Côte d’Ivoire, Linda Nanan VALLEE : “Nous voulons créer des valeurs, des emplois et améliorer la qualité de vie des populations”
La Fondation Jeunesse Numérique a pour mission de créer un écosystème facilitant les initiatives des jeunes entrepreneurs du numérique. Ambitions et fonctionnement avec le Dr Linda Nanan VALLEE, Directrice Exécutive de la Fondation Jeunesse Numérique.

Propos recueillis par Mérième Alaoui
Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs et nous parler de la Fondation Jeunesse Numérique que vous dirigez ?
Je suis Dr Linda Nanan VALLEE, enseignante chercheur à l’Ecole supérieure africain des tech et de l’info en Côte d’Ivoire, une école sous tutelle du ministère en charge de l’économie numérique. Je suis également Directrice Exécutive de la Fondation Jeunesse Numérique, créée par le ministère de l’économie et du numérique en 2016, pour mener 4 missions principales dont la sensibilisation à l’entrepreneuriat numérique auprès de la jeunesse ivoirienne, la détection de porteurs de projets innovants, il faut d’abord les trouver par des appels à projets et ensuite les accompagner avec de l’incubation de l‘accélération, la recherche et l‘innovation en essayant d’améliorer notre écosystème startup africain en faisant du lobbying par rapport au projets de lois, aux cadres juridique et réglementaire en essayant de l’adapter à notre environnement.
Comment évolue l’écosystème numérique ivoirien ? Quels sont ses atouts, ses failles ?
Aujourd’hui ce qui est important, c’est que tous les acteurs travaillent en synergie. Il faut qu’on ait un plan global. Il faut aussi qu’on évite les doublons et qu’on utilise nos ressources humaines, logistiques et financières pour atteindre les objectifs ensemble. C’est vraiment l’essentiel. Il faut rationaliser les choses, en prenant en compte les compétences des uns et des autres. Tout cela doit se faire en bonne intelligence.
Le ministère de la communication et l’économie numérique ivoirien a présenté sur l’Africa Tech stage (Vivatech 2023) le programme d’accompagnement et de développement des startups (PADS) qui est l’un des six programmes prioritaires de notre ministère. C’est important que ce secteur en fasse partie. Parce qu’aujourd’hui, le développement des startups est un élément clé si nous voulons augmenter la part du numérique au PIB et permettre un développement accéléré, comme nous avons pu le faire avec la téléphonie mobile en sautant les étapes.
Aujourd’hui, le PADS insiste beaucoup sur l’accès au financement, en particulier en pré-amorçage et amorçage, sur le renforcement des capacités locales. Nous devons renforcer les compétences au sein de nos entreprises. Il ne faudrait pas qu’on soit obligé de s’appuyer uniquement sur des compétences extérieures pour développer nos entreprises. Et même dans la deep tech, IA, Blockchain, l’internet des objets, la cybersécurité, nous devons avoir un vivier de compétences locales. C’est ça la clé. Et bien sûr l’accès au marché que l’on doit améliorer pour que les processus d’accès au marché soient transparents et accessibles à tous.
Comment accompagnez-vous les startups ivoiriennes, avec quels objectifs et quel impact ?
A terme, ce que nous voulons, c’est la création de valeur ajoutée, d’emplois et une augmentation de la part du numérique dans le PIB global ivoirien. Tous les projets que nous sélections à la fondation sont portés par de jeunes ivoiriens. Nous pouvons avoir des équipes mixtes, composées d’un co-fondateur ivoirien et un co-fondateur d’un autre pays. Ce qui est très important dans les technologies de l’information et de la communication, c’est la présence de l’innovation, qui n’est pas forcément technologique, et un impact social. Parce que finalement ce que nous voulons, c’est améliorer la qualité de vie des populations.
Cet accompagnement prévoit également un financement. Selon quels critères et à quelle hauteur les soutenez-vous ?
Au niveau de la Fondation, nous avons expérimenté un exercice de fin de pré-amorçage et d’amorçage, une seule fois, en 2017-2018, où l’on a eu effectivement une enveloppe, modeste, de 50 millions de FCFA. Elle était répartie de manière inégale mais équitable, entre 25 startups, selon leurs besoins, leur stade de développement et la présence d’un marché en attente. Par exemple, pour une startup qui avait déjà un marché en attente, mais qui a besoin de matière, nous faisons un financement de pré-amorçage. Cependant, ce n’est pas notre rôle de financer. En Côte d’Ivoire, nous avons le Guichet unique de développement des entreprises, qui a été lancé il y a six mois. C’est lui qui s’occupe du financement des PME et des startups, mais aussi de la garantie pour la facilitation de l’obtention des prêts auprès des banques commerciales.