Côte d’Ivoire : le SARA, vitrine de l’agriculture ivoirienne pour des solutions aux nombreux défis
Du 29 septembre au 8 octobre, le Parc des Expositions d'Abidjan, en Côte d'Ivoire, a accueilli la 6e édition du SARA, dont le thème cette année était "l'agriculture africaine face aux défis des chocs internes et externes : quelles innovations structurelles pour améliorer les secteurs agricoles et la souveraineté alimentaire de nos pays ?".
Par Issiaka N’guessan à Abidjan
Le directeur général des Productions et de la Sécurité alimentaire au ministère d’État, ministère de l’Agriculture et du Développement rural, Professeur Téhua Pascal Kouassi Angui présentait l’engagement du gouvernement à assurer la sécurité alimentaire des populations vivant en Côte d’Ivoire. Le 26 septembre 2023 à Abidjan, il était devant la presse pour réaffirmer l’engagement du gouvernement ivoirien à maintenir l’agriculture comme pilier du développement économique du pays, en dépit de l’ouverture sur d’autres secteurs économiques.
Des résultats tangibles atteints
« En vue de lutter efficacement contre la malnutrition en faisant de l’agriculture et de l’alimentation un axe prioritaire pour améliorer le niveau de vie des populations » a soutenu professeur Téhua Pascal Kouassi Angui qui a surtout relevé la mise en place de plusieurs programmes d’appui à la sécurité nutritionnelle, dont le Programme national d’investissement agricole (PNIA). Avec ce programme, des résultats tangibles ont été atteints, dont l’augmentation du volume des productions agricoles », a affirmé le Professeur Téhua Pascal Kouassi Angui.
Le directeur général des Productions et de la Sécurité alimentaire relevait que le secteur primaire a connu une progression de 5,1% en 2022, contribuant ainsi à la croissance économique du pays. Il a poursuivi en relevant qu’en 2022, les cultures céréalières ont progressé de 3,5%, ainsi que les tubercules et bananes plantains de 4,8% par rapport en 2021.
SARA, tribune stratégique de positionnement
De l’avis de participants, cette 6è édition du Salon de l’agriculture et des ressources animales d’Abidjan aura été un franc succès. « Le SARA est une tribune du donner et du recevoir, d’échanges, de promotion des produits agricoles, de réflexion sur les grandes problématiques du développement du secteur agricole ivoirien. Les acteurs le considèrent comme une tribune pour faire le point et se préparent pour venir présenter leurs trouvailles, venir nouer de nouveaux partenariats à travers le monde. Les différentes filières agricoles essaient de présenter leurs meilleurs visages et une occasion pour les structures de gouvernance de ces filières de mobiliser leurs réseaux pour prendre des rendez-vous avec des partenaires. Il y a aussi l’ensemble des entreprises des différentes filières qui présentent leurs produits. Pour la Côte d’Ivoire, structures de filière, les consommateurs, les écoles de formation, déferlent pour présenter l’économie agricole de venir. C’est au final un grand marché où tout le monde trouve son compte. C’est devenu un véritable outil de positionnement stratégique international pour le gouvernement ivoirien » fait savoir Dr Miaman Koné, président de l’organisation agricole YEYA négoces, dans la région du Bafing (Touba, Ouest).
Plus de 6 000 professionnels et 300 000 visiteurs étaient attendus à ce grand rendez-vous de l’agriculture et des ressources animales à Abidjan, avec plusieurs conférences et événements parallèles pour mettre en avant et échanger des expériences et initiatives des acteurs de terrain pour l’agriculture durable et la transition agroécologique. Car, s’il y a bien un enjeu autour de ce SARA, c’est bien l’avenir de l’agriculture face au défi de la variabilité climatique. Les producteurs agricoles ivoiriens subissent les effets de la variabilité climatique sans la comprendre et la maîtriser.
Sécurité alimentaire et variabilité climatique
La mise en œuvre de la transition agroécologique en Afrique sub-saharienne accentue la problématique du travail au sein des exploitations agricoles. Quel compromis entre mécanisation à l’échelle de l’exploitation et création d’emplois à l’échelle des territoires ? Comment éviter que la mécanisation ne supprime des emplois, à un moment où l’agriculture doit en créer ? A ces questions, les experts du centre de recherche agronomique et de coopération internationale pour le développement durable des régions tropicales et méditerranéennes, CIRAD, et des acteurs africains du secteur agricole ont proposé des pistes de solution. Selon justement le CIRAD, « L’agriculture en Afrique de l’Ouest totalise actuellement près de la moitié des emplois de la sous-région et 30 à 50% du PIB, selon les pays. Cependant, la plupart des cultures étant non-irriguées, la stabilité de la production est très liée aux aléas climatiques, notamment pluviométriques. Ces événements parfois extrêmes pourraient devenir de plus en plus fréquents dans le futur si l’on en croit le dernier rapport du GIEC. L’adaptation au changement climatique est donc absolument nécessaire pour les agriculteurs ouest-africains. »
Selon Dr Hermann Kanga, enseignant-chercheur, agroclimatologue à l’université Alassane Ouattara (Bouaké), « Depuis plusieurs décennies, la Côte d’Ivoire, à l’image de l’ensemble des pays de l’Afrique de l’ouest, connaît une fragilisation des conditions climatiques qui affectent les productions agricoles. Ces impacts sont surtout négatifs quand on regarde de plus près les manifestations. »
Dr Kanga estime que « La variabilité climatique présente aussi un revers qui peut être jugé positif à travers les opportunités qu’elle pourrait offrir [telles les] inventions de nouvelles variétés de semences beaucoup plus résistantes à la sécheresse et à fort rendement [et] des innovations paysannes à travers des techniques endogènes à promouvoir. »
La Coopcavica est une coopérative qui a pris part au SARA 2023. Tuo Chang, son chargé de communication soutient que la structure agricole « est partie [au SARA] avec une valise de maïs hybride de deux cycles dans l’année, entre mars et novembre. » Cette variété de maïs permettra au paysan de « charger son grenier et de faire de l’argent ». Il soutient qu’au sortir de ce rendez-vous, des partenariats ont pu être noués pour le renforcement des capacités des 7000 membres à ce jour, pour la réalisation des « champs communs » qui aboutiront à la transformation grâce « à un partenaire français ». « Ce SARA était pour nous une belle opportunité » fait-il savoir.