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Briller et faire briller l’Afrique 

Question énergétique, défi climatique, croissance démographique… Jamais l’Afrique n’aura été autant au cœur de tous les enjeux mondiaux. Reste à savoir si, dans ce nouveau monde qui se dessine, et dans ce contexte de nouvelle guerre des puissances qui se rejoue sur le continent, l’Afrique tirera son épingle du jeu…

Par Dounia Ben Mohamed

Si les décorations et autres illuminations ornent encore nos villes, les fêtes de fin d’année sont, déjà, derrière nous. Janvier démarre et avec lui une nouvelle année pleine d’espoir… mais également son lot d’incertitudes. 

Alors que 2022 a été marquée par un contexte de crise mondiale, encore une, la guerre en Ukraine et les bouleversements qu’elle a entraînée, y compris sur le continent, la résurgence ou l’enlisement de conflits, en Afrique, n’aura pas aidé la reprise post-Covid. 

“Certains en sont sortis plus fragiles que jamais, d’autres grandis, d’autres encore ont révélé des atouts jusqu’ici méconnus”

S’il s’agissait d’être résilient et innovant en 2021, et l’Afrique l’aura été, en 2022, il s’agissait de “traverser la tempête”. Ou plutôt les tempêtes. Ce dont on a, malheureusement ou heureusement l’habitude en Afrique. Et nous l’avons traversé cette année. Pas tous, pas au même rythme. Certains en sont sortis plus fragiles que jamais, d’autres grandis, d’autres encore ont révélé des atouts jusqu’ici méconnus. 

Reste que, dans sa globalité, l’Afrique n’aura jamais été autant au cœur de tous les enjeux, toutes les attentions. Alors que la Russie, blacklistée sur la scène internationale, confirme, et diversifie, sa présence sur le continent, l’Oncle Sam est de retour, ou du moins en a affiché l’intention lors du dernier sommet USA-Afrique, tandis que le Royaume-uni, pris dans l’étau post-Brexit et post-Covid veut capitaliser sur le Commonwealth et va prospecter sur de nouveaux espaces. De même que la France, enlisée au Sahel, plus que mal aimée dans son ancien pré-carré, tisse de nouvelles toiles en Afrique de l’Est. Et dans ce jeu de puissance qui se joue, ou se rejoue en Afrique, les regards sont pointés vers l’Asie. La Chine, qui reste maîtresse du jeu, avec ou sans « piège de la dette »; le Japon lui emboîte le pas; ou encore Singapour qui se veut capitale de la philanthropie climatique et qui se veut, elle aussi, une “nouvelle” capitale des échanges monde-Afrique. A l’image de Doha, qui aura confirmée son positionnement lors de la Coupe du monde, au final pas si boycottée que cela.

Mais c’est bien de cela qu’il s’agit. D’une Afrique-monde au cœur des enjeux de ce nouveau monde qui se dessine. Si la question énergétique, priorité des priorités, ramène l’Afrique et ses incommensurables réserves, au centre de la géopolitique mondiale, reste à savoir si l’Afrique tirera son épingle du jeu. A l’image de l’Algérie_ invitée d’honneur du prochain Davos_ convoitée par tous et qui a fait son grand retour sur la scène internationale. 

“La réponse ne dépend que de nous. Et ce « nous » ne désigne pas seulement les dirigeants qui président à nos destinées”

Toute la question est de savoir comment l’Afrique parviendra à tirer son épingle du jeu. Pourrait-elle, cette fois — et contrairement aux fois passées —, bénéficier de cette conjoncture ? La réponse ne dépend que de nous. Et ce « nous » ne désigne pas seulement les dirigeants qui président à nos destinées. 

On en revient à la fameuse locution verbale du verre à moitié vide ou plein. On peut, en effet, décider de regarder l’évolution du monde — l’Afrique en particulier — en ne se focalisant que sur les aspects les plus négatifs, ou adopter au contraire une approche plus optimiste en se réjouissant des progrès qu’enregistre chaque jour l’humanité. À ce titre, l’Afrique n’est pas en reste. 

Mieux — et nous le savons tous, l’Afrique, véritable « grenier du monde », a les moyens de nourrir la planète. Or elle ne parvient pas à atteindre l’autosuffisance alimentaire. Aussi, plutôt que d’alerter sur l’imminence d’une crise alimentaire et nutritionnelle sans précédent sur le continent, profitons-en pour, enfin, valoriser notre immense potentiel agricole en nous appuyant sur l’existant : ces milliers de petits acteurs du secteur agricole et rural, qui ont besoin de formations aux bonnes pratiques et à l’agrotechnologie, d’équipements et de financements.

« Raconter les success-stories de celles et ceux qui, à un moment donné, ont su voir le verre à moitié plein »

Derrière toute crise se cachent des opportunités. Simplement, il faut savoir les identifier et les saisir. Cela passe par un changement de paradigme… et de branding : il s’agit certes de rendre l’Afrique plus attractive aux yeux des investisseurs internationaux, mais avant tout aux yeux des opérateurs économiques africains, les jeunes en premier lieu. Le défi — et c’est en partie le nôtre, nous média panafricain — est de révéler ce champ des possibles et, au passage, de raconter les success-stories de celles et ceux qui, à un moment donné, ont su voir le verre à moitié plein. 

En attendant d’écrire ensemble la suite de l’Histoire, bonne et fructueuse rentrée à toutes et à tous ! 

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