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CirkAfrica : Le cirque africain explose !

Le continent se découvre-t-il un nouveau savoir-faire qu’il exportera au-delà de ses terres ? L’art du cirque «made in Africa» pourrait connaître un succès fulgurant partout dans le monde dans un futur proche. Eva Polat et Rudy Casbi

 

«Le cirque africain a un bel avenir devant lui, juge Alain Pacherie. Même s’il est pour l’instant moins connu que le cirque de Pékin. La Chine le pratiquant depuis plus de cinq mille ans. Comme c’est tout nouveau sur le continent, il faut un peu de patience pour détrôner le cirque de Pékin», estime Alain Pacherie, le directeur du cirque phénix qui a produit la troisième édition du CirkAfrika à Paris ces deux derniers mois. Fort de ce succès, Alain Pacherie vise beaucoup plus haut: «la préparation de la 4ème édition est déjà en cours de finalisation. Et j’ai démarré la conceptualisation de la 5ème édition», affirme-t-il. Et il poursuit: «Ce qui fait la force de notre spectacle, c’est la diversité de nos artistes. Certains d’entre eux viennent du Togo, de la Côte d’Ivoire, de Guinée, du Maroc, d’Afrique du Sud, d’Ethiopie, du Kenya, du Ghana, de Tanzanie..»

Grâce à cette alchimie entre ces différentes cultures africaines, le spectacle a su trouvé très rapidement son public. «Le cirque africain est porté davantage par des artistes qui mettent en avant leur personnalité pleine de générosité plutôt que par la précision technique des sauts périlleux comme c’est le cas dans les écoles chinoises. Les artistes du continent dégagent un vrai charisme», analyse Alain Pacherie, producteur du CirkAfrika chaque année.

CirkAfrica crée des émulations…

Après avoir investi près de 5 millions d’euros pour cette troisième édition, le CirkAfrika a rassemblé près de 250 000 spectateurs sur l’ensemble des prestations réalisées pour celle-ci, selon Alain Pacherie. Découvrant un talent en eux dont ils ignoraient l’existence, certains nourrissent désormais de grandes ambitions. Ainsi, a-t-on appris que le numéro proposé par deux trapézistes appartenant à la troupe sera inclus dans un prochain spectacle en Allemagne après la tournée. D’autres pourraient également profiter de la notoriété mondiale du cirque Phénix pour développer l’art du cirque dans leurs pays respectifs. «Il y a un début de prise de conscience dans beaucoup de pays. J’ai entendu dire qu’une école de cirque était en cours de construction au Togo. En Tanzanie, il y a beaucoup d’artistes. Peut-être qu’on pourra regarder du cirque africain sur les réseaux sociaux ou par les applications car les artistes africains regorgent d’inventivité sur la communication avec leur public. Ils sont dans le partage», conclue Alain Pacherie. S’il est encore trop prématuré pour parier sur une exportation du show CirkAfrika dans le monde, il semblerait que des promoteurs marocains aient pu montrer un intérêt pour ce spectacle en vue d’une éventuelle représentation dans le royaume chérifien. 

…Et L’Afrique y croit

Sur le continent, plusieurs initiatives ont vu le jour ces dernières années. En Ethiopie, le cirque Fekat a apporté un esprit de féerie à Addis Abeba depuis sa création en 2004. Ce sont près de 200 000 personnes qui ont pu assister à ces spectacles dans les théâtres, écoles ou camps de réfugiés, selon les équipes du cirque Fekat.. Celui-ci affirme par ailleurs que ces chapiteaux implantés dans la capitale éthiopienne auraient changé la vie de ces 47 artistes. Ces derniers se sont accomplis professionnellement dans le milieu du cirque. En Afrique de l’Ouest, la Guinée et le Togo commencent aussi à développer leur savoir-faire. Au Togo, les échassiers sont appelés ‘Ifé’. Les habitants dansent traditionnellement sur ces échassiers qui les surélèvent lors de bals populaires dans la région d’Atakpamé. Enfin, le développement du cirque pourrait surtout constituer une voie d’émancipation sociale partout sur le continent. Durant leur tournée, chaque artiste du CirkAfrika perçoit, selon Alain Pacherie, près de 2500 euros brut par mois, conformément a la convention nationale du cirque en vigueur en France.


 

Eva Polat et Rudy Casbi
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