Le directeur du Centre pour le développement durable de l’université de Columbia analysait le rapport de la Banque africaine de développement (BAD), intitulé « Performances et perspectives de l’Afrique 2023 » lors du dernier Sommet de l’Union africaine (UA).
Par Bernard Bangda
En marge du Sommet de l’Union africaine (UA) qui s’est déroulé à Addis-Abeba du 15 au 19 février 2023, la BAD a présenté aux chefs d’État et de gouvernement, « Performances et perspectives de l’Afrique 2023 », son document de prévision des évolutions économiques du continent qui parait deux fois par an. Occasion pour l’économiste américain Jeffrey Sachs de déclarer, après analyse, que « l’Afrique a la capacité d’atteindre une croissance annuelle de 7 à 10 % ».
« Le principal atout du continent est sa population sur laquelle l’Afrique peut s’appuyer pour développer un marché unique robuste, à l’exemple de la Chine et l’Inde »
Pour le directeur du Centre pour le développement durable de l’université de Columbia, aux États-Unis, le principal atout du continent est sa population sur laquelle l’Afrique peut s’appuyer pour développer un marché unique robuste, à l’exemple de la Chine et l’Inde. Et pour cause, précise Jeffrey Sachs, « L’Afrique est le continent qui a le plus grand potentiel de croissance ». En conséquence, « la création d’un marché unique permet à l’Afrique de se positionner parmi les trois plus grands marchés mondiaux ». Il invite alors les chefs d’Etat et de gouvernement africains à « construire des infrastructures régionales vitales et de combler les lacunes en matière d’infrastructures au cours des prochaines décennies ».
L’économiste américain les a par ailleurs exhortés à faciliter l’accès aux soins de santé et à l’éducation dans leurs pays en adoptant des politiques de prix abordable. En indiquant que « la BAD est un instrument essentiel que les dirigeants africains devraient solliciter pour des financements à même de positionner définitivement le continent sur la voie de la croissance durable ».
L’UA doit faire partie du G-21
« Le G-20, un pilier du multilatéralisme, le meilleur d’entre les nombreux forums de haut niveau que dispose le monde, écarte 96 % de la population africaine (l’Afrique du Sud en est membre, ndlr). Pour corriger cela, cette entité doit intégrer dans ses rangs l’UA»
Tous ces atouts, et bien d’autres, font dire à Jeffrey Sachs que « l’UA doit devenir un membre permanent du G-21 ». Et ce n’est pas la première fois que l’Américain tient ce discours. En effet, dans une chronique publiée en août 2021 sur le site www.project-syndicate.org et intitulée « La nécessité d’un G-21 », il déclarait que « le G-20 est un pilier du multilatéralisme, le meilleur d’entre les nombreux forums de haut niveau que dispose le monde, mais il écarte 96 % de la population africaine (l’Afrique du Sud en est membre, ndlr). Pour corriger cela, cette entité doit intégrer dans ses rangs l’UA ».
« Avec ses 55 États, soit plus d’un quart des membres de l’ONU, l’UA abrite 1,4 milliard d’habitants (17,5 % de la population mondiale) et représente 2 600 milliards de dollars US de production annuelle aux taux de change du marché (presque 3 % du PIB mondial) », précisait-il. « Avec l’intégration de l’UA, on assisterait à une augmentation importante de la représentation, l’ajout d’un seul siège avec seulement dix minutes de plus aux discussions de tour de table. Par ailleurs, elle renforcerait la coordination des politiques et la cohérence des 55 économies africaines », conclut l’universitaire.
Pour rappel, dans son rapport « Performances et perspectives de l’Afrique 2023 », la BAD note qu’« après deux années de chocs mondiaux et un ralentissement de la croissance de l’Afrique à 3,8 % en 2022, les économies africaines sont prêtes à retrouver la voie de la reprise économique, de la stabilité et de la croissance ».