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Carine Andela, l’ambassadrice du Made in Cameroon

Depuis une dizaine d’années, contre vents et marées, la jeune entrepreneure sociale camerounaise, fondatrice de l’Association Entrepreneurs ingénieux d’Afrique (ASENIA), encourage ses congénères, surtout les femmes, à la culture, la transformation et la consommation des produits locaux.

Par Banda Ngassam

Ce jeudi 16 janvier 2025, Carine Andela participe à une réunion au ministère de l’Economie du Cameroun à Yaoundé. Elle y a été conviée par le ministère du Commerce pour l’élaboration des termes de référence du label « Made in Cameroon » dont le gouvernement a fait son axe central de sa politique d’import-substitution inscrite dans sa Stratégie nationale de développement de la décennie 2020-2030 (SND30).

« Sa participation à cette réunion traduit la reconnaissance par les pouvoirs publics de son travail depuis une dizaine d’années au Cameroun »

Pour ceux qui suivent la jeune entrepreneure sociale camerounaise de 37 ans (elle est née le 17 Septembre 1988), « c’est la reconnaissance de son travail au Cameroun depuis une dizaine d’années ». En effet, lorsqu’elle obtient son baccalauréat en sciences et mathématiques (série D), Carine Andela s’inscrit en faculté des sciences économiques de l’université de Yaoundé 2, à Soa, une banlieue de la capitale Yaoundé. Avec en tête de décrocher « au moins ma licence et me fondre dans l’univers professionnel », dit-elle au cours de l’entretien qu’elle a accordé à ANA. Pourtant, rien ne se passe comme prévu. « A l’université, j’ai découvert qu’on préparait les jeunes au chômage », poursuit celle qui ne va pas attendre d’obtenir sa licence pour quitter ce moule à chômeurs.

L’opportunité de la SND30

Carine Andela, qui a grandi dans un environnement difficile, décide de mettre à contribution sa résilience pour la transformation de son pays. Son engagement tombe bien. Le gouvernement camerounais vient d’adopter la SND30. Avec le Made in Cameroon comme principal axe. Selon le discours officiel, « cette approche, qui vise à réduire la dépendance vis-à-vis des importations de biens et services, en encourageant la production locale, recèle un fort potentiel pour stimuler la croissance économique, créer des emplois et permettre au pays de réaliser les objectifs de développement durable, de l’Agenda 2030 des Nations Unies auquel le Cameroun a souscrit aux cotés des 192 États membres, depuis 2015 ».

C’est « ce fort potentiel » qui fonde l’engagement de Carine Andela qui est convaincue que « le Made in Cameroun peut être un facteur clé de développement économique et social du Cameroun ».

Seulement, il lui faut un instrument juridique. Elle crée alors l’Association Entrepreneurs Ingénieux d’Afrique (ASENIA) qui est légalisée le 14 février 2017 à Yaoundé. Cette entité, selon sa promotrice, « milite pour la promotion de la transformation locale des richesses naturelles du Cameroun ».

Depuis 2017, nous avons formalisé les activités de 207 jeunes Camerounais, dont 65% de femmes

Tontine et formation des femmes

Carine Andela peut alors commencer à distiller son discours auprès des jeunes entrepreneurs agricoles. Et les résultats ne se font pas attendre. « Depuis 2017, nous avons formalisé les activités de 207 jeunes Camerounais, dont 65% sont des femmes, championnes de la transformation de la matière première locale », indique la fondatrice d’ASENIA.

Parallèlement, pour promouvoir les produits locaux et soutenir les entrepreneurs camerounais, en 2017, elle organise le premier forum Afrique Genuis à Yaoundé. Carine Andela est aussi la promotrice du Salon de l’initiative Femme qui « prime les femmes, les connecte et promeut leurs initiatives pendant deux jours ». La troisième édition va se dérouler en mars 2025. ASENIA accompagne également les femmes à l’autonomisation financière via la création, en 2021, d’une tontine qui permet à chacune des femmes entrepreneures d’obtenir un million de FCFA par mois. « Ce pécule permet à chacune des bénéficiaires de protéger sa marque à l’OAPI (Organisation africaine de la propriété africaine), de payer les certificats de conformité à l’ANOR (Agence nationale de la norme et de la qualité), les normes d’étiquetage et d’analyser leurs produits dans des laboratoires certifiés », souligne Carine Andela.

ASENIA contribue aussi à la formation des femmes entrepreneurs en partenariat avec des cabinets certifiés. En 2025, 100 femmes entrepreneurs seront formées grâce au partenariat avec la Banque mondiale via le projet Padesce. « Nous avons aussi noué un partenariat avec l’ONG Foletia, le cabinet Groupe fiscal.com et le cabinet Promillys Digital ainsi que le Bankable Women qui finance nos cheffes d’entreprises via la BGFIbank », révèle Carine Andela. A l’heure des technologies numériques, l’amazone du Made in Cameroon a mis en place NoteBiZ, « un outil d’aide à la matérialisation de l’idée au projet pour tous jeunes entrepreneurs locaux ».

« Carine Andela est désormais incontournable pour les questions agricoles dans son pays. »

En parcourant le pays, Carine Andela rencontrait également des opérateurs du secteur agricole au Cameroun. A ce jour, son association compte 515 membres dont une majorité de leaders de l’agribusiness. Désormais, elle est incontournable sur les questions agricoles dans son pays. C’est pourquoi cette jeune femme engagée et passionnée, qui croit en l’avenir du Cameroun et de l’Afrique, discute ce 16 janvier 2025 du Made in Cameroon aux côtés des responsables de haut niveau de ministères concernés (Agriculture et développement durable ; Commerce ; Economie, Planification et Aménagement du territoire) et d’experts de la certification.

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