Commerce intra-africain : un levier clé pour la résilience économique
Le dernier rapport de la CNUCED sur le développement économique en Afrique met en lumière une réalité clé : pour transformer ses vulnérabilités en opportunités durables, l’Afrique doit miser sur le commerce intra-régional, les investissements stratégiques et des réformes économiques audacieuses.
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Aujourd’hui, le commerce intra-africain ne représente que 16 % des échanges du continent, alors que la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) offre un marché potentiel de 3,4 billions de dollars. Sa pleine mise en œuvre permettrait de dynamiser les échanges, de diversifier les économies et de réduire la dépendance du continent aux marchés mondiaux volatils.
Une vulnérabilité accrue face aux chocs mondiaux
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L’Afrique demeure fortement exposée aux fluctuations des prix des matières premières et aux crises économiques mondiales. Près de la moitié des pays africains dépendent du pétrole, du gaz ou des minerais pour au moins 60 % de leurs recettes d’exportation. Cette concentration des revenus dans quelques secteurs accroît leur fragilité face aux cycles économiques mondiaux.
« L’Afrique est confrontée à de graves défis, qu’il s’agisse de la volatilité des marchés mondiaux, du coût élevé de la dette ou des déficits d’infrastructures, » souligne Rebeca Grynspan, Secrétaire générale de la CNUCED.
Mais ces défis sont aussi une opportunité : en diversifiant les exportations et en développant des chaînes de valeur régionales, les pays africains peuvent sécuriser leurs revenus et mieux absorber les chocs économiques.
Les infrastructures, un frein majeur au commerce
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Les infrastructures insuffisantes entravent le développement du commerce intra-africain. Aujourd’hui, les coûts commerciaux sur le continent sont 50 % plus élevés que la moyenne mondiale en raison des lacunes dans les secteurs des transports, de l’énergie et des technologies de l’information et de la communication (TIC).
Les transports, en particulier, posent un défi de taille. Le manque de routes et de corridors logistiques efficaces allonge les délais de livraison et augmente les coûts, réduisant ainsi la compétitivité des entreprises africaines. De même, les déficits énergétiques limitent la production industrielle et freinent l’innovation.
« Investir dans les infrastructures et la connectivité numérique est essentiel pour débloquer la croissance et réduire les coûts du commerce », insiste le rapport.
Soutenir les PME, moteur de l’économie africaine
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Les petites et moyennes entreprises (PME) jouent un rôle central dans l’économie africaine, représentant 80 % des emplois du continent. Pourtant, elles restent vulnérables face aux fluctuations économiques, au manque d’accès au financement et aux infrastructures déficientes.
L’accès au crédit est un obstacle majeur : 32 % des entreprises africaines identifient le financement comme leur principale difficulté. Face à cette situation, le rapport recommande d’élargir l’accès aux crédits abordables, de développer des outils de gestion des risques et de structurer des chaînes d’approvisionnement régionales plus solides.
Vers une transformation économique durable
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Pour libérer le plein potentiel du commerce intra-africain et renforcer la résilience économique du continent, la CNUCED met en avant plusieurs recommandations :
- Incitations à l’industrialisation : Allégements fiscaux, prêts à taux réduit et réductions des coûts d’investissement pour les entreprises manufacturières tournées vers le marché régional.
- Mécanismes de gestion des risques : Création de fonds régionaux et de systèmes d’alerte précoce pour faire face aux crises économiques et commerciales.
- Soutien aux entreprises en difficulté : Mise en place de financements adaptés pour aider les entreprises à surmonter les chocs extérieurs et préserver les emplois.
En combinant des réformes ambitieuses, des investissements stratégiques et une coopération régionale renforcée, l’Afrique peut non seulement réduire sa dépendance aux marchés extérieurs, mais aussi bâtir une croissance inclusive et durable.
« Grâce à des réformes audacieuses et à la mise en œuvre intégrale de la ZLECAf, l’Afrique peut en sortir plus forte, plus résiliente et plus compétitive, » conclut Rebeca Grynspan.