Chronique du week-end Dichotomie entre surcoûts de logistique et autoroutes de l’avenir
L’Afrique se lance dans des chantiers ambitieux. Dernier en date, le début de l’année 2021 y est marquée par l’entame de la ZLECAf. On est en droit de se demander si tous ces programmes sont assez bien calibrés pour satisfaire les générations futures ?
Par Daouda MBAYE
S’il suffit de mettre en place une autoroute juste pour le prestige d’en disposer, on ne fera pas l’économie de son élargissement ou de sa réparation, si elle n’est pas en enrobé dense ou protégée sur tout son long, quelques années après sa mise en circulation. Les autoroutes de l’avenir, qui vont au-delà des «4 voies», envisagent dès leur conception, la démographie, l’évolution des usages et comportements, et sont fondées sur des prospectives de développement durable, tenant compte des générations futures.
La gestation de la ZLECAf peut aboutir sur une fausse couche, si dès à présent des mesures non tarifaires sous formes de normes nationales- vous savez, ces subtiles barrières qui ne disent pas leurs noms- sont érigées çà et là.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que cela nécessite des coûts supplémentaires. C’est une évidence de dire qu’une autoroute de l’Avenir surdimensionne un projet. C’est le juste prix à payer pour éviter, à la fois, de réinvestir pour la quasi-totalité des montants de départ, moins d’une décennie après le lancement d’une structure, de perdre du temps et nombre de désagréments…
« La gestation de la ZLECAf peut aboutir sur une fausse couche, si dès à présent des mesures non tarifaires sont érigées çà et là »
Comme pour ce grand marché unique de plus de 1,2 milliard de consommateurs, si une réelle volonté de commercer dans les deux sens ne constitue pas le fondement, on aura qu’une chimère. Le commerce appelle des échanges dans les deux sens, le mercantilisme est plus opportuniste et a tendance à ériger un protectionnisme à sa porte.
Bien gérer ces autoroutes, ces lignes de chemins de fer transnationales à écartement standard, c’est prendre à bras le corps la protection de l’environnement et surtout dépasser la petite corruption de police sans faire l’économie de la sûreté et de la sécurité. Dans ce chapitre, la réglementation des corridors, exemptée de moult tracasseries et prélèvements à la fois officiels et informels, est essentielle. A défaut, comme pour les barrières non tarifaires au marché unique qui finira par faire psiiiit, des coûts vont pondérer encore un peu plus une logistique sans commune mesure avec les marchandises transportées. Des surcoûts en délais, en sécurité… qui rendront nos marchés moins compétitifs donc désertés.
En définitive, il s’agit de bien adapter les chantiers pour mieux servir les populations d’aujourd’hui et de demain.
Daouda MBAYE