COP29 : Quel bilan pour l’Afrique face à l’urgence climatique ?
À la 29e Conférence des Parties (COP29) à Bakou, en Azerbaïdjan, l’Afrique a mis en lumière les enjeux critiques liés à la lutte contre les changements climatiques et la reconnaissance de son « capital naturel ». La Banque africaine de développement (BAD) s’est imposée comme un acteur clé, plaidant pour une révision des indicateurs économiques du continent et un financement accru en faveur de ses initiatives climatiques.
Lors de la 29ème édition de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP 29), la BAD a exposé ses ambitions visant à « mobiliser des ressources supplémentaires pour l’action climatique en Afrique et à lancer une nouvelle approche audacieuse pour évaluer les économies africaines en incluant leur « richesse verte » ». Ce, dans un contexte où selon son président, Akinwumi Adesina, « les pays africains intensifient leurs efforts pour lutter contre les changements climatiques ». Et après la décision historique prise en 2023 lors de la COP 28 de créer un Fonds pour le financement des pertes et dommages. Une décision qui pourrait faire de l’Afrique le principal bénéficiaire de ces financements s’ils étaient mis à disposition.
« Le faible accès au financement climatique mondial d’une grande partie de l’Afrique (moins de 3% pour l’Afrique subsaharienne) est une injustice »
Injustice mondiale
En effet, malgré un potentiel énorme pour favoriser l’accès à l’énergie propre pour des millions de personnes, selon la BAD, « une grande partie du continent, notamment l’Afrique subsaharienne, reçoit moins de 3% du financement climatique mondial ». Ce qui plombe les efforts visant à faire progresser les plans nationaux d’adaptation et les contributions déterminées au niveau national dans le cadre de l’Accord de Paris.
Une situation qui sonne comme une injustice à la BAD dont le président est monté au créneau pour la dénoncer lors d’une réunion des ministres africains des Finances, de l’Économie, des Affaires étrangères, du Changement climatique et de l’Environnement, en amont de la COP 29 : « Rien ne justifie que l’Afrique soit écolo pauvre. L’Afrique devrait être écolo riche grâce à une évaluation correcte de ses vastes contributions aux services environnementaux mondiaux. »
Réétalonner le PIB des pays africains
« Les pays peuvent disposer d’une plus grande marge de manœuvre pour obtenir davantage de financements et les investir dans l’écologisation de leurs économies »
Pour Akinwumi Adesina, la route qui mène à cette « richesse verte » passe par le réétalonnement du Produit intérieur brut (PIB) des pays africains afin de refléter les actifs naturels tels que les forêts et les puits de carbone. Cet exercice pourrait révéler un PIB nettement plus élevé, reflétant mieux les contributions environnementales de l’Afrique.
La BAD a conseillé aux dirigeants africains de saisir l’occasion du sommet de la COP 29 pour présenter l’initiative « Mesurer la richesse verte de l’Afrique », qui va redéfinir les économies africaines. En effet, selon les estimations préliminaires de la banque basée à Abidjan, en Côte d’Ivoire, « l’ajustement pour la séquestration du carbone aurait pu à lui seul booster le PIB nominal de l’Afrique de 66,1 milliards de dollars en 2022, soit une augmentation de 2,2 %. Six pays du bassin du Congo (Cameroun, République centrafricaine, République démocratique du Congo, République du Congo, Guinée équatoriale et Gabon) représentaient près de 64 % de cette augmentation ». A l’analyse, estime Akinwunmi Adesina, « cela signifie que les pays peuvent disposer d’une plus grande marge de manœuvre pour obtenir davantage de financements et les investir dans l’écologisation de leurs économies. Par conséquent, une telle démarche est importante pour recalculer la viabilité de la dette de l’Afrique ». D’où l’appel lancé aux chefs d’Etat africains à publier les résultats obtenus lors de la COP « avant le sommet de l’Union africaine de 2025 ».
« Mobiliser davantage de ressources pour aider les pays africains à lutter contre les changements climatiques »
Il est question de relever la part du financement climatique allouée à l’Afrique (3 à 4 % du financement climatique mondial), alors qu’elle compte 9 des 10 pays au monde les plus vulnérables aux changements climatiques. C’est pour conduire ce plaidoyer que la BAD est présente à la COP 29. Ainsi, elle a organisé le 13 novembre 2024 une session pour discuter des stratégies de financement climatique pour les communautés vulnérables d’Afrique via son Guichet d’action climatique du Fonds africain de développement, créé dans le cadre du 16ème cycle de reconstitution des ressources du Fonds pour aider à combler l’important déficit de financement climatique du continent.
Toujours sous l’impulsion de la BAD, d’autres événements de haut niveau étaient organisés le même jour sur le thème « Mesurer la richesse verte des pays africains ». Cet événement auquel prenaient part des chefs d’État et de gouvernement africains était suivi du lancement d’un rapport sur la richesse verte. Par ailleurs, la Banque a organisé un événement pour mobiliser le soutien en faveur de la Mission 300, une initiative conjointe avec le Groupe de la Banque mondiale et ses partenaires pour raccorder 300 millions de personnes à l’électricité en Afrique d’ici 2030.