Assemblées annuelles 2024 de la Banque africaine de développement : réformer l’architecture financière mondiale
Du 27 au 31 mai 2024, le Centre de conférence international Kenyatta de Nairobi accueillera les 59e Assemblées annuelles du Conseil des gouverneurs de la Banque africaine de développement et la 50e Assemblée annuelle du Conseil des gouverneurs du Fonds africain de développement. Ces rencontres de haut niveaux aborderont les défis et les opportunités pour l'Afrique dans un contexte de réforme de l'architecture financière mondiale.

La réunion annuelle du Conseil des gouverneurs de la Banque africaine de développement (BAD) et du Fonds africain de développement (FAD) à Nairobi, du 27 au 31 mai 2024, sera une tribune cruciale pour discuter des défis et des opportunités qui façonnent le développement en Afrique. Avec pour thème « La transformation de l’Afrique, le Groupe de la Banque africaine de développement et la réforme de l’architecture financière mondiale », ces assemblées annuelles offriront une plateforme d’échange sur les moyens de remodeler le paysage financier mondial pour un développement plus équitable et durable.
Le financement reste un défi majeur pour l’Afrique

Le financement reste un défi majeur pour l’Afrique, en grande partie en raison des règles et pratiques de la gouvernance économique et financière mondiale. Les pays africains sont confrontés à une dette croissante, à des difficultés d’accès aux financements concessionnels et à une allocation inégale des ressources financières internationales. “La dette extérieure totale de l’Afrique, estimée à 1 100 milliards de dollars en 2022 et prévue à 1 300 milliards de dollars fin 2023, est troublante, alertait le président de la BAD, Akinwumi A. Adesina au Forum de Doha en décembre 2023. Vingt-cinq pays d’Afrique sont en situation de surendettement ou présentent un risque élevé de surendettement… Une approche multilatérale exige que nous comprenions la structure de la dette elle-même. »
L’architecture financière mondiale devrait être plus réactive, inclusive, responsable et repensée pour soutenir le développement accéléré du monde, en particulier celui de l’Afrique

Le président de la BAD, Akinwumi A. Adesina, souligne l’urgence de repenser l’architecture financière mondiale pour soutenir le développement accéléré de l’Afrique. Il appelle à une répartition plus équitable des ressources financières internationales, notamment en matière de financement climatique, crucial pour aider l’Afrique à s’adapter aux changements climatiques qui lui sont particulièrement préjudiciables. “L’architecture financière mondiale devrait être plus réactive, inclusive, responsable et repensée pour soutenir le développement accéléré du monde, en particulier celui de l’Afrique”. Dans son fonctionnement actuel, elle entrave, dénonce-t-il, le développement de l’Afrique à plus d’un titre.
Le monde n’est pas confronté à une crise des ressources, mais à une crise du partage
Les Assemblées de Nairobi devraient être ainsi le point de départ pour le continent d’exiger davantage de justice. Comme le dit la sous-secrétaire générale des Nations unies, Amina J. Mohammed : “Le monde n’est pas confronté à une crise des ressources, mais à une crise du partage”.
Les Assemblées annuelles de Nairobi seront également l’occasion de mettre en lumière les succès et les projets de développement en Afrique. Depuis sa création en 1964, la Banque africaine de développement accompagne la marche des pays africains sur le chemin du développement. Chaque année, l’institution soutient les États à revenu intermédiaire comme les États fragiles du continent dans leurs efforts pour mieux gérer leurs ressources et améliorer le quotidien de leurs populations.
Plus de 5 000 projets soutenus en 60 ans d’existence

En juillet 2003, les plus grandes agences de notation du monde, octroient à la Banque africaine de développement la note de crédit la plus élevée possible, « AAA ». Une performance financière historique qui n’a pas faibli au cours des deux dernières décennies. En 2015, le lancement des cinq grandes priorités opérationnelles de la Banque, appelées les « High 5 », renforce son action en matière de développement de l’Afrique et fait la différence dans la vie de millions d’Africains. En effet, outre la croissance inclusive et la transition vers une croissance verte, la Banque concentre ses actions dans le développement des infrastructures, l’intégration économique régionale, le développement du secteur privé, le renforcement de la gouvernance et la responsabilisation et l’accès aux technologies.
Le partenariat entre la BAD, qui a soutenu plus de 5 000 projets en 60 ans d’existence, et les pays africains a permis de réaliser des avancées significatives, telles que le pont Sénégambie sur le fleuve Gambie, attendu depuis plus de 40 ans, financé en partenariat avec le Sénégal et la Gambie.
Changer la donne de l’architecture financière mondiale
Le Groupe de la Banque africaine de développement a permis aux pays du continent de suivre à son rythme le cycle de développement imprimé par les pays industrialisés. Dans l’objectif d’atteindre des résultats, l’institution met tout son poids dans la balance pour réformer l’architecture financière internationale en vue d’un meilleur accès aux ressources.
C’est le sens de l’appel du président du Groupe de la Banque africaine de développement, Akinwumi Adesina, en septembre 2023 lors d’une table ronde de haut niveau à la 78e Assemblée générale des Nations unies. Il a ainsi déclaré que les ressources fournies par le système financier actuel n’étaient pas suffisantes pour permettre à l’Afrique de réaliser ses priorités de croissance et de développement. M. Adesina a précisé que l’Afrique était confrontée à un déficit de financement de 1 200 milliards de dollars américains à l’horizon 2030 pour financer ses objectifs de développement durable. Aussi, l’architecture financière mondiale pénalise les pays qui ont le plus besoin de ressources au profit des nations les plus riches.
Sur 650 milliards de dollars de droits de tirage spéciaux émis par le Fonds monétaire international, l’Afrique n’a reçu que 33 milliards de dollars, soit 4,5 % du total, a ajouté le président du Groupe de la Banque. Alors que le montant total des mesures budgétaires prises pour lutter contre la pandémie de Covid-19 a atteint 17 000 milliards de dollars, l’Afrique n’a reçu que 89 milliards de dollars, soit 0,5 % de la valeur mondiale.
“Mais que peut réaliser un continent si vaste, aux besoins aussi énormes, avec 0,5 % et 4,5 % de ressources mobilisées ? Alors qu’il croule sous le poids de la dette, dont la restructuration est complexe à réaliser en raison de l’architecture financière actuelle, il est nécessaire que la donne change.”
Des solutions existent, et le président Adesina en a proposé une ébauche : simplification de l’architecture mondiale du financement climatique, déploiement d’instruments d’atténuation des risques à travers les banques multilatérales de développement, amélioration de leur capital, émission de capital hybride pour porter la capacité de prêt de la Banque pour les projets climatiques et sociaux à 21 milliards de dollars, canalisation d’une plus grande partie des droits de tirage spéciaux du Fonds monétaire international (FMI) vers ces banques. Autant de pistes à promouvoir.
Les Assemblées annuelles 2024 du Groupe de la Banque africaine de développement, qui auront lieu en mai prochain à Nairobi, serviront certainement de porte-voix dans l’exploration de ces propositions car, tout compte fait, parvenir à un équilibre dans la redistribution des ressources de l’architecture financière mondiale permettra aux pays africains d’accélérer leur transformation.
« Aujourd’hui, l’Afrique a un encours de dette de 640 milliards de dollars et paie près de 70 milliards de dollars d’intérêts chaque année. Ce ne serait que justice pour nous de disposer d’un mécanisme de financement qui nous traite sur un pied d’égalité ». L’appel du président kenyan William Ruto, lors de la 5e réunion semestrielle de coordination de l’Union africaine en juillet 2023 à Nairobi, était sans équivoque : l’architecture financière mondiale doit être réformée pour que l’Afrique ne soit plus le parent pauvre du monde.
Le Kenya, un champion de l’adaptation au changement climatique

Le Kenya, pays hôte de la rencontre, illustre également l’engagement de l’Afrique en faveur du développement durable. Avec un investissement croissant dans les énergies renouvelables, le pays est devenu un champion de l’adaptation au changement climatique. Les projets d’énergie géothermique et éolienne, soutenus par la BAD, contribuent à renforcer la sécurité énergétique du pays et à réduire son empreinte carbone.

Des sujets à l’ordre du jour de ces prochaines Assemblées annuelles de la BAD qui promet d’être une plateforme pour discuter des enjeux de développement en Afrique et pour plaider en faveur d’une réforme de l’architecture financière mondiale.
Pour en savoir plus : Groupe de la Banque africaine de développement – Assemblées annuelles 2024