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Bourses africaines : l’Afrique a la cote

L’année 2022 s’est achevée à la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM) sur une note positive. Avec la cotation d’Orange Côte d’Ivoire, la plus importante capitalisation boursière à l’introduction depuis la création du marché à Abidjan, la BRVM entame l’année 2023 sous les meilleurs auspices. L’occasion d’un tour d’horizon des places boursières africaines. 

Par Dounia Ben Mohamed 

La Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM) a admis à sa cote le 30 décembre 2022, Orange Côte d’Ivoire avec un record de capitalisation à l’introduction de 1 431,23 milliards FCFA (2,18 milliards d’euros) depuis la création de la BRVM. En effet, après la clôture par anticipation de son Offre Publique de Vente (OPV) d’actions pour un montant de 140,982 milliards de FCFA, (213 millions d’euros) lancée sur le Marché Financier Régional de l’UEMOA du 05 au 19 décembre 2022, Orange Côte d’Ivoire a fait son entrée au compartiment des actions de la BRVM avec 1 538,19 milliards de FCFA (2,32 milliards d’euros). Un cours au premier fixing de 10 210 FCFA, (15,5 euros) portant à l’ouverture, la capitalisation boursière du marché actions à 7 487,051 milliards de FCFA (11,33 millions d’euros). 

Cotée sous le symbole ORAC au cours de référence de 9 500 FCFA, (14,38 euros) l’action Orange Côte d’Ivoire a terminé la journée de bourse à 10 210 FCFA, (15,45 euros) soit une progression de 7,47 %. Cette nouvelle introduction par la cession d’une partie de sa participation au capital d’Orange Côte d’Ivoire, dans le cadre du processus de privatisation des entreprises à participation publique initié par l’Etat de Côte d’Ivoire depuis plusieurs années, a pour objectifs, entre autres, de promouvoir l’actionnariat populaire, d’accroître la notoriété d’Orange Côte d’Ivoire auprès de la communauté financière et du grand public et de contribuer au développement du Marché Financier Régional de l’UEMOA. Elle vient donc récompenser les efforts entrepris depuis plusieurs années pour accroître le nombre de sociétés cotées à la BRVM à travers les admissions volontaires, les sorties des Fonds de Private Equity et les privatisations. 

“La BRVM est, par ailleurs, l’une des quelques bourses africaines à terminer l’année 2022 dans le vert »

De quoi terminer l’année 2022 en beauté et démarrer 2023 sous les meilleurs auspices. Née le 18 décembre 1996 à Cotonou, la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM), bourse électronique intégrée, commune à huit pays d’Afrique de l’Ouest (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo) semble en effet avoir trouvé sa vitesse de croisière. Dans un contexte où les introductions en bourse se font rares en Afrique (5 seulement en 2022), la BRVM avec l’admission d’Orange, a fait passer à nouveau, le nombre de sociétés cotées à 46. “La capitalisation du marché des actions a ainsi fortement progressé, passant de 6 085, 42 milliards FCFA (9,211 milliards  d’euros) au 31 décembre 2021 à 7 560, 18 milliards FCFA (11,44 milliards d’euros) ce 30 décembre 2022, soit une variation de 24,23%. Le marché obligataire a également connu une embellie, en terminant l’année 2022 avec une capitalisation de 8 926,9 milliards FCFA, (13,51 milliards d’euros) soit une hausse de 23,18% par rapport à 2021”, souligne l’Institution dans un communiqué. “La liquidité du marché s’est aussi améliorée au cours de l’année écoulée avec un volume total de 255 220 696 titres échangés en 2022, soit une progression de 3,02%. Les valeurs transigées se sont élevées à 469, 64 milliards FCFA, (710,86 millions d’euros) tous compartiments confondus.” Et d’ajouter : “La BRVM est, par ailleurs, l’une des quelques bourses africaines à terminer l’année 2022 dans le vert, l’indice BRVM Composite s’étant affiché à 0,46% par rapport à son niveau du 31 décembre 2021 et le BRVM10 à 7,86%.” 

Casablanca dans le rouge, l’Afrique de l’Est progresse, l’Afrique du Sud reste en tête

De fait, ce n’est pas le cas de toutes. La Bourse de Casablanca notamment,  finit et démarre l’année dans le rouge. Si la semaine dernière elle clôturait dans le vert son principal indice, le MASI, se renforçant de 0,71% à 10.111,81 points (pts), tandis que le Morocco Stock Index (MSI 20), indice regroupant les 20 valeurs les plus liquides, ainsi que le Casablanca ESG 10, indice thématique qui calcule la performance des cours des entreprises socialement responsables, progressaient de respectivement 0,87% à 809,68 pts et 1,18% à 768,19 pts, elle enregistrait, sur le plan individuel les plus fortes baisses affichées par Fenie Brossette (-4,13% à 115,05 DH), AtlantaSanad (-3,06% à 111 DH), Disty Technologies (-2,68% à 183,45 DH, 16, 64 euros), Lesieur Cristal (-2,53% à 221,5 DH, 20,09 euros) et Mutandis Sca (-2,25% à 195,5 DH, 17,73 euros). La veille à la clôture, le MASI avait chuté de 3,82%.

Ceci dit, la Bourse de Casablanca, en dépit d’une fin d’année morose, reste dynamique et affiche de royales ambitions. Elle demeure à la deuxième place financière du continent, derrière l’Afrique du Sud, mais devant le Nigeria et l’Egypte. Elle aspire notamment à multiplier par 5 le nombre de sociétés cotées pour atteindre 350 d’ici 2035, contre 75 à l’heure actuelle, selon les prévisions du président du conseil d’administration, Kamal Mokdad. Interviewé par un média saoudien «Al-Sharq News», ce dernier admettait toutefois que «le marché financier au Maroc souffre d’une faible offre d’actions disponibles contre une forte demande», précisant qu’il a attiré trois cotations au cours des 12 derniers mois, «malgré la situation économique difficile».

Nairobi Stock Exchange (NSE)-DR

Du côté de l’Afrique de l’Est, le rapport Sub-Sahara Africa Top 30 Companies, un  rapport trimestriel sur le marché réalisé par des analystes d’AfricanFinancials Group, indiquait que la Bourse du Rwanda (RSE) et la Bourse de Dar es Salaam (DSE) avaient enregistré respectivement des rendements de 7,2 % et 9,1 % au cours de la période de 12 mois se terminant en juin de cette année. A l’image d’autres bourses africaines qui ont bien performé au cours de la période, dont le Nigeria qui a enregistré un rendement de 20,9 %, la Zambie (12,1 %), les Seychelles (5 %) et le Botswana (2,8 %).

« Les nouvelles règles contribueront grandement à la mise en place d’un environnement propice et compétitif au niveau international pour la levée de capitaux »

De belles progressions dans un contexte de crise mais loin de détrôner la première place financière du continent, tenue par la Bourse de Johannesburg. Laquelle entend bien le rester : la Johannesburg Stock Exchange a récemment entrepris d’assouplir ses conditions de cotation pour attirer davantage d’entreprises. Ainsi l’exigence relative au flottant (partie du capital qui correspond aux actions effectivement susceptibles d’être échangées sur le marché boursier) devait être abaissée de 20 % à 10 %, un seuil similaire à ceux en vigueur sur les bourses britanniques et européennes. De même, la JSE doit assouplir les règles relatives à la communication des informations financières des entreprises cotées et les procédures de cotation des instruments de dette « en vue de s’aligner sur les règles en vigueur sur les principaux marchés internationaux et de garantir l’attractivité et la compétitivité de ce type de société », a souligné André Visser, directeur de la réglementation des émetteurs à la Bourse de Johannesburg dans un communiqué. Et d’ajouter : « Les nouvelles règles contribueront grandement à la mise en place d’un environnement propice et compétitif au niveau international pour la levée de capitaux ».

L’interconnexion, une nouvelle donne

Lancement de l’African Exchanges Linkage Project (AELP), le 7 décembre@Afdb

Un défi qui incombe à toutes les bourses africaines. Et la tendance est à l’union. L’Association des Bourses africaines (ASEA), qui regroupe 25 Bourses du continent, a lancé, le 7 décembre dernier en marge de la 25e conférence annuelle de l’Association des Bourses des valeurs africaines, une plateforme d’interconnexion autour des sept plus grandes places boursières, l’African Exchanges Linkage Project (AELP). Une initiative, conduite par l’Union africaine, et en partie financé par la Banque africaine de développement et le Korea-Africa Economic Cooperation Trust Fund, qui a vocation à stimuler le volume des investissements et le nombre d’investisseurs, dans le cadre notamment de la mise en place de la zone de libre-échange africaine (ZLECAf). En effet, alors qu’elle représente moins de 2 % de la capitalisation boursière mondiale, l’intégration des Bourses africaines constitue toujours un enjeu clé pour le financement des économies africaines. Un continent qui demeure le moins intégré économiquement au monde, avec un taux ne dépassant pas les 4 %. Une donne que la ZLECAf doit changer. A condition de mettre en place les outils adaptés. Parmi lesquels, des marchés de capitaux africains plus solides… et connectés. 

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