Cédric Yamdjeu : « Se regrouper, agir et s’unir dans la droiture pour reconstruire l’Afrique »
L'apport de la diaspora (3 à 5 millions personnes en France ,entre 5 et 6 % du corps électoral total en France ) et par les transferts de fonds (40 milliards usd pour l'Afrique sub-saharienne ) est considérable. Clairement, les diaspora africaines constituent une force économique avec pour preuve les transferts de fonds africaine en direction de leurs pays d’origine d’Afrique qui ont atteint 70 milliards de dollars (10 milliards de dollars venant de France). Donc La diaspora africaine a de l'argent c'est son utilisation qui n'est pas bonne.
Par Cédric Yamdjeu*
Ces fonds sont devenus la première source de financement externe supérieure au double de l’aide publique au développement en Afrique qui s’estime à 30 milliards de dollars (dont 2,5 milliards attribués par la France). Néanmoins ces fonds sont en priorité destiné à solutionner les problématiques d’ordre social comme la santé , l’éducation , logement et l’amélioration des conditions des vies.l
Concernant ces flux financiers, on a différents transferts réguliers des migrants vers leurs foyers par des membres de leurs familles, leurs amis. Parfois pour effectuer des investissements personnels sur l’éducation, la santé,des investissements financiers, pour des entreprises. On a aussi les transferts ad hoc ponctuels pour des funérailles et des mariages. Il y a aussi les transferts de groupes de diaspora. Ce sont les associations des villages natifs qui regroupent leurs fonds pour investir dans quelque chose de très spécifique dans la ville ou le village d’origine : il peut s’agir des projets beaucoup plus costauds, pour des écoles, pour les agriculteurs.
Une piste pour améliorer pour améliorer leur efficacité et le rôle de la diaspora et influencer économiquement sur le devenir de leurs nations est de capter de manière efficace le financement des diaspora. Il est impératif de multiplier des initiatives et mesures pour mobiliser l’épargne de la diaspora dans le but de financer des projets et PME à l’image de l’Efficience Africa Fund du club efficience et de la plateforme EIC Corporation ou encore Jaama Summit le dernier salon des investisseurs de la diaspora africaine qui fait la promotion de l’investissement.
Pour favoriser les transferts de fonds, une loi a été présentée en France. Elle propose la défiscalisation des transferts d’argent et un système de bi-bancarisation (un compte dans le pays d’origine, un autre dans le pays d’accueil). Est-ce que ce sont des pistes à creuser ?
Premièrement, il faut dire qu’il est extrêmement rare que les transferts de fonds soient taxés. L’année passée, des discussions ont eu lieu au sujet d’une taxe, par exemple sur les transferts de fonds au Koweït, mais en général c’est une rareté. N’oublions pas non plus que les migrants paient des impôts sur leur salaire, du moins ceux qui travaillent sur le marché du travail formel.
La bi-bancarisation est donc la possibilité d’ouvrir un compte bancaire à la fois dans le pays d’origine et dans le pays d’accueil. C’est d’autant plus intéressant qu’en Afrique, l’inclusion financière est assez faible : entre 50 et 60% des ménages en Afrique subsaharienne. C’est très bas par rapport au reste du monde. Deuxième intérêt de la bi-bancarisation : réduire considérablement aussi les coûts. En Afrique subsaharienne, actuellement, les transferts coûtent environ 8% . Tandis qu’on a plutôt une moyenne de 5% au niveau mondial, avec un objectif de 3%. Sur ce point, la différence entre l’Afrique et le reste du monde est quand même considérable.
Cette diaspora et la jeunesse doit donc créer des héros , véritables guerriers de développement , acteurs de la société civile , de véritables capitaines d’industrie autour des valeurs d’humilité , excellence , intégrité aussi bien du côté du continent africain que de l’hexagone .Elle a donc son rôle à jouer dans le renouveau des relations franco africaines , gagnant-gagnant pour permettre une véritable coopération décrispée.De part leur double culture (terre d’accueil et terre d’origine), les membres de la diaspora sont les meilleurs ambassadeurs des deux continents, de véritables ponts entre l’Afrique et la France .
Dernier point : les obligations d’État, un phénomène beaucoup plus récent. Les gouvernements émettent des obligations en direction de leur diaspora pour des projets dans le pays d’origine. Ces dispositifs ont été expérimentés en Éthiopie, au Liban, en Inde.
Dans un second temps , nos recommandations établies avec l’association Emerging Women of Africa de Mme Ndiaye Penda se focaliseront sur l’inclusion financière des femmes . En effet , De l’inclusion financière des femmes a un impact considérable sur le développement, en générant notamment une croissance plus inclusive et plus durable grâce à l’augmentation des investissements productifs et l’accroissement de l’accumulation d’actifs .Pourtant, sur le continent africain, où le niveau global d’inclusion financière est déjà faible, il est particulièrement difficile pour les femmes d’accéder aux services financiers par rapport aux hommes.
Résumé des recommandations stratégiques :
A- Modifier et adapter les cadres juridiques, réglementaires et de supervision, en levant les obstacles et en donnant du champ à l’innovation afin de permettre une plus grande inclusion financière des femmes africaines ; informer et sensibiliser lorsque des clauses discriminatoires ont été supprimées.
■ Supprimer les clauses discriminatoires liées à l’inclusion financière des femmes notamment en ce qui concerne la propriété foncière et les droits de propriété.
■ Donner plus de champ aux innovations en faveur de l’inclusion financière des femmes dans la réglementation , modifier la législation pour permettre le développement de nouveaux produits et de nouveaux canaux de distribution, notamment la banque à distance.
■ Introduire des réglementations qui autorisent les formes de garantie alternatives et le crédit-bail, pour surmonter les contraintes qui empêchent les femmes de constituer des actifs.
■ Réformer les législations et les réglementations qui encadrent le secteur de l’assurance, afin de faciliter le développement de produits sexospécifiques.
B-Améliorer et renforcer la réglementation en matière de protection des
consommateurs, en tenant compte des préoccupations et des problèmes des consommatrices et en conciliant protection et extension de la portée des services.
C- Investir dans des programmes d’éducation financière pour les femmes africaines, pour qu’elles puissent agir en consommatrices plus informées et plus averties.
D-Mettre la force des femmes dirigeantes au service de la promotion de l’évolution des politiques, d’une gouvernance plus efficace et d’une gestion plus solide des institutions financières.
■ Encourager l’établissement et le renforcement des associations et des réseaux de femmes.
■ Encourager les femmes à occuper des postes de direction, et former les femmes aux fonctions de direction.
■ Élargir les options de financement pour les PME et les petites exploitations agricoles dirigées par des femmes; soutenir les options alternatives de financement, en attribuant les rôles au gouvernement et au secteur privé de façon réfléchie.
*Cedric Yamdjeu est fondateur du think tank 50Afrique et co-fondateur de l’organisation Afropreneurs Emerging Leader. Après avoir commencé sa carrière au sein du cabinet Accenture , il est actuellement directeur pour une banque d’investissement et Tech entrepreneur. Il pilote aussi les activités diaspora de CREBAT entreprise familial de BTP au Cameroun