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Benjamin Fernandes, CEO de Nala : « Notre mission est de construire des paiements pour le prochain milliard »

Dans cette interview, Benjamin Fernandes, le CEO de Nala, nous parle de la vision de son entreprise qui révolutionne les paiements transfrontaliers en Afrique, de son impact social et de ses ambitions pour l'avenir.

Bonjour Benjamin, pouvez-vous nous parler de votre parcours et de ce qui vous a poussé à créer Nala ?

Je viens de Dar es Salaam, en Tanzanie. J’ai grandi là-bas et à 17 ans, j’ai eu une bourse pour aller aux États-Unis. J’y suis allé pour étudier et c’est là que j’ai découvert le monde des paiements. Avant de créer Nala, j’ai travaillé dans le domaine des paiements pour la télévision, où nous cherchions des moyens d’aider les gens à payer leurs abonnements via les services de mobile money comme M-Pesa et Airtel Money. Cela m’a ouvert les portes d’une bourse à Stanford, où j’ai approfondi mes connaissances sur la création d’entreprises technologiques. Ensuite, j’ai rejoint la Fondation Bill Gates avant de me lancer dans la création de Nala.

Nala se distingue par ses services de paiements transfrontaliers. Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste exactement votre activité ?

Chez Nala, nous opérons sur deux fronts. D’abord, nous permettons aux personnes des États-Unis, du Royaume-Uni et de 19 pays européens d’envoyer de l’argent vers 11 pays africains Ce service permet aux diasporas d’envoyer des remises à leurs proches. Ensuite, nous avons une solution B2B qui aide les entreprises à effectuer des paiements transfrontaliers pour la distribution, les salaires ou encore les paiements de grandes entreprises de transferts d’argent. En résumé, nous construisons l’infrastructure de paiement à travers l’Afrique.

Comment a évolué Nala, et quel est l’impact sur ses bénéficiaires ?

C’est très inspirant. En trois ans, nous sommes passés de dix à 500 000 clients. Cela représente un changement majeur, car chaque année, des milliards de dollars sont envoyés via notre plateforme. Nous voyons des Rwandais en Belgique envoyer de l’argent pour créer des entreprises locales, comme des petits magasins ou des Airbnb pour les touristes. L’impact est énorme, notamment pour les femmes, qui représentent 60 % de nos clients. Elles sont très fidèles et envoient fréquemment de l’argent pour soutenir leurs familles ou lancer des projets locaux.

Nala a également réussi à réduire les frais de transfert d’argent…

Nous avons réussi à réduire les frais de transfert de 6 % à 4 %, et nous cherchons à les abaisser encore. Nous pensons qu’il est injuste que la région la plus pauvre du monde ait les frais les plus élevés. L’un de nos objectifs majeurs est de rendre les paiements transfrontaliers plus accessibles et moins coûteux. Cela permet non seulement d’économiser de l’argent, mais aussi de soutenir l’économie locale en rendant ces services plus accessibles à un plus grand nombre de personnes.

Quels sont les prochaines étapes pour Nala et les principaux défis pour les atteindre ?

En Afrique, chaque pays a ses propres régulations, ce qui rend les choses plus compliquées. Il n’y a pas de corps unifié comme l’Union Européenne qui permettrait d’avoir une seule licence pour opérer dans plusieurs pays. Cela signifie que chaque fois que nous voulons entrer sur un nouveau marché, nous devons obtenir une licence spécifique, ce qui peut prendre des années. Par exemple, j’ai demandé une licence dans un pays il y a quatre ans et je n’ai toujours pas eu de réponse. Ce genre de situation freine le développement rapide des entreprises comme la nôtre.

Comment voyez-vous l’avenir de Nala et de l’écosystème fintech en Afrique ?

Nous avons une mission claire : construire des paiements pour le prochain milliard de personnes. Nous opérons déjà en Asie, en Afrique et nous nous préparons à étendre nos services en Inde. Nala a connu une croissance rapide, passant de sept employés à 157 en 20 mois. Mais ce n’est que le début. Nous voulons toucher de plus en plus de marchés et permettre à davantage de personnes, en particulier dans les marchés émergents, d’avoir accès à des services financiers modernes. Le travail que nous faisons aujourd’hui est fondamental pour l’avenir, et nous sommes prêts à relever les défis à venir pour avoir un impact global.

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