiaka N’Guessan à Abidjan 

C’est en marge de la 6è édition du Salon international des technologies de l’information et de la communication (SITIC Africa) que 12è rapport de la Banque mondiale sur l’économie ivoirienne a été présenté, le 1er juin dernier, à Abidjan. Illustrant ainsi les enjeux de la rencontre : relever le défi du numérique pour accélérer la transformation des économies du continent. 

Un secteur qui pèse 3% du PIB en Côte d’Ivoire et fournit près de 3000 emplois directs

A ce titre, l’exemple de la Côte d’Ivoire est intéressant. « Selon l’Association mondiale des Opérateurs de téléphonie mobile, en 2022, la Côte d’Ivoire compte 9.6 millions d’utilisateurs d’Internet avec un taux de pénétration de plus de 34% 1 et ce chiffre devrait continuer de croître rapidement, souligne Coralie Gevers, Directrice des Opérations de la Banque mondiale à Abidjan. Selon les autorités ivoiriennes, le secteur des services de télécommunications a généré un chiffre d’affaires total d’environ 1 139 milliards de francs CFA en 2021 (environ 1,8 milliards de dollars US), représentant 3% du PIB et fournissant près de 3000 emplois directs et plus de 100 000 emplois indirects ». Bien, mais peut mieux faire diront les experts. Beaucoup mieux. 

 Ce qui fut l’idée générale de la rencontre à laquelle ont notamment participé des entreprises tunisiennes, ivoiriennes ainsi que de la sous-région ouest-africaine. Si la révolution numérique que connaît le continent n’est pas à démontrer, plus de synergies entre les acteurs du continent permet de mutualiser les ressources et par conséquent d’augmenter les impacts.  

« Des efforts supplémentaires sont nécessaires pour combler le fossé numérique entre les zones urbaines et rurales »

Ce qui pour la Côte d’Ivoire, qui se positionne comme le hub numérique de la région, sérieusement challengé par le voisin sénégalais à ce titre, ou encore le Ghana, doit passer par « des efforts supplémentaires [qui sont] nécessaires pour combler le fossé numérique entre les zones urbaines et rurales », préconise Hermann Djédjé Yohoun. Il recommande ainsi dans son rapport d’« Augmenter le soutien aux incubateurs et accélérateurs de startups et intensifier les efforts pour inclure davantage de femmes dans l’entrepreneuriat numérique » fait partie des recommandations de la Banque mondiale.

Jean Louis Menudier, Vice-président de la CGECI, qui rappelle que le « processus de transformation digitale de l’économie et de la société ivoirienne se déploie progressivement, suivant une stratégie nationale visant à faire de la Côte d’Ivoire, le hub numérique de l’Afrique de l’Ouest dans un horizon très proche », explique : « La Confédération générale des entreprises de Côte d’Ivoire continue de multiplier les actions pour accélérer l’impact du numérique sur le secteur privé par le biais d’initiatives diverses, à l’image du baromètre de la maturité numérique des entreprises qui permet de mesurer le parcours digital des entreprises, et de prôner des solutions pour surmonter les écueils. »

« Les enjeux de la digitalisation sont énormes »

Un secteur privé local partie prenante de ce processus ainsi qu’en témoigne Jean-Louis Menudier, par ailleurs directeur général d’Uniwax qui admet toutefois que « les enjeux de la digitalisation sont énormes » et touchent tous les secteurs d’activité.

Reste que cette digitalisation de l’économie est au cœur des priorités de l’Etat, représenté par Amadou Coulibaly, ministre de la Communication et de l’Economie numérique lequel a insisté sur « la stratégie de développement du numérique de la Côte d’Ivoire à l’horizon 2025 adoptée en conseil des ministres le 1er décembre 2021. » Laquelle «a pour objectif de fédérer toutes les initiatives nationales, afin de permettre une coordination efficace de l’action publique menée dans tous les domaines et secteurs contribuant à forger le développement numérique de la Côte d’Ivoire. » Amadou Coulibaly dit à ce titre compter sur « l’ingéniosité des acteurs du numérique pour mettre en place des solutions résilientes et inclusives afin de permettre à notre pays de poursuivre son développement » face aux chocs de la crise ukrainienne et de la pandémie à Covid-19.

Les acteurs ivoiriens, institutionnels comme privés, misent également sur les synergies entre les acteurs du secteur du continent, alors que soufflait pendant la conférence un air de coopération sud-sud. En commençant par renforcer les relations entre la Tunisie et la Côte d’Ivoire. « Cela fait plusieurs années que nous avons initié ce partenariat, acteurs Ivoiriens et Tunisiens se fréquentent mais il était important de mettre en place une plateforme plus structurante qui permet d’amplifier les relations technologiques, économiques entre la Tunisie, la Côte d’Ivoire, élargie à l’ensemble des acteurs du numérique au niveau des pays africains » indique le 1er Vice-président de la Chambre de Commerce et d’Industrie Tunisie-ivoirienne, Patrick Mbeng, président de l’union des opérateurs des TICs en Côte d’Ivoire. Et de préciser les enjeux de ce partenariat : «  le premier, nos pays ont besoin d’accélérer la transformation digitale, il faut accélérer la trajectoire de transformation de nos pays et cela nécessite des écosystèmes qui sont prêts et compte tenu de l’urgence des besoins, de l’extrême complexité des projets, il était important pour nous de mettre en place ce type de plateforme qui va être un raccourcis des accélérateurs de transformation en nouant des synergies entre les acteurs, en coproduisant, en construisant des solutions de demain. »

« Hisser les écosystèmes africains du digital au niveau mondial parce que nous n’avons pas vocation à être des consommateurs de technologies mais des fournisseurs de technologies »

Le second, poursuit-il, répond au défi « d’hisser les écosystèmes africains du digital au niveau mondial parce que nous n’avons pas vocation à être des consommateurs de technologies mais des fournisseurs de technologies. » Cette coopération entre pays africains, dit-il traduit la volonté commune d’ « avoir des accélérateurs de développement autour des acteurs, faire du win-win. » Car, explique-t-il, « la compétition digitale est mondiale, il ne faut regarder les problématiques locales, on est capable avec l’intelligence qu’on a, la jeunesse, d’être des fournisseurs de solution au niveau mondial. »

A l’image également de la coopération avec le Burkina Faso. « Le niveau de pénétration des TICs au niveau des entreprises est peu avancé » explique Marguerite Yaméogo, représentante de la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina Faso en compagnie d’ une vingtaine de chefs d’entreprise dans le domaine de l’informatique et des télécommunications. « Sans les TICs on ne peut rien, on souhaite que l’innovation soit renforcée à ce niveau. »

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