« En dehors des Jeux olympiques d’hiver de 2017, les assemblées annuelles de la Banque africaine de développement (BAD) en mai prochain en Corée représentent l’événement le plus important de notre calendrier », a déclaré le vice-Premier ministre coréen chargé de la Stratégie et des finances, Kim Dong-yeon. C’était à Séoul, à la mi-mars 2018, à l’arrivée en Corée d’une délégation conduite par le président de la Banque, Akinwumi Adesina, venu en visite officielle.
Par Yannick Ndiaye, Dakar
Pour Kim Dong-yeon, ces Assemblées sont l’occasion, pour la Corée d’approfondir ses relations avec la Banque africaine de développement, mais aussi avec les gouvernements et le secteur privé africains.
Dong-yeon a indiqué que, désireuse d’élargir son engagement stratégique avec l’Afrique, la Corée souhaiterait développer une plate-forme d’échange et d’apprentissage, qui permettrait aux jeunes professionnels coréens talentueux de mettre leurs compétences au service des secteurs public et privé des différents pays membres de la banque.
Le patron de la Bad ,Dr Akinwumi Adesina a noté que le déficit de communication, voire l’information asymétrique, sur les opportunités d’investissement en Afrique est un problème auquel il faut remédier. Les échanges bilatéraux que permettrait pareille plateforme fourniraient aux jeunes Africains de talent l’exposition requise, tout en leur permettant d’enrichir leur expérience et leur apprentissage en Corée, s’est-il réjoui.
Face à Suh Byung-soo, le maire de Busan, la « ville intelligente » et technologiquement innovante de Corée, le président Adesina a fait l’apologie de l’Africa Investment Forum que la Banque organise en novembre 2018, déclarant que l’Afrique est ouverte au monde des affaires et que le forum serait « économe en paroles » mais « intense en transactions et en réserves de projets ».
La Corée est vivement intéressée par un forum d’affaires Corée-Afrique qui ouvrirait la voie aux investissements et au développement en Afrique, tout en tirant profit des opportunités de transferts de technologies avec le continent, a indiqué le maire Byung-Soo.
Les membres de la délégation de la Banque africaine de développement se sont également rendu à l’Université de Silla, dont le recteur, Tae-Hak Park, leur a fait visiter le plus grand site de tests de drones du pays et le centre de simulation en direct de l’université. Silla est en pole position de la technologie industrielle des drones en Corée et du développement de plateformes en faveur de l’intelligence artificielle, de la robotique et de la transition dynamique de Busan vers une économie du savoir.
500 millions de demandeurs d’emplois africains à l’horizon 2050
« Si la Banque africaine de développement, en collaboration avec d’autres BMD, peut aider à réduire les risques associés aux investissements et à stabiliser les monnaies locales et les taux de change, et qu’elle continue de s’engager en faveur de réformes politiques et réglementaires, il y aura d’importants investissements coréens sur le continent », a assuré le président de la Korea Exim Bank, Sung-soo Eun.
Kang-rae Lee, président de Korea Expressway Corporation, a vanté le système de transport intelligent coréen, un réseau routier national qui mise à la fois sur la vidéosurveillance, les données, le cloud computing (informatique dématérialisé), les drones et la simulation en temps réel pour offrir un réseau routier efficace. La Korea Expressway Corporation a perçu près de 4 milliards de dollars de péages en 2017.
Rappelant que 15 % seulement du commerce en Afrique est intra-africain, Dr Adesina a souligné combien l’un des programmes clés de la Banque – entériné dans ses High 5 –, Intégrer l’Afrique, s’avère essentiel, tant pour la circulation rapide des personnes, des biens et des services, que pour la transformation économique et sociale de l’Afrique.
Plus tôt, l’autorité de la banque panafricaine avait reçu des membres de la communauté diplomatique africaine en poste à Séoul, conviés autour d’un dîner : Albino Malungo, ambassadeur d’Angola ; Sylvestre Kouassi Bile, ambassadeur de Côte d’Ivoire ; Mohammed Gello, ambassadeur du Kenya ; Nozuko Gloria Bam, Afrique du Sud ; Amin Muhammad Dalhatu, ambassadeur du Nigeria ; Nabih El Abed, ambassadeur de Tunisie ; Wilbur Simuusa, ambassadeur de Zambie ; Hazem Fahmy, ambassadeur d’Égypte ; Emma Françoise Isumbingabo, ambassadeure du Rwanda ; Chafik Rachadi, ambassadeur du Maroc ; Shiferaw Jarso Tedecha, ambassadeur d’Éthiopie ; Difie Agyarko-Kusi, ambassadeure du Ghana ; Ruth Solange Akoume, ambassadeure du Gabon ; et Adrian Théatre, ambassadeur de Belgique.
Faisant observer que l’Afrique comptera 500 millions de jeunes travailleurs sur son sol à l’horizon 2050, l’ambassadeur Malungo a déclaré : « S’il est vrai que le continent est en train de diversifier ses économies de toute urgence, le temps est maintenant venu de rêver et de créer une Afrique nouvelle. »