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Côte d’Ivoire : Collecter, transformer et valoriser les déchets

En Côte d'Ivoire, deux entreprises se distinguent par leurs initiatives innovantes dans la gestion et la valorisation des déchets. Ivoire Oilfield Services et Zorodesh Beraka transforment des déchets industriels et papiers en ressources utiles, contribuant ainsi à l'économie verte et à la création d'emplois. À travers ces projets, ces entreprises offrent des solutions face aux défis environnementaux tout en favorisant la croissance économique.

Les déchets représentent un enjeu majeur en Côte d’Ivoire, mais ils sont aussi une opportunité de développement économique. Deux entreprises ivoiriennes, Ivoire Oilfield Services et Zorodesh Beraka, ont choisi de transformer ces déchets en ressources, contribuant à la fois à la préservation de l’environnement et à la création d’emplois.

Ivoire Oilfield Services : du déchet à l’énergie

@IvoS

Ferdinand Konan, directeur marketing et relations publiques de Ivoire Oilfield Services (IvoS), explique que l’entreprise, créée en 2014, s’est d’abord spécialisée dans la gestion des déchets industriels. Depuis 2023, elle s’est lancée dans la transformation des déchets plastiques, notamment les pneus usagés et les huiles, en biodiesel grâce à la pyrolyse. Cette technologie permet de transformer des déchets polluants en une énergie renouvelable.

« Nous avons près de 400 millions de pneus usagés répartis sur le territoire ivoirien. Ces pneus sont non seulement une menace pour l’environnement, mais aussi une source de maladies, car ils abritent souvent des moustiques responsables du paludisme« , souligne Konan. Pour lui, le principal défi reste la collecte de ces pneus, une tâche qu’IvoS pourrait accomplir si elle bénéficie d’un soutien, que ce soit de l’État ou d’autres structures.

L’entreprise s’adresse aux collectivités publiques et aux sociétés industrielles, notamment dans les secteurs du pétrole et des mines, où les déchets industriels sont nombreux. « Nous collectons et transformons ces déchets en biodiesel. Il s’agit d’une véritable opportunité de valoriser le déchet en énergie« , ajoute Konan, évoquant le concept de « waste to energy » (des déchets à l’énergie).

Zorodesh Beraka : Valoriser les déchets papiers

De son côté, Zorodesh Beraka, fondée par Mouta Kouadio en 2018, se concentre sur la valorisation des déchets papiers. « L’administration publique et privée utilise beaucoup de papiers, et beaucoup de ces papiers arrivent en fin de vie. Plutôt que de les incinérer et polluer l’environnement, nous avons choisi de les recycler« , explique Kouadio.

L’entreprise transforme ces papiers en produits d’hygiène tels que des mouchoirs ou du papier toilette. « Nous avons commencé à Abidjan et avons depuis étendu nos activités dans plusieurs régions comme Daloa, Yamoussoukro et Kourougo« , poursuit-il. Zorodesh Beraka a ainsi créé près de 300 emplois, avec une forte participation des femmes et des personnes âgées.

Une économie verte source d’emplois et de croissance

Les deux entreprises voient dans la gestion des déchets une véritable source d’opportunités économiques. « L’économie verte est une nouvelle source de croissance. Nous avons besoin de financements et de partenaires pour aller de l’avant« , affirme Konan, soulignant l’importance de créer des emplois, notamment grâce aux « emplois verts » qui permettent de réduire le chômage, surtout chez les jeunes.

Pour Kouadio, l’innovation dans la gestion des déchets est également un moteur de croissance. « Nous formons nos employés en interne, notamment avec l’aide du FDFP pour des formations en sécurité et dans d’autres domaines. Cela permet de rendre l’entreprise compétitive et de répondre aux besoins de notre secteur« , précise-t-il.

Technologies et financements : les défis

Les deux entrepreneurs insistent sur la nécessité d’adopter des technologies adaptées aux réalités africaines, en particulier pour les petites et moyennes entreprises comme les leurs. « Nous avons des besoins en technologies avancées, mais souvent, nous devons les chercher ailleurs, notamment en Europe ou en Chine« , explique Kouadio.

Ils soulignent également l’importance des financements verts, mais pointent les obstacles d’accès à ces fonds. « Les financements existent, mais la procédure est souvent décourageante. Les entreprises qui ont fait leurs preuves doivent être mieux identifiées et soutenues« , conclut Konan.

Les initiatives de Ivoire Oilfield Services et de Zorodesh Beraka démontrent que la gestion des déchets, loin d’être une contrainte, peut devenir un véritable levier de développement économique et de préservation de l’environnement. Grâce à l’innovation, ces entreprises montrent la voie vers une économie plus verte, créatrice d’emplois et de valeur ajoutée, et une Afrique plus autonome sur le plan technologique et financier.

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