Côte d’Ivoire : des programmes publics pour une meilleure insertion professionnelle des jeunes
Différentes initiatives ont été mises en place par les pouvoirs publics pour améliorer les débouchés de la jeunesse ivoirienne sur le marché du travail. Passage en revue.
Par Issiaka N’Guessan, à Abidjan
Selon les données de l’Organisation internationale du travail (OIT), les chômeurs en Côte d’Ivoire ne représentaient que 3,49 % de la population active en 2020. Un taux officiel proche du plein-emploi, mais qui cache néanmoins une réalité plus sombre, faite d’emplois précaires et d’activité informelle. Au premier rang des victimes de ce fléau, les jeunes. « En 2018, la Directrice générale adjointe en charge de l’Afrique de l’Ouest à la Banque Africaine de Développement a estimé la part des jeunes de moins de 35 ans dans la population active ivoirienne affectée par les emplois vulnérables et le chômage à 77,3% », rappelle ainsi le Dr Oumar Djibrila, Enseignant-Chercheur en Economie et Finance à l’Université Félix Houphouët-Boigny et consultant.
Des programmes pour appuyer l’insertion professionnelle des jeunes diplômés
Pour faire face à ce défi, le gouvernement ivoirien a mis en place une série de programmes afin d’appuyer l’insertion professionnelle des jeunes diplômés : le Programmes de développement de compétence visant à faciliter l’employabilité des jeunes par des formations additionnelles ou de reconversions ; le Programme national de stages et d’apprentissage en vue de faciliter l’accès à un premier emploi grâce au stage de validation de diplômes et de stages de pré-emploi ; le Programme d’Entrepreneuriat en vue de financer les activités génératrices de revenus ; enfin, le Programme de Travaux à haute intensité de mains d’œuvre destiné aux jeunes ayant un faible niveau d’études.
Sans parler des moyens financiers mis à disposition : le Programme social du gouvernement ivoirien a budgétisé en 2020 une enveloppe initiale de 67.6 milliards francs CFA (103 millions d’euros) pour l’accompagnement des jeunes en recherche d’emploi. De fait, il y a un vrai besoin en la matière. « Sur les 2,8 millions emplois créés dans le pays entre 2011 et 2019, la part correspondant aux jeunes âgés de 18 à 40 ans s’est élevée à 1 88 millions, soit 67.1% du total », précise l’Agence Emploi jeune.
82 000 jeunes bénéficiaires en 2021
La crise économique née dans le sillage du Covid-19 a toutefois obligé le gouvernement à revoir ses ambitions à la baisse. Ainsi, ce sont 61 714 jeunes bénéficiaires qui ont bénéficié de l’action de l’Etat en 2020 contre un objectif initialement fixé à 272 661 bénéficiaires. L’année 2021 a cependant été meilleure avec « 82 000 jeunes touchés par l’ensemble des programmes pour un financement de 21 milliards de francs CFA (32 millions d’euros) », s’est félicité Hermann Nicoué, l’administrateur adjoint de l’Agence Emploi jeunes, au cours d’un récent point d’activité sur les réseaux sociaux.
Une reprise d’activité qui n’empêche pas la survenue ponctuelle de couacs. Un peu plus de 1900 diplômés du Doctorat d’Etat des Universités publiques ivoiriennes ont ainsi battu le pavé le 22 décembre 2021, pour exiger leur recrutement par l’Etat, dénonçant une absence de débouchés dans certaines filières. En clair, tout en cherchant à améliorer l’employabilité et l’insertion professionnelle des jeunes diplômés, l’État serait parfois lui-même coupable de négligence en la matière… Or, « les jeunes sont une force de développement », rappelle le président de la fédération nationale de la jeunesse de Côte d’Ivoire (FENUJECI), Gaoussou Diabaté.
Le secteur automobile, nouvelle aubaine pour l’emploi des jeunes
Un point de vue partagé par Oumar Djibrila pour qui « un pays en développement comme la Côte d’Ivoire peut tirer profit de son abondante population jeune en ciblant ses investissements ». Sur ce point, les choses bougent, lentement mais surement. Le 10 janvier 2022, à l’occasion de la présentation des premiers minibus « made in Côte d’Ivoire », produits par le groupe franco-italien Iveco et son partenaire local, la Société des transports abidjanais (Sotra), Amadou Koné, le ministre des Transports, a annoncé que « la chaîne d’assemblage [permettrait] la création immédiate de 500 nouveaux emplois occupés par des travailleurs nationaux ». Quant au Premier ministre, Patrick Achi, il s’est fait encore plus précis sur ses ambitions liées à l’emploi, en mentionnant que ce projet d’unité de montage de bus à Abidjan allait « faire de la Côte d’Ivoire, un lieu privilégié de montage de pièces détachées […] avec des perspectives de création d’emplois pour nos jeunes, mieux formés ». Cela tombe bien puisque des dispositifs de requalification, d’apprentissage, de chantier-école et d’obtention de permis de conduire sont justement offerts aux jeunes ivoiriens par l’Agence Emploi Jeunes pour renforcer leur insertion professionnelle.