Côte d’Ivoire : la jeunesse définit ses aspirations
Dans un contexte de tensions sociales, la nouvelle équipe d’Amadou Gon Coulibaly, le Premier ministre ivoirien, est attendue sur de nombreux chantiers par l’ensemble de la population. Mais c’est d’abord la jeunesse ivoirienne, en situation professionnelle ou non, qui porte son regard sur ce que devraient être les priorités du gouvernement ivoirien. Micro-trottoir.
Touré Frey, Habitant à Treichville, chauffeur, 30 ans, « Nous sommes délaissés »
« On est délaissé par le gouvernement. Mais si ce dernier trouve des options justes pour les jeunes en quête d’emploi, en privilégiant les compétences après le diplôme, alors la corruption disparaîtra. Des personnes qualifiées seront dans les entreprises publiques et le pays progressera. Mais, pour l’instant les jeunes n’ont rien, même pas les moyens de se prendre en charge… De plus, les maisons sont détruites, les magasins sont démolis, mais il n’y a aucun plan de sauvetage pour les plus démunis. Selon les droits de l’Homme et du citoyen, quand un gouvernement délocalise, il doit pouvoir relocaliser et améliorer; mais chez nous, rien. C’est un problème qui décrédibilise la Côte d’Ivoire. »
Vincent Boty, journaliste, 41 ans, « Des gestes de rapprochement »
« Les questions préoccupantes tournent autour de l’Emploi, de la sécurité, de la juste redistribution des fruits économiques, et de la réconciliation nationale pour qu’on entre en 2020 en ayant réglé ces problèmes. Cela passe par l’ouverture vers l’autre, par des gestes de rapprochement car, à la vérité, rien ne nous oppose dans ce pays. Nous nous connaissons et nous aimons tous, malgré nos bords politiques. »
Seydou Badian étudiant en communication, 25 ans, « Cherté de la vie et corruption »
« Il faut que le gouvernement se penche sur la vie sociale : notamment la cherté de la vie et les remous sociaux – en favorisant le dialogue. Pour les jeunes, il faut créer des opportunités d’emploi en créant des ouvertures – surtout en permettant à tout le monde d’accéder à l’insertion… La corruption est aussi l’une des plaies de ce pays : aucune avancée dans ce domaine depuis l’avènement d’ADO. Que des contrôles stricts soient diligentés pour tout nettoyer ! Dans le transport là, c’est la catastrophe. Une cacophonie légendaire qu’il faut corriger au plus vite. Trop de syndicats dans ce domaine. La sécurité doit être une priorité pour que nous puissions vivre en toute quiétude. »
Clarisse Gondo, élève, 16 ans, « Qu’on nous laisse nous exprimer »
« La jeunesse attend beaucoup de ce gouvernement. Beaucoup de jeunes aujourd’hui ne travaillent pas. La jeunesse – quoi qu’on en dise – est laissée pour compte. On prend toujours les mêmes et on recommence. Je suis désolée, mais il y a trop de jeunes qualifiés qui ont besoin de faire leur preuve. Depuis que nous sommes enfants, ce sont les mêmes qui sont là. Ne sommes-nous pas intelligents ? Je peux clamer haut et fort que nous sommes une jeunesse très intelligente et prête à faire montre de son savoir partout où elle sera mise ou appelée. Qu’on nous laisse la latitude de nous exprimer. »
Raïssa YAO, bloggeuse à regardindiscret.mondoblog.org, 30 ans, « Vivement un plan d’urgence pour la jeunesse »
« Il serait impératif qu’un plan d’urgence soit mis en place en faveur de la jeunesse, qui constitue 77,7% de la population. D’abord, commencer par un système éducatif de qualité, et faire une mise à niveau si besoin car il y a des jeunes qui ont fini leurs études depuis plusieurs années. Il y a également le cas de ceux qui ont combattu durant les différentes crises qu’il faut étudier. Il y en a qui sont illettrés… Il faut qu’un plan soit établi pour chaque catégorie. Plus ils auront une occupation et une responsabilité, moins ils seront manipulables et enclins à suivre des mouvements de foule qui ont tendance à déstabiliser et paralyser le pays. C’est dans ces conditions que la jeunesse d’aujourd’hui pourra bâtir la Côte d’Ivoire de demain. »
Ibrahima Touré, étudiant pro-Ouattara, 32 ans, « Faire plus »
« Mon souhait : plus de transparence dans l’organisation des concours de la fonction publique, plus d’emplois pour les jeunes, plus de social en faveur des plus démunis, et surtout que l’école retrouve ses performances. Aussi que le gouvernement soit plus regardant sur ce qui se passe dans les hôpitaux. »
Cyprien Kouassi, reporter-photo, 29 ans, « Cohésion sociale et réconciliation nationale »
« Ma foi, le gouvernement a réussi à plusieurs niveau lors du mandat, mais la cohésion sociale et la question de la réconciliation restent encore des sujets sensibles – à toucher courageusement du point du doigt. Au niveau sécuritaire, faut-il avouer que beaucoup de choses restent encore à faire, surtout avec le problème des enfants hors-la-loi appelés les microbes. Et sans faux-fuyant, le cas de notre armée nationale qui a fait bouger tout le pays ces temps-ci. »